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Le Tendaï, berceau du bouddhisme japonais ?

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D’après un dicton du pays, « Le Japonais nait Shinto, raisonne Confucianiste ou Zen, et meurt Bouddhiste« . En effet au Japon, une même personne peut très bien prier dans un temple Shinto, se marier à l’église et avoir ses funérailles dans un temple bouddhiste. Cela n’empêche, le Bouddhisme serait la religion de plus de 60% des Japonais (après le Shintoïsme).

Et aujourd’hui, pas moins d’une douzaine d’écoles en forment les courants principaux.

Parmi elles, celle du Bouddhisme Tendaï, venue directement de Chine. Là-bas, elle est appelée l’école Tientaï ou Ecole du Lotus. Son nom fait d’ailleurs référence au Mont Tiantai, de la province du Zhejiang au Sud de Shanghaï. Si le Tendaï est souvent considéré comme la version japonaise du Tientaï, son évolution au cours de l’histoire en a fait un Bouddhisme à part entière.


Au 9ème siècle de l’ère chrétienne, c’est au moine Saicho, le « Grand maître de la transmission des Enseignements », que le Japon doit l’arrivée du Tendaï.
Après un voyage en Chine, d’où il ramène de nombreux textes et objets bouddhistes, Saicho crée la première école Tendaï. Dans un temple, les religieux se réunissent pour réciter le Sutra du Lotus. Il s’agit du texte fondateur de l’école Tientaï en Chine, qui expose la doctrine du « Grand Véhicule »(Mahayana). A l’époque, il existait deux types d’écoles bouddhistes: celles traditionnelles, souvent perçues comme synonyme d’élitisme monastique, et les autres, pour qui tous les êtres pouvaient atteindre l’Eveil.
Le bouddhisme Mahayana ( Grand Véhicule) correspond à ces dernières et L’école Tendaï s’en inspire largement. Pour ces bouddhistes, la nature du Bouddha est inhérente à tous les êtres humains. Si l’illumination s’acquiert par une discipline stricte et rigoureuse, elle est néanmoins possible pour tous.


Temple Syakado
Temple Syakado


Après la création de la première école Tendaï, le Sutra du Lotus est rapidement devenu l’un des sutras les plus populaires au Japon.

Ennin, disciple de Saicho dès 15 ans, fut lui aussi un moine important dans la diffusion du Tendaï. Suite à la mort du maître, le temple Enryaku-ji sur le mont Hiei au nord-est de Kyoto (classé au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO) devient le centre de l’école. Pendant cette période, le Japon voit apparaître le bouddhisme ésotérique (« mikkyo« ): avec Ennin, le Tendaï se teinte alors progressivement de tantrisme ( élément totalement absent du Tientaï chinois). Dans ce courant ésotérique du Tendaï, appelé « Taimitsu »,
le Sutra du Lotus est délaissé au profit d’autres sutras ésotériques. Une des récitations les plus fréquentes devient «  Homage à Amida Buddha« . Mais Ennin entre rapidement en conflit avec un autre moine de l’école, Enchin. Au terme de ces disputes, la lignée d’Ennin reste au Mont Hiei ( la « branche de la montagne »), et celle d’Enchin se déplace au temple Onjo-ji (« branche du temple »).


Si le Bouddhisme Tendaï est dès lors divisé, ce n’est que le début d’une lente atomisation.

Au cours des siècles suivant, la secte atteint son apogée, éphemère. Temples et enseignements se multiplient (Enryaku-ji dirige 3 000 temples affiliés); des armées monastiques sont formées pour combattre celles d’autres monastères.

La fin des hostilités se solde avec la séparation définitive des Sammons (« Ordre des montagnes« ) et des Jimons (« Ordre des temples« ).

(Aujourd’hui, la branche des Sammons est associée au courant conservateur, celle des Jimons s’inspirant du tantrisme.)


Au delà, toutes les écoles Bouddhistes kamakura (période du 12ème au 14ème siècle) sont issues du Tendaï: les moines les plus influents (Genshin, Shinran, Eisai, Dogen) viennent du Mont Hiei. Des sectes comme celles de la Terre Pure, le Zen et la secte Nichiren y trouvent leur origine. C’est surement pour cette raison que l’école, divisée en une vingtaine de branches, est souvent surnommée « le berceau du Bouddhisme Japonais« .

Méditation, arts et adoration de la nature, pratiques ésotériques, utilisation de mantras, de mudras (positions symboliques et codifiées des mains), l’école Tendaï serait la secte la plus ecléctique du Japon.


Clémence de la Robertie pour www.buddhachannel.tv

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