Cette sculpture du Buddha assis en méditation (samâdhi) sur le nâga Mucilinda représente, selon l’une des interprétations possibles, un épisode de la vie de Sakyamuni. Celui-ci, perdu dans sa méditation, allait être englouti par les eaux d’un lac Mucilinda, habitant ces eaux, le protégea alors en déployant ses multiples têtes qui apparaissent ici en surplomb de la figure. Assis sur le corps enroulé du serpent, l’Éveillé paraît être intronisé. Par son hiératisme hérité des styles du Xe siècle, ainsi que par sa parure abondante, cette statue est caractéristique du style d’Angkor Vat. Le visage large s’inscrit dans un carré il présente une morphologie artificielle et un modelé stylisé le masque est traversé par la ligne des arcades sourcilières continue et tranchante. Cette représentation de Buddha protégé par le nâga, est une image archétypique au Cambodge, qui apparaît -en l’état actuel des connaissances- au début du Xe siècle elle sera par la suite très prisée dans la statuaire angkorienne. Cette représentation revêt de plus une importance particulière au Cambodge où le nâga est lié aux origines de la royauté khmère.
Cette pièce présente des traces de laque éparses, qui relèveraient d’une période plus tardive.
La reprise des styles hiératiques du Xe siècle dans la statuaire se développe sous le règne du roi Sûryavarman II (1113-au moins 1145), conquérant et grand bâtisseur. Sous son mécénat fut édifié le plus beau temple khmer : Angkor Vat. Au début du XIIème siècle, bien que le brahmanisme domine encore, le nombre de représentations bouddhique s’accroît. Ce fait est révélateur de la nouvelle importance que prend le bouddhisme à cette époque, mais ce n’est que durant la seconde moitié du XIIe siècle qu’il deviendra religion d’Etat.
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