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Sous les Tentes parisiennes, les Grottes chinoises

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16.01.2009

Les grottes Mogao à Dunhuang
Les grottes Mogao à Dunhuang
Le Musée Guimet et le Centre culturel de Chine, à Paris, se sont associés pour organiser une étrange exposition, « Mille ans d’art bouddhique ». Etrange, car elle révèle et masque son objet : l’impressionnant ensemble de sites rupestres chinois, comprenant principalement les 492 grottes de Mogao, à 25 kilomètres de la ville de Dunhuang (nord-ouest), et les 43 grottes peintes recensées à Yulin, à plus de trois bonnes heures de route à l’est, près de la cité d’Anxi.

Ces ensembles religieux ont été creusés, peints et ornés d’une statuaire colorée entre le IVe siècle et le XVe siècle. Ils sont à proximité de la Route de la soie et des fragments les plus anciens de la Grande Muraille. Dunhuang, ancien poste de garde situé au bout du monde, se trouve aux limites du Gansu, de la Mongolie et du Qinghai. C’est une région riche en déserts, comme en chauds-froids, à près de trente-cinq heures de train de Pékin.

Un nombre impressionnant de sculptures et de peintures provenant des sites de Dunhuang sont en temps ordinaire exposées au Musée Guimet. Rien de surprenant donc à les trouver ici, sinon le plaisir de voir et revoir ces oeuvres exceptionnelles. Elles bénéficient pour l’occasion d’une signalétique qui met en valeur leur origine et crée une sorte de parcours spécial, procédé intelligent imaginé par Jacques Giès, sinologue et nouveau directeur du musée après le départ de Jean-François Jarrige, pour les mettre en valeur.

Pour mieux comprendre la dynamique du projet franco-chinois, on commencera par une visite au Centre culturel de Chine, près des Invalides. Parce qu’on trouve dans ce lieu, inauguré en novembre 2008, deux tentes blanches où ont été reconstituées des grottes chinoises : les répliques de deux temples creusés dans la pierre et peints, l’un à Mogao, l’autre à Yulin.

Des reproductions des peintures évoquent, sous les signatures variablement fidèles de plusieurs copistes, les styles et la vie spirituelle des dizaines de milliers de mètres carrés de décor (42 000 à Mogao) qui ont fait la fortune du site. Le principe est troublant par son ambiguïté. Dans le nouveau bâtiment du centre culturel, des photos et des films invitent au voyage à Dunhuang, site inscrit par l’Unesco sur la liste du Patrimoine mondial. Comme la copie, le tourisme est une industrie chinoise en pleine croissance.

Au début du XIXe siècle, les premiers visiteurs de ces falaises creusées avaient une autre allure, mais aussi des habitudes moins contemplatives que les chasseurs d’images contemporains. Les plus célèbres de ces explorateurs doublés d’historiens et de linguistes hors pair sont Aurel Stein (1862-1943), Hongrois naturalisé anglais, et le Français Paul Pelliot (1878-1945). D’autres, Allemands, Japonais, se rendent aussi à Dunhuang. Tous repartent avec des caravanes chargées de trésors.

MANUSCRITS ET PEINTURES

Stein, en 1906, et Pelliot, en 1908, rencontrent sur place un guide passionné. Wang Yuanlu est un ermite taoïste, sincèrement passionné par les splendeurs de Touen-Houang (Dunhuang). Dans la grotte de Mogao numérotée 17, il a découvert un formidable trésor, caché derrière une paroi depuis le XIe siècle. Manuscrits calligraphiés, livres et peintures de toutes époques et de toutes origines (lnde, Asie centrale, Tibet, Chine) y dorment dans un état exceptionnel. Stein puis Pelliot achètent à « l’abbé » Wang des milliers de ces documents pour les rapporter dans les grandes institutions d’Europe.

Pelliot, pour sa part, dépose les manuscrits à la Bibliothèque nationale, le reste au Louvre, qui les transférera dans les années 1920 au Musée Guimet. Ces documents, porteurs d’un immense savoir écrit, peuvent-ils être séparés de l’histoire de Dunhuang ?

En 2004, la Bibliothèque nationale a présenté un ensemble de documents (« Chine, l’empire du trait ») dont beaucoup provenaient des achats de Pelliot. Certains profanes, la plupart liés au bouddhisme et à son histoire.

Le divorce originel de la collection cachée et des trésors restés en vue sur les sites du Gansu aurait peut-être mérité d’être réparé plutôt que répété en 2009. D’autant qu’un magnifique projet international (auquel Guimet est censé participer) tente de rassembler, en les numérisant sur un site Internet (idp.bl.uk), les documents dispersés à travers le monde.


« Trésors de Dunhuang, mille ans d’art bouddhique ».
Musée Guimet, 6, place d’Iéna, Paris-16e. M° Iéna.
Du mercredi au lundi de 10 heures à 18 heures.
Tél. : 01-56-52-53-00. Jusqu’au 28 février.
Centre culturel de Chine,
1, bd de la Tour-Maubourg, Paris-7e.
M° Invalides.
Du lundi au vendredi, jusqu’au 28 février.
Tél. : 01-53-59-59-20.


Frédéric Edelmann

Source : www.lemonde.fr

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