Les grottes de Mogao,forment un système de 492 temples près de Dunhuang, dans la province de Gansu en Chine, en marge du désert de Gobi. Elles sont également connues sous le nom de grottes des 1 000 Bouddhas, ou grottes de Dunhuang.
Historique du site
Une légende locale affirme qu’en 366 ap.J.-C., le moine bouddhiste Lie Zun (Lo-tsun) eut une vision de mille Bouddhas, et convainquit un pèlerin de la route de la soie de bâtir les premiers temples. Les temples se multiplièrent, pour arriver à plus d’un millier. Du IVe au xive siècle, les moines de Dunhuang rassemblèrent des manuscrits venant de l’occident, et des pèlerins commencèrent à orner les murs des grottes de peintures. Celles-ci couvrent 42 000 m². L’essentiel des aménagements datent cependant de la dynastie Tang entre le VIIe et le Xe siècle. Les grottes furent abandonnées au xive siècle.
Les moines bouddhistes menaient dans ces grottes une vie austère à la poursuite de l’illumination. Les peintures, aides à la méditation, servaient aussi à l’instruction des analphabètes en matière de légendes et de croyances bouddhistes.
peintures décrivent la vie et l’oeuvre du Sakyamuni, le Bouddha historique. Mais ce lieu de piété montre également des scènes où se mèlent plusieurs cultures orientales, notamment hindouistes.
Les grottes firent l’objet de plusieurs vagues de dégradation : les musulmans détériorèrent la statuaire. Les cavités servirent de refuges aux russes blancs au début du XXe siècle. Par contre, la Révolution culturelle épargna le site, probablement grâce à l’intervention de Zhou Enlai.
Découverte par les explorateurs occidentaux
Les premiers étrangers à visiter Mogao furent l’explorateur russe Nikolaï Mikhaïlovitch Prjevalski lors de sa grande expédition tibétaine, en 1879, ainsi qu’une expédition géologique hongroise, la même année.
Au début du xxe siècle, un Taoïste chinois du nom de Wang Yuanlu, dit « l’abbé Wang », se fit gardien de ces temples où il découvrit un ensemble considérable de manuscrits antérieurs au XIe siècle, dans l’une des grottes, cachée jusque là. Des rumeurs les concernant attirèrent des explorateurs européens, qui traversèrent l’Asie pour tenter de les voir et de les obtenir.
Wang commença une ambitieuse rénovation des temples, avec l’aide de donations issues des villes voisines, mais surtout avec les fonds provenant de la vente de manuscripts à des explorateurs européens, tels que l’anglais Sir Aurel Stein en 1907, et le sinologue français Paul Pelliot en 1908.
La quantité et la variété des textes qui se trouvaient là défie l’entendement : il s’y trouvait 50 000 manuscrits, écrits en chinois, en tibétain, en ouighour, en sogdien, en sanscrit, ainsi qu’une version imprimée du Soutra du Diamant, datant de 868 (ce qui en fait un des plus anciens livres imprimés du monde)…
On dit que le prix payé par Pelliot s’éleva à 90 livres, et celui payé par Stein à 220 livres.
Sir Aurel Stein repartit à lui seul avec environ 10 000 documents et peintures, qui se trouvent aujourd’hui au British Museum, ou au Musée national de New Delhi.
Paul Pelliot, quand à lui, emporta les documents les plus précieux qu’il pu trouver, dont une version nestorienne de l’Évangile selon Saint-Jean. Cette collection se trouve aujourd’hui au Musée Guimet.
Description
Les grottes de Mogao sont les mieux connues parmi les grottes bouddhistes chinoises, et sont avec Longmen et Yungang l’un des trois sites chinois notoires pour leurs sculptures et leurs peintures.
Les peintures sont à thématique religieuse mais retracent également la vie quotidienne des moines. Les grottes sont de tailles très diverses et ont été creusées dans une falaise en grès. Seules une trentaines de cavités sont visitables par le public.
La plupart des grottes sont rectangulaires et communiquent entre elles par des passerelles ou des couloirs.
Les grottes de la dynastie Wei (386-581) : Ce sont les plus anciennes, et représentent des personnages bouddhiques dans un style marqué par l’influence gréco-indienne.
Les grottes de la dynastie Sui (581-618) : elles sont décorées de scènes mythologiques chinoises; les peintures bouddhiques ne montrent plus trace de l’influence de l’art gréco-indien du Gandhâra.
Les grottes de la dynastie Tang (618-907) : La décoration est plus riche, et on voit apparaître les apsara volants, sorte d’anges qui ont rendu Dunhuang célèbre. Peintures comme sculptures sont de très grande qualité.
Les grottes des Cinq Dynasties (907-960), et surtout, des dynasties Song (960-1279) : pour ces grottes, il a fallu réutiliser d’anciennes grottes et les agrandir, car il ne restait plus assez de place sur la falaise.
Les grottes de la dynastie mongole des Yuan (1279-1368) : Elles consistent en grottes restaurées, et peintes avec de véritables fresques, selon une technique importée d’occident, alors que les peintures des autres grottes sont en fait des tempera.
De nos jours, le site est une importante attraction touristique, et un objet de recherches archéologiques. La conservation des lieux pose cependant de nombreux problèmes dont celui d’un ensablement progressif pour lequel l’installation de portes pour accéder aux grottes tente de remédier.
Les grottes de Mogao sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987.