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Japon : le Pavillon d’or, paradis bouddhique

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Le Pavillon d’or, ou Kinkaku, est la pièce maîtresse d’un lieu paradisiaque créé en 1397, dans le nord de Kyoto, par le troisième shogun Ashikaga Yoshimitsu, pour s’y retirer. Une invitation à la méditation.
 
Ce pavillon d’une élégance et harmonie extrêmes, dont les étages supérieurs sont dorés à la feuille d’or, se mire dans le Kyoko-chi (« l’étang du Miroir »), au milieu de jardins dont l’atmosphère change au gré des saisons. L’ensemble constitue un jodo-teien : un jardin ayant pour modèle la description classique d’un paradis bouddhique.
 
Les toits étagés et incurvés du Pavillon d’or protègent une délicate structure de bois entourée de galeries, qui font le lien entre l’environnement naturel et l’intérieur, de même que les panneaux mobiles du rez-de-chaussée, s’ouvrant tout grand sur l’étang. Chaque étage est aménagé différemment. Le rez-de-chaussée, dont les bois ne portent aucune peinture, se prête au théâtre nô et aux danses ; il obéit au style développé dans les palais de l’époque de Heian (794-1185). Au premier étage, dans le style des maisons de samouraïs, on composait de la poésie. L’étage supérieur, de style zen, se prêtait à la méditation. Un phénix doré, symbole japonais du feu, du soleil, de la justice et de la loyauté, couronne l’édifice.
 
Après la mort d’Ashikaga Yoshimitsu, en 1408, la propriété revint, conformément à ses dernières volontés, à la branche Shokoku-ji de l’école Rinzai, une des trois écoles du bouddhisme zen japonais. Le domaine devint officiellement le temple impérial du jardin des Cerfs, Rukuon-ji, plus connu sous le nom de Kinkaku-ji, ou temple du Pavillon d’or. Architecturalement, cette conversion ne posait guère de problème, car l’architecture des temples zen était alors très semblable à celle des édifices laïcs. Néanmoins, le Pavillon d’or n’a jamais eu vocation à être un lieu de culte ; c’était plutôt un shari-den – une réserve où étaient entreposées les reliques et les statues sacrées. Quand les panneaux du rez-de-chaussée sont ouverts, ils dévoilent ainsi des statues de Bouddha, côtoyant des représentations d’Ashikaga Yoshimitsu.
 
Le Pavillon d’or a été intégré à un ensemble plus vaste, qui comprend le Kuri, les quartiers d’habitation des moines et des prêtres, et le Hojo, la maison de l’abbé. L’ensemble inclut également une maison de thé traditionnelle du début du XVIIe siècle, le Sekkatei, dont la modestie et la simplicité portent la marque du maître de thé Kanamori Sowa.
 
Le cheminement qui conduit les visiteurs aux différents bâtiments et sanctuaires a été tout aussi soigneusement étudié. Les sentiers et les ponts empruntés révèlent des vues toujours différentes, invitant à la méditation. Les îlots qui ponctuent le Kyoko-chi regorgent de symbolisme : là, par exemple, un alignement de pierres évoque des bateaux faisant voile vers l’île de la Vie éternelle. Entre l’étang du Miroir et l’Anmin-Taku, un étang secondaire, coule une cascade qui rappelle la légende de la carpe (représentée ici par une grosse pierre sous la chute d’eau) que les dieux, admirant son obstination à remonter les cours d’eau et les chutes, transformèrent en dragon : l’effort, vertu bouddhique, permet à chacun de parvenir à l’accomplissement. Sur une île au milieu de l’Anmin-Taku, voici encore une pierre, en forme de pagode : la butte du Serpent blanc est consacrée au serpent messager des dieux – bien que, selon une autre légende, Serpent Blanc était le nom d’une des nombreuses maîtresses d’Ashikaga Yoshimitsu, laquelle se noya là dans un accès de jalousie.
 
Les jardins n’ont guère changé depuis l’époque de l’ancien shogun, et il se peut qu’il ait contemplé les pins les plus anciens. En revanche, le complexe religieux original fut détruit durant la guerre d’Onin (1467-1477). Seul le Pavillon d’or résista. Il demeura intact jusqu’en 1950, date à laquelle un jeune moine dérangé y mit le feu. Le bâtiment visible aujourd’hui en est une reproduction fidèle, achevée en 1955. Comme nous le rappellent les enseignements zen, le monde est en perpétuel changement et rien n’est tout à fait ce qu’il paraît être.
 
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