Bhûmispashamudrâ
Le geste de la prise de la terre à témoin
Le geste de la prise de la terre à témoin a connu une grande fortune dans l’iconographie du bouddhisme ésotérique de l’Inde et du monde himalayen. Il est aussi très présent dans la sculpture de la Thaïlande et de la Birmanie où le Bouddha fut souvent représenté paré et couronné. Assis en posture de méditation, le Bouddha sort de sa méditation et déplace son bras droit vers son genou pour toucher la terre de l’extrémité de ses doigts. Ce geste rappelle un moment précis, durant lequel, juste avant de parvenir à l’Eveil, Shakyâmuni fut défié par Mâra, le seigneur de la mort et du désir. Dans la crainte de voir son pouvoir mis à mal, ce dernier dépêcha ses armées redoutables et ses filles voluptueuses auprès du solitaire en méditation. Ces assauts restés vains, Mâra demanda au méditant d’apporter la preuve de ses mérites passés. Ni effrayé, ni ému, ce dernier toucha calmement le sol de sa main droite et demanda à Sthâvarâ (ou Prithvî) , la déesse terre, de témoigner des actes méritoires accumulés et des dons prodigués au bénéfice de tous les êtres vivants. La déesse témoigna, scellant ainsi la défaite de Mâra.
« Aussitôt que cette grande Terre fut touchée par le Bodhisattva, elle trembla de six manières : trembla, trembla fortement de tous les côtés ; résonna, résonna fortement de tous les côtés (…) La grande déesse de la terre, nommée Sthâvarâ, ayant montré de son corps paré de tous ses ornements, le corps incliné, les mains jointes parla ainsi : il en est bien Grand homme, il en est bien comme il a été déclaré par toi ! Nous voici apparue pour l’attester. De plus, Bienheureux, toi-même es devenu le témoin suprême du monde qui comprend aussi les dieux. » Lalitavistara XXI
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