Accueil Espace Bouddhiste Art Sacré Acropolis n°208 — Le mandala, chemin vers la lumière

Acropolis n°208 — Le mandala, chemin vers la lumière

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Selon l’histoire de la Création présentée dans un texte canonique bouddhiste, à l’origine, l’être humain était doté d’une nature lumineuse – semblable à celle d’une déité -, qu’il perdit au moment où il commença à manger de la nourriture solide.

Le retour à la lumière

La nostalgie et le besoin de retourner à l’origine inspirent de nombreuses pratiques spirituelles. Pour le bouddhisme, ce sera le retour vers la Claire Lumière ou Adi Bouddha. Cela se fait à travers un chemin ascensionnel qui part du corps, traverse les vents de la parole et remonte jusqu’à la substance transparente de l’esprit. Ce chemin balisé se réalise avec l’aide indispensable d’un maître expérimenté et par imitation d’une série de modèles qui expriment les facettes en arc-en-ciel de la Claire Lumière Une.

Une remontée par étapes

La remontée est donc une ascèse avec des étapes précises. Pour parvenir à la pratique du yoga de la déité, la visualisation de l’état de bouddha, c’est-à-dire de la lumière de l’éveil, de la sagesse et de l’illumination qui siège au cœur de chaque être, le disciple doit d’abord accumuler des mérites, apprendre les enseignements essentiels et participer à un certain nombre d’initiations. La méditation l’amènera à «faire comme si», donc à s’identifier à la déité qui incarne la facette de la vertu en résonance avec sa nature profonde.
Pour accomplir ce parcours, il s’aidera d’une figure ou d’une construction géométrique précise, support de sa visualisation et image à la fois du monde et de son propre corps : le mandala.

Image du cosmos et de l’homme

acropolis-mandala2.jpgSelon la définition de Martin Brauen [[Mandala, cercle sacré du bouddhisme tibétain, Ed. Favre, 2004]] un mandala est un diagramme rigoureusement symétrique divisé la plupart du temps en quatre secteurs égaux composés de cercles concentriques et de carrés, dont le centre coïncide avec le point central du cercle. La forme géométrique de base se compose de cercles concentriques qui entourent une zone carrée. Le carré central est coupé par ses diagonales qui déterminent quatre triangles identiques convergeant vers le centre, qui est à la fois centre et sommet. Les côtés sont orientés selon les quatre points cardinaux avec leurs couleurs respectives. Chacun des quatre côtés extérieurs du carré est interrompu au centre par une figure en forme de T : la «porte d’entrée». Le carré du mandala est un édifice représentant en général le palais des déités.

La notion de mandala s’applique autant à l’ensemble du cosmos qu’à l’être humain qui peut aussi être considéré comme un mandala, puisque en lui se retrouve l’image de l’univers tout entier sur les trois plans : corporel, du souffle et de l’esprit.

Image du monde

Dans le rite de l’offrande du «mandala des grains», le disciple présente le cosmos en offrande. Après s’être placé sous la protection du maître spirituel et des Trois Joyaux (le Bouddha, l’enseignement et la communauté monastique) et après avoir exprimé le vœu spirituel d’atteindre le Bodhichitta (l’esprit d’éveil) pour le salut de tous les êtres, il parcourt toutes les parties du monde avec des grains de céréales. Ce rituel ne permet pas uniquement de cumuler des mérites ; cela sert également à confirmer l’analogie profonde qui existe entre l’univers et l’homme. La peau dorée du Bouddha correspond à la base de l’univers. Le haut du corps symbolise la montagne du monde, Meru. Les jambes et les bras représentent les quatre continents. La tête tient lieu de siège des déités résidant dans le mont Meru ; quant aux yeux, ils représentent le Soleil et la Lune. Ainsi, le corps entier forme le cosmos et en même temps un mandala intérieur qui, transformé en une terre pure de Bouddha, sera également offert au gourou ainsi qu’aux Trois Joyaux, condition essentielle pour une pratique réussie des rituels tantriques.

La totalité de la réalité

Les cinq Bouddhas expriment la totalité de la réalité, se manifestant autant dans les émotions qui emprisonnent l’être dans le Samsara (roue des renaissances) qu’à travers les cinq Connaissances ou Sagesses (Jnana) qui l’en délivrent. Les quatre premières Sagesses correspondent aux Bouddhas des points cardinaux, disposés en croix autour du centre qui est leur synthèse.

Devenir victorieux

Le cœur du mandala comporte l’image de l’Un, la Claire Lumière d’où jaillissent les émanations ou quatre principaux courants de «sagesse-énergie» qui animent et organisent toutes les directions de l’espace.
Au centre du mandala, réside Vairochana. De couleur bleu nuit, il incarne dans le monde illusoire l’ignorance (avidya), cause du cycle des naissances, mais aussi la «Sagesse de l’Ultime Réalité». Son symbole est la roue du dharma [[Loi sacrée, canon bouddhique]]. Sur la face est se trouve Akshobya, de couleur blanche, dont le symbole est la foudre diamant (vajra). Son énergie négative est la colère qui se transmute en «Sagesse semblable au miroir». Sur la face sud est représenté Ratnasambhava, de couleur jaune, dont le symbole est le triple joyau qui exauce les désirs (ratna). Il incarne l’orgueil en même temps que son antidote, la  «Sagesse de l’équanimité». Sur la face ouest apparaît Amitabha, au symbole du lotus (padma). Avec sa couleur rouge, il symbolise la passion, que la «Sagesse discriminante» peut transmuter. Sur la face nord se trouve Amoghasiddhi, de couleur verte, au symbole de la double foudre (karma). Il transmute l’émotion de la jalousie par la «Sagesse de l’Action accomplissant tout».

Atteindre l’état de bouddha

Dans le mandala apparaît toujours la dualité : lumière-ombre», positif-négatif, le schéma idéal et la manifestation objective. Assumer la dualité permet de se libérer de ses contradictions, car l’ombre reflète les caractéristiques de la lumière. D’abord par opposition, on identifie ce dont il faut se détacher et ensuite par analogie, en faisant «comme si», le disciple progresse dans l’incarnation de la sagesse qui est l’éveil de sa propre graine de bouddha. L’objectif du bouddhisme tantrique est de s’identifier à la nature de la lumière et d’éliminer toutes les conséquences accumulées par les actions passées pour atteindre l’état de bouddha.

Retrouver l’union

Dans le rituel du Kalachakra, la déité qui évoque la totalité de l’univers et de l’homme se trouve en union «père-mère» avec sa parèdre. Cette image symbolise l’union mystique entre le principe masculin actif, qui est la félicité ou la compassion, représentée par la foudre (vajra) et le principe féminin réceptif, la sagesse de la vacuité, représentée par la cloche (dorge). Lorsque l’éveil est atteint, la conscience devient comme le diamant solide, incassable, mais également clair et transparent, en union profonde avec la nature de l’esprit qui est la vacuité du Un primordial.

Tel est le but de cette démarche initiatique, accomplie dans l’intention de transmettre à son tour la lumière de la libération de l’ignorance à tous les êtres pour qu’ils réalisent à leur tour leur nature de bouddha.

Laura Winckler

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À lire

Fernand Schwarz, Le Bardo Thödol, livre des morts tibétains, Editions Nouvelle Acropole, 2002

Fernand Schwarz, Concentration et Éveil intérieur selon le bouddhisme tibétain, éditions Nouvelle Acropole, 2007

Laura Winckler, Vie et enseignements du Bouddha, Editions Nouvelle Acropole, 2005

Revue Acropolis n°208

Pour tout renseignements : info@nouvelle-acropole.fr

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