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Chine : les Monts Wudang, berceau du taoïsme

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Les monts Wudang, chaîne de montagnes d’une superficie approximative de 250 km2 située au sud de la ville-préfecture de Shiyan dans la province du Hubei, en Chine, sont renommés pour leurs nombreux monastères taoïstes. Embarquez pour un voyage inoubliable grâce à cet extrait de notre livre consacré aux plus beaux lieux sacrés.
 
« La nature ne se presse pas ; pourtant, tout est accompli ». Ce célèbre proverbe taoïste dit bien la place centrale que le taoïsme, la seule grande religion originaire de Chine, confère à la nature. Elle est le principe directeur, le guide : observez-la ; soyez en accord avec votre vraie nature, dit le Tao (« la Voie »). Et encore : le secret d’une vie harmonieuse est de ne pas chercher à accomplir plus que n’accomplit la nature.
 
Les monts Wudang sont tout simplement somptueux. Ces soixante-douze pics plongeant sur des gorges drapées de nuages, ces vallées suspendues, ces forêts dissimulant des marais, des chutes d’eau, des torrents et de paisibles bassins, constituent depuis plus de deux mille ans un lieu de première importance pour les taoïstes.
 
Ils viennent y contempler les enseignements du sage Lao Tseu, considéré comme un contemporain de Confucius. Au VIe siècle av. J.-C., tandis que ce dernier énonçait les principes de conduite à suivre dans la vie quotidienne, le Tao-tö-king, texte attribué à Lao Tseu, dessinait le cadre spirituel pour une bonne vie. Le taoïsme, originellement, était moins une religion qu’une philosophie. Mais il a acquis au fil du temps de nombreux aspects religieux jusqu’à avoir ses dieux, ses figures légendaires divinisées, ses temples et ses monastères.
 
Les adeptes du Tao ont ainsi élevé une série de sanctuaires, dédiés aux éléments naturels, dans les monts Wudang. Puis, quand les empereurs de Chine adoptèrent le taoïsme, ils firent édifier dans ces montagnes situées à quelque 1 000 kilomètres de Pékin d’autres temples ainsi que des palais. Ces reliefs naturels se parèrent d’un nouveau prestige. On venait y apprendre la philosophie, la méditation, la musique, des pratiques agricoles inspirées du Tao, la médecine traditionnelle – et les arts martiaux.
 
C’est dans ces montagnes, selon la tradition, que l’ermite Zhang Sanfeng mit au point, au XIVe siècle, le Wudang Chuan, forme d’art martial appliquant les règles de l’équilibre chères au taoïsme, l’équilibre étant perçu comme le respect des forces opposées et pourtant complémentaires du yin et du yang. Le Wudang Chuan a inspiré des disciplines développées ultérieurement, comme le tai-chi-chuan, et diverses écoles de kung-fu. Les monts Wudang demeurent aujourd’hui encore un haut lieu d’apprentissage des arts martiaux. On peut y voir des moines s’entraîner dans la cour des monastères tandis que des élèves venus du monde entier répètent leurs enchaînements à l’ombre de vénérables palais.
 
Ce qu’on nomme aujourd’hui « l’ensemble de bâtiments anciens » des Wudang réunit 72 temples, 9 monastères, 36 couvents et 9 palais. Ces bâtiments dispersés furent construits sur une période de plus de mille ans à partir de la dynastie Tang (618-907 apr. J.-C.). On dit que l’empereur Taizong ordonna la construction du plus ancien des bâtiments majeurs, le temple des Cinq-Dragons, après que les prières adressées par le gouverneur de la région eurent mis fin à une sécheresse.
 
Mais c’est incontestablement le Sanctuaire d’or, bâti au sommet du pic du Pilier céleste – point culminant du massif, à 1 612 mètres d’altitude –, qui constitue le monument central de ce vaste ensemble. Ce temple, en réalité en bronze, fut préfabriqué à Pékin en 1614 pour l’empereur Yongle et transporté jusqu’ici, ce qui constitue en soi un exploit. Pour y parvenir, les pèlerins, jeunes et vieux confondus, doivent fournir un effort physique formidable (à moins d’opter pour la facilité du téléphérique). Car on n’accède aux temples des monts Wudang que par des chemins escarpés et des escaliers vertigineux. Si les touristes sont de plus en plus nombreux à les emprunter, seuls ceux qui savent s’ouvrir à la beauté rude de ces montagnes peuvent découvrir la vérité que les taoïstes sont venus y chercher depuis des siècles.

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