12.12.2010
D’inspiration gréco-boudhique, les sculptures asiatiques du début des premiers siècles de notre ère sont particulièrement recherchées. Les prix ne cessent de grimper. Attention toutefois aux pièces de contrebande.
Le Gandhara est un ancien royaume recouvrant une vaste région entre l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde, très actif entre le début du millénaire et le XIème siècle, ayant subi les influences des civilisations héllenistique avec l’invasion d’Alexandre le Grand, indienne, perse, chinoise. Situé aux confins de routes commerciales importantes, son rayonnement a été dominant: il est surtout marqué par la naissance du bouddhisme du Mahayana ou Grand Véhicule, une doctrine stricte qui s’est rapidement répandue notamment jusqu’au Tibet où elle demeure le fondement de la culture locale.
Les arts du Gandhara se caractérisent par un foisement de sculptures taillées notamment dans un grès rose, un schiste gris un calcaire crème, avec comme thème majeur, d’importantes scènes de la vie de Bouddha, celui-ci souvent représenté sous un aspect occidentalisé, visage ovale, nez classique, cheveux en chignon, moustache frisée et yeux ouverts dans un décorum d’inspiration indienne. Ces objets font l’objet de convoitises chez de nombreux collectionneurs et musées, les pièces importantes pouvant atteindre des prix élevés, plus de 125.000 euros par exemple pour un Bouddha auréolé, debout sur une stèle du 2ème siècle.
Comme nombre de sites archéologiques se trouvent dans des régions actuellement « à risque » et que nombre de fouilles sont interrompues à cause de la guerre comme en Afghanistan ou comme près de Peshawar au Pakistan à la suite d’inondations, un trafic d’antiquités est en plein développement et cherche à s’immiscer insidieusement dans un marché de l’art pas toujours des plus scrupuleux. L’acheteur doit donc s’entourer de toutes les indispensables précautions s’il ne veut voir son acquisition être saisie en complément d’une très forte amende.
Très courantes en France, les ventes dédiées à l’art asiatique comprennent rarement des œuvres Gandhara. La vacation organisée le 22 décembre à Drouot par la SVV Neret-Tessier est surtout faite, elle aussi, de bouddhas dorés tibétains, d’estampes japonaises, de porcelaines chinoises. Elle débute cependant par une dizaine de sculptures Ganhara entre le Ier et le Vème siècle, dont un fragment de corniche de stupa à décor de danseurs (estimation 2.500 euros), un bas-relief figurant deux scènes de la vie de Bouddha (4.500 euros), un bas-relief à trois registres superposés (15.000 euros) ou une tête ascétique de Bouddha (30.000 euros), ainsi qu’une vingtaine de têtes diverses, femme, adorant, génie, Bouddha, dont les estimations s’échelonnent entre 1.200 et 10.000 euros.
A noter, en ouverture de la séance, la vente de petites idoles en terre cuite de la civilisation de l’Indus Mehrgah (2800 avant JC), estimée chacune autour de 700 euros.
– Le 22 décembre, Drouot Richelieu à Paris, 14 h, salle 2. Renseignements: www.neret-tessier.com
Jérôme Stern
Source : www.latribune.fr