7h37. Début de la journée d’un employé modèle.
Comme chaque lundi, il démarre sa voiture, alimentée au GPL (gaz naturel véhicule).
Il va chercher deux de ses collègues de travail. Il est bien heureux de pouvoir bénéficier d’un crédit d’impôt pour son carburant vert (maximum 3000€). Quant aux contraintes matinales du carpool (covoiturage) il n’en voit aucune. Des experts auraient déjà mesuré une hausse vertigineuse de la bonne humeur productive chez les covoiturés.
Il conduit sans excès, en douceur, parce qu’il ne voudrait pas se risquer à une hausse superflue de consommation. Il n’est pas pingre, mais délicat. Il a compris que son action personnelle pouvait, élevée au rang d’exemple, déclencher une routine positive chez d’autres.
8h30. Il prend l’escalier, pour l’exercice, scande un « bonjour » tonitruant et ouvre la porte de son bureau.
Il allume sa LBC (lampe de basse consommation) toujours en vie, contrairement au système de son voisin qui a déjà changé 10 ampoules à incandescence. Il lui a pourtant répété cinquante fois que sa LBC consommait 5 fois moins d’électricité. Sans parler de l’halogène-boulimique dans la salle de réunion : à lui tout seul, il dévore 20 fois plus d’électricité qu’une LBC… Il se promet de lui en reparler.
Le temps de mettre en marche son ordinateur -qu’il n’avait pas laissé en veille inutilement – il se dirige vers la cuisine et salue ses coéquipiers spécialistes en caféine. Clic. Il rallume sa LBC et se met au travail.
Comme toujours, il effleure l’option recto-verso de la photocopieuse, pour économiser le papier.
Son repas, équilibré et convivial lui promet une activité productive et efficace.
De retour au poste, il flaire le réchauffement climatique. Quelle chaleur ! Il vérifie la température. Il faudrait vraiment penser au thermostat d’ambiance. Sa constance de fait résoudrait les éternels litiges entre frileux et sangs chauds, et allègerait les impôts de 25 à 40 % (loi du 1er janvier 2006).
L’aiguille condamne les actifs à l’exil temporaire. Comme tous les lundi soirs, il raccompagne ses compagnons de route. Même les bouchons passent sous silence, tant l’humeur est à la détente dans la voiture collective. Demain et mercredi les rôles changent. C’est une autre voiture qui viendra le chercher.
La journée n’est pas terminée ! Passée la porte d’entrée, l’employé modèle se change en super-parent.
Au dîner, il écoute, dans un temps de parole démocratiquement limité, les « BAE » (Bonnes Actions pour l’Environnement) de chacun.
Le petit dernier brandit fièrement son cahier écolabellisé : sa dictée à l’encre du stylo à plume rechargeable a été sanctionnée d’un 10/10 bien mérité.
L’aîné de 14 ans, lui, s’excuse de son retard. Le Conseil municipal des enfants de l’ANACEJ (Association nationale des Conseils d’enfants et de jeunes relatifs aux projets pédagogiques sur l’environnement) s’est engagé, à sa demande, pour la promotion des gourdes et boîtes-à-goûter durables. Objectif : réduire le nombre de déchets à l’école. Gratifié d’un « Tu agis pour le compte commun, c’est très bien », il s’endormira, pollué de bien-être.
Par Magali Lacroze pour www.buddhachannel.tv
