DES MOINES S’ENGAGENT A RESTAURER L’ART BOUDDHISTE [[Traduit de l’Anglais par Hélène LE, pour www.buddhachannel.tv ]]
Après huit ans, L’Unesco décide d’arrêter le financement de projets multinationaux.
Wang Noi, Ayutthaya – 26 novembre 2007
Les projets de l’Unesco liés au Bouddhisme en Asie sont confrontés à des incertitudes d’ordre financier.
Après huit années d’assistance de l’Unesco et du Ministère Norvégien des Affaires Etrangères, les métiers et rituels bouddhistes fleurissent dans près d’une dizaine de sites en projet, s’étendant de la Mongolie au Cambodge et à la Thaïlande, du Sri Lanka au Népal.
Avec l’assèchement financier et les trois derniers jours d’atelier à Ayutthaya qui se sont terminés vendredi, des groupes impliqués dans les projets sont maintenant en quête de nouveaux moyens de subsistance, mais il se pourrait qu’ils ne partagent pas la même stratégie ou encore, que certains ne soient pas encore prêts.
Ceux de Kandy, au Sri Lanka, par exemple, affirment être prêts à rechercher des financements locaux et ont exprimé leur confiance en un maintien du projet même sans soutien extérieur.
Le groupe Tai de Xishuangbanna de la province du Yunnan en Chine du Sud, s’attache toutefois à penser qu’il est essentiel d’obtenir une aide extérieure.
« Le problème dans le future consistera à assurer des fonds dédiés à la préservation des oeuvres et à la restauration des arts bouddhistes. Nous sommes comme un patient dépourvu de l’argent qui lui achètera ses médicaments », a déclaré un représentant de Xishuangbanna au projet en évaluation d’un atelier sur « La Survivance et la Renaissance culturelle dans la Sangha Bouddhiste ».
Un participant laotien a exprimé le même sentiment, mais le conseiller régional de l’Unesco pour la Culture en Asie Pacifique a vite accéléré l’inévitable – cet argent reversé via l’Unesco n’était pas sensé « durer éternellement » et nourrir un tel espoir était « irréaliste ».
Des réalisations tangibles et intangibles ont cependant déjà été menées à bien au fil des années.
En Mongolie, la renaissance de l’art décoratif bouddhiste et de l’artisanat telles la sculpture sur bois et les céramiques sont remarquables, surtout que des années 1920 aux années 1990, la plupart des temples avaient été abandonnés, si ce n’est détruits, pour des raisons politiques, ne laissant qu’une poignée de vieux moines.
« Cette formation est nouvelle pour la Mongolie », explique le vénérable Lama Khishigt Davaa, à la tête de la fondation Dambadarjaalin.
Au temple de Rajbo dans la province cambodgienne de Siem Reap, le projet a aidé des moines à restaurer des peintures murales, des peintures réalisées au pochoirs en feuilles d’or et des sculptures sur bois.
Au Ladakh, au Nord de l’Inde, le déclin du nombre de moines bouddhistes et l’introduction du coût additionnel des nouvelles technologies ont signifié la disparition des sculptures sur bois, jusqu’à la présentation du projet.
Quant à la province de Nan, au Nord de la Thaïlande, le projet a insufflé une nouvelle vie dans les arts bouddhistes vernaculaires, comme l’art de la laque ou le recouvrement de feuilles d’or. Mais par prudence, les personnes impliquées dans le projet thaïlandais ne tirent aucunes conclusions hâtives.
« Nous ne pouvons pas encore dire qu’il s’agisse d’une réussite. C’est un peu trop tôt », déclare M. Rujaya Abhakorn, le mentor du projet pour la Thaïlande. « Je pense que la mesure du succès est la [reconnaissance] de la valeur de l’héritage par le public en général ».
Rujaya aborde les sujets de la subsistance et l’authenticité. Alors qu’il est bon de restaurer des planches d’imprimerie bouddhistes en bois dans beaucoup de régions, de telles imprimeries sont archaïques dans un monde moderne où les gens « parlent d’e-bouquins ».
Utiliser ces connaissances afin de fabriquer des souvenirs pour touristes fera sans doute recette, mais cela pourra aussi falsifier l’authenticité de la culture, ajoute-t-il.
Lama Kunga Hochotsang du Sikkim, en Inde acquiesce.
« Nous devons créer la conscience de l’authenticité » dit-il.
Les peintures de Thunga vendues aux touristes ne sont pas utilisables dans les temples, précise t-il.
D’autres, tout comme le Prof. Phra Sudhivorayan, député recteur des affaires étrangères à l’Université Mahachulalongkorn Rajavidyalaya à Ayutthaya, affirment que la bonne voie consiste à adopter le tourisme et le marketing et de mettre au point une stratégie triangulaire, avec la préservation des arts bouddhistes. Un autre participant note qu’une alliance avec les industries modernes comme le tourisme, dans le but de produire « des objets de mercantibilité économique » pourrait être une option.
Mais alors que le débat continue, ponctué de solutions diverses apportées par des groupes non moins divers, l’atelier admet que l’établissement d’un réseau de contacts parmi les moines de nations et traditions diverses, ainsi que l’échange du savoir-faire doivent continuer.
« Nous avons beaucoup à apprendre du Bouddhisme Theravada, comme l’adoption des robes simples. Mais les moines du Bouddhisme Theravada peuvent aussi apprendre en matière de végétarisme », admet Rimpoche Choekyi Gyaltsen Minyag du monastère Guwa au Sichuan, en Chine.
» Il s’agit pour nous, d’une bonne opportunité d’en apprendre les uns sur les autres ».
Pravit Rojanaphruk
Source: The Nation