Biographie du Vénérable Thich Nhat Hanh
Le vénérable Thich Nhat Hanh est né dans un village du centre du Vietnam en 1926. Attiré très tôt par le bouddhisme, il devient moine à l’âge de 16 ans dans la tradition zen. Quelques années plus tard, ses tentatives pour rénover le bouddhisme se heurtent à la hiérarchie conservatrice et il quitte son monastère pour s’installer avec quelques amis dans un temple abandonné de Saigon. Suivra une longue période studieuse et active au cours de laquelle il publie ses premiers écrits, fonde l’Institut d’études bouddhiques An Quang et crée des villages expérimentaux.
En 1961, il se rend pour la première fois aux Etats-Unis où il étudie les religions comparées à l’université de Princeton avant d’enseigner à Columbia. Son travail lui plaît, mais en 1963, la lutte s’intensifie entre le Nord et le Sud du Vietnam et il décide de rentrer pour oeuvrer à la réconciliation. Il retrouve un pays ravagé et commence à diriger un mouvement de résistance non-violente, fonde l’Ordre de l’inter-être et l’Église bouddhique unifiée. En 1964, il crée l’Ecole de la jeunesse pour le service social, une institution qui formera des milliers de volontaires pour porter secours aux victimes et reconstruire les villages bombardés. Il va aussi fonder l’université bouddhique Van Hanh et une maison d’édition, publier des romans, de la poésie et des pamphlets pacifistes, qui seront censurés.
En 1966, invité aux Etats-Unis et en Europe pour apporter son témoignage sur la guerre, il appelle à la cessation des combats. Il rencontrera des chefs d’Etat, le pape Paul VI, le ministre américain de la Défense Robert Mac Namara, le moine trappiste Thomas Merton, qui deviendra son ami et son frère spirituel, et surtout, le pasteur Martin Luther King. Ce dernier, frappé par sa gentillesse, son humilité et son engagement, le proposera en janvier 67 pour le prix Nobel de la paix. Contraint à l’exil en raison de ses activités, il obtient le droit d’asile en France, enseigne à la Sorbonne et préside la délégation bouddhiste lors des négociations devant aboutir aux accords de Paris en 1973.
Une fois la guerre terminée, il reste indésirable au Vietnam mais déterminé à poursuivre son oeuvre de paix : il rassemble des fonds pour les enfants sous-alimentés, constitue un réseau de travailleurs sociaux et organise dans le golfe de Siam des missions de sauvetage pour les boat-people menacés de naufrage ou d’agression. Voyant que ses effort ne peuvent aboutir, il se retire dans un petit ermitage près de Paris où il se consacre à la méditation, à l’écriture, au jardinage et à l’aide des réfugiés de guerre dans le monde.
En 1982, il s’installe dans le sud-ouest de la France et fonde une nouvelle communauté, le Village des Pruniers, qui est à la fois un monastère religieux et un centre de pratique pour les laïcs. Les conférences qu’il va donner la même année aux Etats-Unis suscitent un énorme enthousiasme. Impressionné par cet accueil, il décide de revenir l’année suivante et de conduire des retraites. Ce voyage marquera le début d’une nouvelle phase dans sa vie, où il devient en Occident comme en Orient l’inspirateur du bouddhisme engagé.
Thây, comme l’appellent affectueusement ses amis, enseigne le bouddhisme comme un art de vivre visant à la transformation et à la guérison. La pleine conscience est l’art de cultiver la paix et le bonheur, par l’éveil, la compréhension et l’amour. Une sorte de méditation en action qu’il rend accessible à tout un chacun, quelle que soit son origine ou sa foi, en mettant l’accent sur la pratique dans la vie quotidienne avec des moyens concrets comme la marche méditative, la respiration consciente ou le sourire.
