Son total renoncement n’a été guidé par aucune sorte de voix mystique.
Mais la force qui l’a poussée à trouver refuge dans le Bouddha-Dharma n’en était pas moins convaincante: elle fit référence à sa souffrance.
A l’âge de 22 ans, Carola Roloff choisit d’être ordonnée en tant que novice, ou samaneri, adoptant le nom monastique de Jampa Tsedroen. Son ordination fut la première à avoir été conféré dans la tradition bouddhiste tibétaine dans son pays, l’Allemagne. Avant cela, la jeune femme s’était penchée sur la signification de la vie. Son travail d’infirmière l’exposait quotidiennement à la mort. Un de ses jeunes cousins contracta un cancer et mourut peu de temps après. Par la suite, la mère de son fiancé se donna la mort. Carola Roloff en vint à réaliser qu’aucune richesse matérielle ne pouvait préserver les gens de leurs angoisses. Elle se rendit compte également que son église ne pouvait apporter aucune réponse aux questions qu’elle se posait.
Grâce à un ami qui s’était rendu en Inde, Carola Roloff s’intéressa à la vie de Bouddha, à la loi des karmas et aux Quatre Nobles Vérités: sa vie en fut soudainement changée.
« J’en ai été frappé. Maintenant je connais les causes de la souffrance. Et cela m’a donné beaucoup d’énergie et d’espoir de savoir que purifier son esprit était une chose possible; il est possible de s’améliorer et de se libérer de l’emprise de la souffrance. J’étais donc très heureuse. J’ai voulu me convertir au Bouddhisme ».
Pourtant, son Maître Geshe Thubten Ngawang, qui a fondé le Centre Tibétain de Hambourg, n’a pas manqué de mettre sa disciple en garde, lui confiant qu’elle se sentirait moins heureuse après avoir prononcé ses vœux de samaneri. Quelle en était la raison ? Dans le bouddhisme tibétain, les femmes ne peuvent être ordonnées qu’en tant que novices, aucun ordre de Bhikkhuni n’ayant jamais été établi dans cette tradition.
Constatant que les hommes pouvaient êtres ordonnés moines et qu’elle ne pouvait l’être, attrista Jampa Tsedroen. Geshe Thubten Ngawang suggéra cependant à sa novice de consulter Sa Sainteté le Dalaï Lama en personne à ce propos. A partir de ce moment, Jampa Tsedroen ne manqua aucune occasion de s’entretenir avec le leader bouddhiste tibétain pour savoir s’il était possible pour elle d’embrasser les préceptes des Bhikkhuni. Ils se rencontrèrent à de nombreuses occasions, à Hambourg, en Inde du sud, dans la salle d’attente d’un aéroport à Frankfort ou encore lors d’un enseignement que Sa Sainteté donnait en Suisse. A chaque fois, Sa Sainteté conseillait à Jampa Tsedroen de patienter, des recherches étant poursuivies sur le sujet.
Après quatre années de questionnements, plus précisément en 1985, Sa Sainteté incita la jeune femme alors âgée de 26 ans, à se rendre à Taïwan pour recevoir l’ordination complète. Peu de temps après la jeune moniale se rendit à Taïwan et réalisa son rêve.
Pour Jampa Tsedroen l’essentiel n’est pas de savoir si le rétablissement de l’ordination des Bhikkhuni aura lieu, mais comment l’instaurer de la meilleure manière possible. La moniale pense que deux façons de procéder sont envisageables pour la renaissance du Sangha des Bhikkhuni.
La première consiste à suivre les pratiques originelles du temps de Bouddha, sous lequel les moines aînés confirmaient l’ordination des femmes, et étaient rejoints plus tard par des Bhikkhuni ayant effectué leurs 12 années de pratique. L’autre possibilité consiste à “emprunter“ des Bhikkhuni d’autres traditions bouddhistes afin de présider les cérémonies d’ordination avec des moines de leurs propres lignées.
Il est certain que quelques moines continueront de voter contre toute initiative. Mais la Vénérable Jampa Tsedroen pense que tant qu’il existe une « volonté politique », il se dégagera certainement un point sur lequel toutes les parties sauront se mettre d’accord. Jampa Tsedroen reste en tous cas impressionnée par certains chercheurs progressistes qui se sont révélés être d’un grand soutient à sa cause. Un moine que Jampa Tsedroen a cité dans ses travaux, et qui a étudié de manière approfondie le Vinaya, estime par exemple qu’il ne serait pas convenable d’avoir recours au seul Sangha des Bhikkhu pour l’ordination des Bhikkhuni.
« J’y ai réfléchi longuement“, nous dit Jampa Tsedroen. Peux-tu imaginer que pendant des centaines d’années les femmes auraient pu recevoir l’ordination de Bhikkhuni ainsi qu’une formation de Bhikkhuni, mais elles ne les ont pas eues. On a donc empêché ces femmes pendant des centaines d’années d’acquérir un bon karma en tant que Bhikkhunis. Ce n’est pas normal et nous devons nous pencher sur une telle question ».
Source: BangkokPost
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