Cette statuette au visage empreint d’une grande intériorité, représente Avalokiteshvara, identifiable grâce à la figure d’Amitâbha, qui apparaît devant son chignon. Une telle iconographie figurant le bodhisattva avec dix bras est rare. Lorsqu’elles n’esquissent pas une mudrâ, les mains tiennent un attribut caractéristique de cette déité : le rosaire, le lacet, le vase à eau, le livre, un objet cassé qui pourrait représenter le croc à éléphant ou le triple bâton, et le lotus rose. De ses deux mains antérieures, le bodhisattva effectue peut-être une variante de la mudrâ de l’enseignement. Les gestes exécutés par les autres mains dépourvues d’attributs semblent être les mudrâ du don et de l’absence de crainte. Comme il en est souvent des divinités, la tête du bodhisattva est entourée d’un halo de flammes il porte le cordon brahmanique ainsi que de riches mais légers bijoux d’or. La peau de tigre autour des hanches, trahit l’influence de l’iconographie du shivaïsme, sur celle du bouddhisme du mahâyâna, particulièrement sensible en Indonésie. Cette statuette possède les caractéristiques de l’art de Java Centre : souplesse et sensibilité du modelé que l’on trouve également dans les bas-reliefs de Borobudur, avec ces visages, aimables et souriants.
Réalisée à la cire perdue, cette statuette en bronze tenait sur un socle aujourd’hui disparu, et était anciennement protégée par un parasol.
Le positionnement de Java sur les routes commerciales maritimes favorise l’installation progressive de la culture indienne, dès le Ve siècle de notre ère. Cette oeuvre appartient à la période, dite de « Java Centre » ainsi appelée car le coeur du pouvoir, était localisé dans la partie centrale de l’île. Cette statuette est donc contemporaine du célèbre Borobudur, le plus important monument de l’île de Java.
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