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Des Jouets Éthiques et écolo, C’est possible ?

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Pour éviter les excès d’un marché qui n’a souvent rien de magique, il existe de nombreuses alternatives pour réjouir nos enfants.

Le don de jouets à nos enfants est un rituel qui fait aujourd’hui partie intégrante de notre culture, en particulier à l’occasion des fêtes de fin d’année. La transformation progressive de ces dernières en fêtes commerciales, favorisée par la création de personnages symboliques (Père Noël) déchargeant les enfants du devoir de reconnaissance envers leurs parents, a accompagné la montée en puissance du jouet en tant que produit de grande consommation.

jouet_ethique
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Le jouet est un marché en croissance de 10% par an qui représente 81 % de la production totale des articles pour enfants. Concentré entre les mains de 3 grands producteurs (Hasbro, Mattel et Lego), il représente, en France, 3 milliards d’euros, soit une dépense de 235 euros par enfant et par an.

Au fil des ans la majorité de la fabrication des jouets a été délocalisée en Asie du sud-est et plus particulièrement en Chine (6/10ème des jouets commercialisés en France) qui représente aujourd’hui la moitié de la production mondiale de jouets. En Europe, l’Allemagne arrive en tête de la production de jeux ou de jouets, suivie de l’Italie puis de la France. 2 000 entreprises sont actives sur le marché employant près de 100 000 personnes.

Le marché du jouet aiguise donc bien des appétits et conduit à des pratiques qui ne font pas bon ménage avec les rêves qu’il est censé véhiculer. En effet, pour briller au pays du jouet, tous les excès sociaux, environnementaux et marketing sont permis.

Le jouet met sous pressions : sociales, environnementales et marketing

Pression sociales : des travailleurs forcés

Si la sécurité des jouets est encadrée par la législation européenne et française, il en va tout autrement du volet social des conditions de fabrication. La cascade de sous-traitances rend le contrôle des conditions de travail très difficile et permet aux industriels européens de se décharger de leurs responsabilités en ce domaine.

La saisonnalité du secteur (60% des achats en fin d’année) et la gestion des stocks qui en découle pousse à des délais de livraison extrêmement court puisque 75% de la production mondiale de jouet est fabriqué en l’espace de 3 mois. L’étude effectuée en 2004 par l’UFC Que Choisir révèle dans quelles conditions sont produits un grand nombre de jouets. Pour abaisser les coûts de production (qui représentent entre 2,5 à 3,8% du prix final) et s’octroyer de considérables marges les géants du jouet ne connaissant pas de limites : « le résultat de l’enquête est édifiant :

-*« Ces multinationales ne se contentent pas d’exploiter en termes de rémunération, de temps de travail, de sécurité… elles profitent du non-droit. Le jouet, symbole de joie et d’amusement, est produit dans la douleur. »

observe Alain Bazot, président de « Que choisir ».

Une illustration de ces conditions de travail

Plus récemment, fin 2007 et début 2008, à l’occasion de scandales ayant touché des importateurs de jouets chinois, les occidentaux se sont émus des risques encourus par leurs enfants par l’absorption de peintures toxiques. Mais qui s’est ému des risques encourus par ces travailleurs du bout du monde ?

Pressions environnementales : attention déchets et toxiques

Consommés en plus grande quantité, plus souvent renouvelés, d’une durée de vie de plus en plus courte, généralement sur-emballés, les jouets sont souvent fragiles, vite cassés, non réparables et non recyclables… ce qui génère une quantité importante de déchets.

De plus, la composition de nombreux jouets s’avère nocive pour l’environnement à la fabrication, à l’usage et lorsqu’ils sont jetés.

En effet, de nombreux jouets sont faits en PVC (polychlorure de vinyle), un matériau dont l’impact environnemental est très important comparé aux autres types de plastiques. Composé de chlore, d’hydrocarbure et de phtalates, composant perturbateur endocrinien, sa combustion dégage des dioxines et des métaux lourds. Une directive européenne de 2005 et effective depuis 2007, interdit dans tous les jouets et articles de puériculture trois phtalates – à savoir le DEHP, le DBP et le BBP – classés comme « toxiques pour la reproduction », et dans tous les jouets susceptibles d’être mis à la bouche par les enfants trois autres phtalates « suspects » – dont les noms de code sont le DINP, le DIDP et le DNOP.

Les peintures, vernis et colles présents dans de nombreux jouets peuvent contenir des métaux lourds et sont potentiellement des sources d’émissions de formaldéhyde, un produit désormais reconnu cancérigène.

De nombreux jouets fonctionnent avec piles et celles-ci sont encore trop souvent jetées à la poubelle ou dans la nature, rejetant les métaux lourds qu’elles contiennent.

Pressions marketing : agressions publicitaires

Article de mode à forte implication affective, il fait l’objet de pressions marketing intenses sur les enfants mais aussi sur les parents pour susciter un désir d’achat à renouveler sans cesse. L’usage de valeurs affectives liées à l’enfance ou de procédés, tel que le marketing viral qui instrumentalise les enfants soulèvent de nombreuses questions éthiques.

Chaque année, l’industrie du jouet consacre ainsi 7,15 € de dépenses publicitaires par enfant (0-14 ans), soit un total de 450 millions d’euros pour l’Union européenne.