La simplicité et la lucidité des ses propos, sa présence lumineuse, la douceur et la force incroyable qui se dégagent de sa personne commencent alors à attirer de nombreux disciples. Thich Nhat Hanh a ordonné depuis plus d’une centaine de moines et de moniales de toutes les nationalités, transmis les préceptes à des milliers de personnes et touché le coeur d’un vaste public par la clarté pleine de compassion de ses écrits. Il conduit chaque année des retraites qui s’adressent aux familles, aux éducateurs, aux vétérans, aux psychothérapeutes ou aux hommes d’affaires. et parcourt inlassablement le monde pour répandre la pratique, que ce soit en Europe, aux Etats-Unis, où il a fondé deux nouveaux monastères, l’un au Vermont et l’autre en Californie, ou en Asie, où il effectue régulièrement de longs voyages et espère contribuer à renouveler le bouddhisme.
Aujourd’hui, à plus de soixante-quinze ans, ce petit moine tout simple qui a su transformer les souffrances de l’histoire continue de semer des graines d’espérance en montrant à l’humanité le chemin à suivre pour le 21ème siècle. Par son action et sa pratique, par sa capacité à réconcilier recherche spirituelle et engagement dans le monde, Thich Nhat Hanh ne s’est pas contenté de rêver d’un monde meilleur pour les générations futures, il continue de planter des graines de paix et de réconciliation, contribue au dialogue inter-religieux et fait passer son message de justice sociale, en invitant à une prise de conscience mondiale et un engagement individuel de tous afin de construire un monde plus harmonieux, pour le bien de la famille humaine et de la terre.
Il est l’auteur de près de quatre-vingt livres, dont plus d’une une vingtaine publiés en français :
– La paix, un art, une pratique (Bayard/Centurion)
– La sérénité de l’instant
– La plénitude de l’instant
– Entrer dans la liberté (Dangles)
– Le miracle de la pleine conscience (L’Espace Bleu)
– La respiration essentielle
– L’enfant de pierre
– Enseignements sur l’Amour
– Changer l’avenir (Albin Michel)
– Bouddha vivant, Christ vivant
– Sur les pas de Siddhârta
– L’esprit d’amour (Lattès)
– Vivre en pleine conscience (Terre du Ciel)
– Une flèche, deux illusions (Dzambala).
– Le coeur des enseignements du Bouddha
– Feuilles odorantes de Palmier (La Table Ronde)
– Jésus et Bouddha sont frères (Le Relié)
« Vivre en pleine conscience, c’est être vraiment là, pleinement vivant, ici et maintenant.
C’est la capacité de vivre profondément chaque instant de notre vie quotidienne.
La méditation ne se pratique pas seulement dans la salle de méditation,
mais aussi dans la cuisine, au jardin, au téléphone, au volant d’une voiture, en faisant la vaisselle.
Il y a pleine conscience chaque fois que le corps et l’esprit sont réunis.
Vous êtes fermement établi dans le présent, touchant la vie qui est là en cet instant.
Si vous n’êtes pas là pour la vie, la vie ne sera pas là pour vous.
Si vous êtes distrait, si vous vous perdez dans le passé ou l’avenir, vous manquez votre rendez-vous avec la vie.
Notre vraie demeure est ici et maintenant.
Le miracle n’est pas de marcher sur l’eau,
mais de marcher sur la terre verte et de toucher les merveilles de la vie qui sont accessibles.
La vie est ici, à chaque pas.
Apprenez à ralentir, à marcher avec calme, liberté et dignité.
Si vos pas sont paisibles, le monde profitera de votre paix.
En pratiquant la méthode du « bonheur ici et maintenant », instant après instant,
vous arrosez les graines de liberté, de joie et de paix en vous et autour de vous.
Vous vous épanouissez comme une fleur et votre présence est une bénédiction pour votre entourage.
Ce n’est pas une question de foi mais de pratique. »
Marianne Coulin – 03.08.2001 – [ Texte paru dans Témoins spirituels de Bruno Solt, Editions du Relié, 2002. ]
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