Au Sri Lanka, ainsi qu’en Birmanie, la minorité ethnique et religieuse est ciblée par les mauvais traitements de la majorité bouddhiste. Les Tamouls, établis dans le territoire depuis le II siècle après JC ont subi un’ élimination autant physique que culturelle qui a fait supposer l’existence d’un génocide. Actuellement, 1/3 de ce peuple vit en exile, tandis que ceux qui sont restés dans le pays se trouvent concentrés dans les provinces du nord et de l’est.
Pendant de siècles la nation tamoule et celle majoritaire cingalaise ont cohabité de manière pacifique et harmonieuse. Toutefois, la donne a changé suite à l’indépendance vis-à-vis de la Grande Bretagne obtenue en 1948, lorsque la disparition de l’ennemi étranger a fait émerger les différences internes à la population. Et comme cela arrive dans ces cas sont les minorités a en payer le prix. Les Tamouls, qui actuellement forment le 18% de la population, ont commencé à faire l’objet de discriminations et les relations entre les deux groupes ethniques se sont progressivement détériorées.
Le Bouddhisme qui représente la religion d’Etat et qui à la base devrait enseigner la compassion et la tolérance, plutôt que de favoriser le dialogue et la compréhension mutuelle a justifié la persécution des tamouls, qui sont pour la plupart des hindouistes, même si avec une forte composante chrétienne.
Le moment clou du conflit a été atteint par une sanglante guerre civile durée vingt-six ans et dans laquelle ont pris partie les forces étatiques et des groupes d’insurgés séparatistes, dont les Tigres Tamouls en première ligne.
La guerre n’a pris fin qu’en 2009 avec un bilan de 100 000 morts et après un dernier et terrible attaque de la part des milices étatiques. Des milliers de civiles encerclés sur la plage de Mullaitivu ont perdu la vie sous une pluie de bombardements.
D’après le tribunal spécial institué par l’ONU, dans le but de juger les crimes commis, au cours du long conflit des dizaines de milliers de disparitions forcées se sont vérifiées, bien que des crimes de guerre et contre l’humanité auraient été perpétrés par les deux parties. Les Tigres Tamoules et le groupe paramilitaire Karuna seraient coupables, en particulier, du recrutement d’enfants mineurs pour leurs combats.
Néanmoins, suite à la fin de la guerre civile le gouvernement n’a pas montré de clémence, ni a essayé de chercher une réconciliation et encore moins un compromis avec les vaincus Tamouls. Les violences au détriment du peuple tamoul ont continué alors que les disparitions et les tortures se sont multipliées, à tel point qu’en 2013 des responsables catholiques et protestants du pays ont lancé un appel pour faire intervenir l’Onu face au « total anéantissement du peuple tamoul »
Mais depuis 2015 il est possible de voir une lumière au bout du tunnel, notamment suite à l’élection à la présidence de Maithripala Sirisena en juin. Dès que le nouveau chef d’Etat est au pouvoir des initiatives en faveur d’une autocritique se sont multipliées de la part du gouvernement, une portion des terres confisquées aux tamouls par l’armées ont été restituées et une enquête a été ouverte sur l’existence des camps de prisonniers.
Le processus de réconciliation,cependant, n’apparaît ni simple ni rapide. Bien que le président ait changé, les hiérarchies militaires et des services de sécurité coupables de crimes contre l’humanité sont toujours en place et les structures répressives restent opérationnelles. Le fonctionnement de la justice a été perverti par des décades de conflit et impunité et dans la dernière année 27 cas individuels d’atteintes graves aux droits humains ont été relevés.
En outre, bien qu’une nouvelle constitution soit en projet les moines et les organisations bouddhiques sont déjà en train d’exercer une pression pour que le gouvernement s’engage à protéger la religion bouddhiste et pour qu’elle ne perde pas sa place privilégiée au sein de l’Etat. Ce fait nous démontre qu’apparemment le Bouddhisme cingalais ne veut guère collaborer à la création d’un nouveau climat de paix et d’inclusion dans le pays.