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Vandana Shiva — Et si la deuxième révolution verte c’était la révolution bio?

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18.08.2010

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Au début des années 80 Vandana Shiva s’est rendue dans le sud de l’Inde et a découvert un champ magnifique où 9 variétés différentes de plantes poussaient. A l’époque de la monoculture elle a voulu protéger la diversité des semences et éviter la mainmise des multinationales.

Aujourd’hui, alors que certains prônent une deuxième Révolution verte pour endiguer la faim en Inde, elle oppose une « solution biologique ». Entretien avec cette militante, physicienne et écologiste à contre-courant.
 


Ne pensez-vous pas que prôner une agriculture biologique dans un pays qui souffre de la faim est un peu décalé?
 


Non, au contraire. Il faut en finir avec l’idée trop largement répandue que l’agriculture biologique c’est produire moins et donc manger moins. C’est une propagande ! Pourquoi des engrais chimiques permettraient-ils de cultiver davantage que des engrais naturels? Le programme environnemental des Nations Unies (UNEP) a réalisé à ce
sujet une étude en 2008 qui montre que sur 114 fermiers répartis dans 24 pays d’Afrique, la productivité de ceux qui ont recours à l’agriculture biologique dépasse celle des autres. Ce constat est valable à court et long terme. Et partout dans le monde.
 


N’est-ce pas-comme c’est souvent le cas en France-une préoccupation de « riches » ?

Beaucoup de fermiers-qui ne sont pas les personnes les plus aisées de ce pays-qui manipulent les produits toxiques et pesticides voient bien 
leurs effets sur leur peau et leurs cultures et choisissent souvent, d’eux-mêmes, de garder un petit lopin de terre qu’ils cultivent de manière biologique pour leur propre consommation et celle de leur
famille. Cette prise de conscience ne concerne pas que la seule élite mais ceux qui sont au plus près de la question.
 


Combien votre réseau compte-t-il de fermiers aujourd’hui?


Sur environ 6 millions de fermiers en Inde, 500.000 font partie de notre réseau Navdanya et ont donc choisi le bio comme mode de production. C’est peu. Nous sommes une toute petite lampe au centre d’une grande salle noire. Mais en même temps c’est déjà beaucoup parce qu’aujourd’hui les fermiers bio sont plus nombreux que les consommateurs de bio.


Pourquoi militer pour l’extension de l’agriculture biologique?


Parce qu’outre ses bénéfices sur l’environnement, elle fait beaucoup pour la santé par le biais de l’alimentation. Elle préserve les sols en améliorant la fertilité, permet une meilleure retenue de l’eau et, de fait, une plus grande résistance à la sécheresse. Quant à l’alimentation biologique, qui est plus complète et moins raffinée que la nourriture industrialisée elle apporte plus d’éléments nutritifs dont le corps a besoin. A quoi bon donner une nourriture qui n’est pas saine au nom d’assouvir la faim dans le monde?

Pourquoi condamnez-vous la « Révolution verte »?


Parce que cette révolution verte fonctionnait tant que l’eau était abondante et le pétrole abordable. Aujourd’hui ce niveau de vie n’est plus à notre portée. En Inde, la sécheresse et l’irrégularité des moussons accentuent cette idée. Dans le Nord le niveau de l’eau a diminué de 4 centimètres chaque année en 6 ans. Ensuite, la révolution verte suppose une agriculture intensive. Or, cette agriculture intensive est créatrice de dettes. Les fermiers doivent vendre ce qu’ils font pousser pour rembourser leurs dettes: 70% de ces dettes sont liées au coût de ces éléments extérieurs (engrais,pesticides). Ça n’est pas pour rien que la moitié des gens qui souffrent de la faim 
sont des producteurs. Quand les agriculteurs eux-mêmes commencent à avoir faim c’est qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans
 le mode de production !


Source: Aujourd’hui l’Inde

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