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CNRS : L’aridification du Sahara se serait faite progressivement

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L’aridification du Sahara se serait faite progressivement

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[13-05-2008]

L’assèchement récent du Sahara ne peut plus être utilisé comme un exemple type de changement climatique et écologique abrupt. En effet, l’aridification du Sahara a été le résultat d’une évolution progressive et complexe qui a eu lieu entre 5600 et 2700 ans en relation avec l’affaiblissement des pluies de la mousson atlantique. C’est ce que vient de montrer une équipe internationale [[Parrainée par la Deutsche Forschungs Gemeinschaft (DFG) et avec le soutien des autorités tchadiennes, l’étude dirigée par S. Kröpelin de l’Université de Cologne (Allemagne) associe 11 autres équipes de 6 pays d’Europe et d’Amérique du nord, dont le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (INSU-CNRS, CEA, Université Versailles Saint-Quentin) et l’Institut international de paléoprimatologie, paléontologie humaine, évolution et paléoenvironnements (CNRS, Université de Poitiers).]] associant le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (INSU-CNRS, CEA, Université de Versailles Saint-Quentin) et l’Institut international de paléoprimatologie, paléontologie humaine, évolution et paléoenvironnements (CNRS, Université de Poitiers). Ces travaux sont publiés dans la revue Science.

Alors qu’il y a près de 6000 ans, l’Afrique du Nord était une savane tropicale parsemée de grands lacs, la région du « Sahara vert » est aujourd’hui une des plus désertiques du globe.

Une équipe internationale s’est attachée à comprendre les causes de ce changement majeur et à analyser sa mise en place. S’agit-il d’un processus lent développé au cours des millénaires ou, au contraire, d’un processus rapide achevé en quelques dizaines d’années généré par la rétroaction positive entre la baisse de la pluviométrie et la dynamique à long terme de la végétation ? Cette question est longtemps restée en suspens car l’assèchement des lacs et l’érosion éolienne, ainsi que la mort des arbres (due à l’aridité du climat), ont fortement perturbé l’accès aux archives naturelles de l’environnement.

Les chercheurs ont donc basé leurs travaux sur l’analyse d’un large éventail d’indicateurs paléoenvironnementaux extraits des sédiments du lac Yoa situé au nord du Tchad, dans un des secteurs les plus arides du Sahara central [[Il ne tombe, dans cette région, que de 0 à 21 mm de pluie par an, alors que l’évaporation s’élève à environ 6000 mm par an.]]. Ce dernier est l’un des rares lacs permanents du Sahara, protégé de l’assèchement par les apports constants d’eaux souterraines. Les résultats de ces analyses ont montré que le processus d’aridification de l’environnement régional du lac Yoa s’est matérialisé par la succession d’une végétation tout d’abord tropicale, composée d’arbres au sein d’espaces herbacés typiques des zones de savane soudaniennes, puis d’une végétation plus sèche (sahélienne) et enfin du désert actuel. L’écosystème terrestre enregistre donc une séquence écologique progressive de l’humide vers l’aride. Les chercheurs en ont conclu que l’aridification du Sahara est liée à l’affaiblissement des pluies de la mousson atlantique qui a eu lieu entre 5600 et 2700 ans.

L’étude des sédiments du lac Yoa réfute donc l’hypothèse généralement acceptée que le « Sahara vert » qui existait il y a 10000 ans et jusqu’à il y a environ 6000 ans a pris fin brutalement. Par conséquent, l’assèchement récent du Sahara ne peut plus être utilisé comme un exemple type de changement climatique et écologique abrupt. Le milieu naturel est beaucoup plus complexe et intègre des échelles de temps et effets de seuils particuliers à chaque environnement.

Source

Climate-Driven Ecosystem Succession in the Sahara: The Past 6000 Years,
S. Kröpelin, D. Verschuren, A.-M. Lézine, H. Eggermont, C. Cocquyt, P. Francus, J.-P. Cazet, M. Fagot, B. Rumes, J.M. Russell, F. Darius, D.J. Conley, M. Schuster, H. von Suchodoletz, D. R. Engstrom,
– Science 9 May 2008 : Vol. 320. no. 5877, pp. 765 – 768.

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