ON LES APPELLE LES AGENTS STABILISATEURS. Les fermiers du Sahel (Afrique de l’ouest) ont une lourde responsabilité. C’est d’eux, que dépend la fluctuation menaçante d’une désertification ambiante.
Le débat est apparu dans les années soixante-dix, à l’heure où le Sahel connaît un déficit de pluviométrie sans précédent. En 1973, la situation devient critique. Le désert s’installe, les eaux des lacs s’évaporent, les nappes phréatiques touchent au plus bas niveau de leur histoire. S’il bouleverse le paysage, le désastre perturbe avant tout les activités humaines. L’agriculture, frappée au cœur, se paralyse et affame le peuple affaibli. L’approvisionnement en eau potable s’épuise. Les projets hydrauliques s’évaporent. Chez les Touaregs sahéliens, on parle de « Monna », pour désigner les suites catastrophiques d’une année d’aridité. Car la sécheresse emporte tout. La pénurie d’eau frappe Hommes, animaux, plantes, cultures. Et le constat est sans appel. L’homme-victime du climat impitoyable en est le premier responsable. C’est par la culture des terres qu’il épuise les sols. C’est lorsqu’il décime forêts et brousses qu’il réduit le processus de reproduction biologique.
L’exemple est clair : après la récolte, les fermiers sahéliens s’en vont. Les champs sont laissés à l’abandon des vents puissants qui balayent les sols et déracinent les semences. Et pourtant.
L’ « Etude Sahel » menée de 2005 à 2006 dans les région du Tahara, Maradi, Zinder, Tillabéry et au Niger en témoigne : si les sols aujourd’hui renouent avec le vert, c’est que les pluies ont repris en août. L’investissement humain, lui aussi, a été décisif. Les fermiers, puisqu’il s’agit bien d’eux, pris d’un élan de conscience, se sont engagés en agents stabilisateurs de la région dépecée. En développant la semence de plantes « vivaces », les champs pouvaient mieux se protéger contre les érosions des vents. La terre ainsi rassasiée, accroissait sa fertilité puis sa productivité.
Photo : © François-Xavier Prévot, Marcheur-Photographe >>
La solution n’est pas magique et la sécheresse fait encore bien des victimes de par le monde. Entre 1994 et 2003, les sécheresses et famines qui souvent en découlent représentent 48 % des catastrophes les plus meurtrières (Croix-rouge).
Preuve en est l’appel de Mgr Karel Kasteel, soucieux de mettre en lumière la situation alimentaire des habitants de 9 régions d’Afrique, dont le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Le Sahara avance clame-t-il. « N’abandonnons pas le Sahel ! »
Magali Lacroze, pour www.buddhachannel.tv