Le marché des jouets et Noël en particulier, s’inscrit ainsi davantage d’année en année dans une logique de sur-consommation qui génère une « maltraitance » publicitaire qui affecte les enfants dans leur appréhension et leur représentation du monde.

En Europe, plusieurs pays ont choisi de limiter la publicité à destination des enfants, au premier rang desquels la Suède qui interdit les spots publicitaires pendant les plages horaires réservées aux enfants. En effet des études ont prouvé qu’avant 8-10 ans l’enfant est incapable de distinguer un message commercial d’un autre programme. La France ne fait, hélas, pas partie de ces pays et a préféré laisser le soin à l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité) d’énoncer des règles déontologiques qui peuvent laisser rêveurs, ainsi par exemple : « La publicité s’adressant aux enfants ne doit pas susciter un sentiment d’urgence d’achat ou suggérer que cet achat possède un caractère indispensable »… !

Jouer sans blesser :

des jouets eco-conçus, respectueux des travailleurs et… des enfants

Il existe une offre variée et croissante de jouets pour enfants et bébés qui respectent l’environnement comme les droits sociaux tout en étant adaptés aux enfants. Il existe par ailleurs des alternatives à l’achat.

Des jouets eco-conçus

Ce sont des jouets fabriqués avec des matériaux naturels, nobles et renouvelables : bois issus de forêts gérées durablement, coton biologique, laine naturelle, carton ou papier recyclés, produits de finition naturels à base d’huile de lin ou de cire d’abeille.

Les jouets fabriqués avec ces matériaux sont sains pour l’environnement comme pour les enfants qui les manipulent et sont souvent très esthétiques !

Pour vous y retrouver, plusieurs labels ou signes distinctifs peuvent être retenus : FSC ou PEFC pour le bois, oko test, confiance textile, imprim vert, ecolabel européen … Concernant la sécurité, choisissez les jouets portant la mention « CE » et, sur l’emballage, la mention « Norme européenne EN 71 de sécurité ». Cela veut dire que ces produits satisfont à la réglementation relative à la sécurité des jouets qui fixe les exigences chimiques, physiques et mécaniques à respecter par le fabricant.

Sachez aussi que certains fabricants de jouets en plastique, comme Playmobil ou Légo ont banni le PVC depuis plusieurs décennies. Dans tous les cas, posez la question lors de vos achats (notamment de poupées, jeux de plage et autres canards de bain) et vérifiez la présence de la mention « sans PVC ».

Evitez dans la mesure du possible les jouets fonctionnant avec des piles. Si malgré tout vous choisissez un tel jeux, vérifiez qu’il est possible de remplacer les piles jetables par des piles rechargeables.

Evitez les jouets suremballés. Les emballages ont une très courte durée de vie. Dès le retour à la maison ou une fois le jouet offert, des emballages souvent volumineux encombrent les poubelles.

Des jouets équitables, solidaires ou fabriqués localement

Pour être sure d’acquérir des jouets qui ont été fabriqués dans le respect des droits humains, on peut s’orienter vers des marques dont la fabrication est française ou européenne ou vers celles qui garantissent le respect des règles du commerce équitable.

Attention, porter une marque européenne ne signifie pas pour autant avoir été produit en Europe…Il faut donc vérifier le lieu de fabrication, parfois aisément identifiable par un pictogramme.

Limiter la quantité et favoriser la qualité

Privilégiez un jouet solide, lavable et réparable pour durer longtemps, être exploré, malmené, partagé puis transmis. Ainsi on peut acheter un beau jouet de qualité (en se mettant à plusieurs à l’occasion) plutôt que plusieurs gadgets.

Par ailleurs plus un jouet sera adapté à l’enfant, plus il sera utilisé. Aujourd’hui les jouets sont davantage fabriqués sous l’effet de modes qu’en tenant compte des besoins de l’enfant. Or, le jeu étant le moteur de développement d’un enfant, le jouet est, pour l’enfant, un outil d’expression, d’apprentissage, de développement de la motricité, des sens, du langage et de la créativité, de décryptage du monde adulte. Ainsi, pour permettre l’éveil de l’enfant, il faut laisser le champ libre à son imagination, lui permettre de transformer en jouets les objets de son environnement, donc ne pas le saturer aussi bien en quantité de jouets, qu’en sophistication.

Le jeu est aussi un bon moyen de promouvoir des valeurs telles que la coopération, le goût de l’esthétique, le respect de l’autre, l’acceptation de la différence et refuser la compétition, la violence, la reproduction des rôles sociaux et sexués.

Les alternatives à l’achat : louez, troquez, fabriquer, réutilisez

Par l’intermédiaire de ludothèque ou plus directement entre copains, les jeux peuvent se partager, se louer ou s’échanger. Cela permet d’éviter des achats inutiles en donnant la possibilité d’essayer des jeux avant de les acquérir et favorise l’échange et le partage entre les enfants.

On peut également fabriquer, réutiliser, détourner et ainsi créer des objets uniques et personnalisés dans lesquels l’implication personnelle sera beaucoup plus forte.

On peut enfin et surtout consacrer du temps pour jouer avec ses enfants …ce qui sera sans aucun doute le plus beau cadeau à leur faire !

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le petit guide édité par le WECF (Women in Europe for a Common Future).

Source www.eco-sapiens.com




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