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Rétrospective Im Kwon-taek à la Cinémathèque française

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En 1982, personne n’a entendu parler du Sud-Coréen Im Kwon-taek en Occident. Il a pourtant déjà tourné, en vingt ans, plus de soixante-dix films. Heureusement, il y a des explorateurs acharnés des cinématographies inconnues, comme Pierre Rissient, cinéphile et cinéaste : « Après la découverte de A Touch Of Zen, du Hongkongais King Hu, j’avais décidé de sillonner l’Asie, certain qu’il y aurait d’autres pépites à dénicher. En 1977, je passe par Séoul, mais je n’arrive pas à voir de film d’Im Kwon-taek. Sur place, on me dit que c’est un tâcheron, que son oeuvre n’a aucun intérêt. Cinq ans plus tard, grâce à l’attaché audiovisuel français, je vois enfin Deux Moines, que je trouve très intéressant : le voyage physique et initiatique de deux moines bouddhistes. Un cinéaste capable d’un tel film n’a pas pu réaliser que des navets ! »

Nul n’est prophète en son pays

La rétrospective organisée par la Cinémathèque rassemble soixante-dix titres sur les cent deux films que monsieur Im, 79 ans et toujours en activité, a tournés. Elle permettra de voir pour la première fois en France ses oeuvres antérieures aux années 1980 : à l’époque, la politique de quotas en Corée du Sud encourage une production locale abondante et à bas coût. « Je ne connais pas une grande partie de ces films, explique Pierre Rissient, et ils doivent être inégaux. Mais ce que j’ai immédiatement aimé chez Im Kwon-taek, c’est son enracinement dans la culture traditionnelle coréenne, sa proximité avec ses racines. Aujourd’hui, beaucoup de cinéastes intéressants sont déjà plus ou moins contaminés par la globalisation du cinéma. » L’amateur de cinéma américain classique retrouve aussi cette faculté propre aux cinéastes de studios de traverser tous les genres. « Ce serait trop facile de dire qu’Im Kwon-taek est le John Ford coréen, mais oui, il a tourné des films historiques, des polars, des films de guerre, souvent de propagande contre la Corée du Nord, des reconstitutions historiques, etc. C’est dans le drame et le mélodrame qu’il excelle à mes yeux. »

A partir des années 80, l’étau des studios coréens se desserre : Im Kwon-taek peut mettre un peu plus de lui dans son cinéma. Parmi ses meilleurs films, Le Village des brumes (1982), chronique rurale à l’étrange sensualité, Gilsoddeum (1985), récit de retrouvailles impossibles après la partition de la Corée, La Mère porteuse (1987), drame féodal primé à Venise. Au début des années 2000, l’obstination de Pierre Rissient porte ses fruits : en travaillant avec Im Kwon-taek sur le montage de ses films, pour soigner leur accessibilité auprès du public international, le cinéphile passionné conduit successivement jusqu’à la compétition cannoise Le Chant de la fidèle Chunyang (2000), sur le pansori, genre musical traditionnel coréen, puis Ivre de femmes et de peinture (2002), biographie picaresque du peintre du XIXe, Ohwon. « La veille du palmarès, c’était la palme ! Et puis le vent a tourné. » Reparti avec le prix de la mise en scène, ce sera quand même le plus grand succès d’Im Kwon-taek en France.

Infos utiles

Adresse: Cinémathèque française, 51, rue de Bercy, 75012
Tél : 01 71 19 33 33.
Tarifs : 3 – 6,50 €.



Source : Telerama


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