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Changer de paradigme(1) : ouvrir sa conscience à une représentation karmique

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Tout d’abord, pouvez-vous répondre à cette question : « Qu’est-ce qui naît » ?
Cette simple question peut générer un grand vide, une incompréhension ou faire émerger vos représentations de base : une âme, une intention de vie, des karmas, la vie issue de l’union d’un ovule et d’un spermatozoïde… selon votre entendement. Tout est « vérité[2] » selon mon mode de compréhension. En effet, à partir du moment où vous le croyez, vous y donner vie et cela existe. C’est donc vrai, dans un certain sens. Mais nous pouvons aussi voir que toutes ces vérités se côtoient continuellement, s’interpénètrent parfois. Elles n’ont capture_d_e_cran_2018-08-30_a_09.18.14-72eb0.pngpas toutes la même portée. Certaines s’appliquent sur un plan matériel et sont démontrables scientifiquement, d’autres sont relatives à un plan spirituel et leur perception passe par des filtres de croyances, d’entendements, de paradigmes. Toutes les vérités peuvent être créées, d’ailleurs elles le sont, et leur expression est perceptible dans les différentes cultures à travers le monde, à travers les mondes dans lesquels nous évoluons (physiques, psychologiques, spirituels).

Dans ce mode de compréhension, concevoir que ce qui naît est le produit de l’accouplement des parents (sans rien avant) n’a pas la même portée que de concevoir la naissance comme la manifestation d’une intention de vie, d’un karma qui se rejoue encore et encore. Dans la première conception, tout débute dans cette vie. C’est le produit de la filiation qui nous donne une nature humaine inchangeable (nous ne pouvons être différent de ce qui nous a créé). Dans la seconde conception, une force de vie (des karmas introducteurs) s’incarne dans le monde pour y manifester sa raison d’être et entre dans une matrice fertile (la mère) par le biais de l’accouplement des parents pour y naitre. Si les karmas se transforment par le biais de changement de croyances, d’actions, de paroles…, l’expression et la forme prise sera différente. La base ici est le karma qui conditionne la forme alors dans la première conception, la base est la forme et elle conditionne l’expression. Dans une autre conception encore, l’âme[3]est une entité s’incarnant de vie en vie pour évoluer, passer d’un niveau de conscience à un autre niveau dit « supérieur ». Elle a ici une existence propre, pérenne. Pour certains, l’âme a une mission de vie qui conditionne son évolution.

Tous ces modes de représentations sont vrais car ils existent. Ils nous amènent toutefois à prendre des chemins différents et à évoluer dans des mondes différents, sur des plans spirituels variés.



Ouvrir sa conscience à une représentation karmique et percevoir, concevoir le(s) monde(s), les situations et les êtres sur la base d’une représentation causes / conséquences doit nous amener à intégrer toutes ces vérités dans notre répertoire d’interprétation, de compréhension, de conception. Pourquoi ? Car le karma est à la base de la création de toutes ces croyances. Quels karmas sont à l’origine, à la source de telle situation ? Qu’est-ce qui a conditionné une telle vie, avec tels traits de caractères, tels obstacles, telles qualités ? Quels sont les croyances, modes de compréhension à l’origine des tendances récurrentes d’une personne ? Par exemple : dans une compréhension karmique, nous ne nous arrêtons pas à l’impact de nos parents sur notre psychisme (ce qui ne remet pas en cause la réalité et force de guérison de cette approche, sur un certain plan et avec une certaine portée) mais nous regardons les tendances installées dans la conscience d’une personne, tendances karmiques qui l’ont amenée à renaitre dans une telle famille. Dans une compréhension karmique, nous ne nous attachons pas à pardonner à autrui car nous avons intégré que tout vient de notre propre karma. Nous cherchons à « voir » ce qui en nous a généré une telle rétribution karmique en nous ouvrant à la situation dans sa globalité. Il n’y a plus de différence entre les acteurs de la situation (victime, auteur de la « faute » et éventuels témoins) ni même sur les attributs émotionnels et psychologiques (volonté de faire souffrir, émotions, peurs, traits psychologiques, souffrance). Tout est le reflet des tendances de mon propre continuum de conscience et des karmas en actions, arrivés à maturité et trouvant les conditions propices pour s’exprimer.



BESOIN D’EXEMPLES CONCRETS ?

1- Une dame vient me voir en me disant en substance « Je subis ma vie et je veux en reprendre les rênes ». Elle me confie avoir suivi son 1ermari sans l’avoir décidé, comme aimantée sans conscience des choses, avec un grand vide en elle. L’approche karmique fera ressortir que la vigilance a disparu de son esprit, de sa conscience dite supérieure. Pourquoi ? Parce qu’une tendance à vouloir être insouciante a voilé la vigilance. Et de vie en vie, cette personne recherchait assidument l’insouciance, en la trouvant de moins en moins, et en rencontrant des hommes notamment de moins en moins protecteurs et aimants. L’approche karmique a permis à cette femme de reprendre conscience de la force bienfaitrice de la vigilance. La vigilance, dans ce mode de compréhension, est la capacité de discerner ce qui amène au bonheur et ce qui amène à la souffrance. La vigilance est nécessaire pour faire des choix conscients et éviter de créer des situations de mal-être, comme suivre une personne sans savoir pourquoi, sans « analyser » ses qualités. La vigilance est une qualité propre de notre esprit ou conscience supérieure. Si nous ne l’entretenons pas, elle perd de son acuité et nous laissons s’installer les perturbations, puis les tendances issues de cette absence de vigilance comme l’insouciance et le manque de discernement qui vont jusqu’à nous priver de toute capacité à dire non, qui nous ôtent tout esprit critique et analytique nécessaire pour nous protéger dans un premier temps, puis prendre des chemins d’évolutions bénéfiques dans un second temps.


2- Un homme me dit souffrir de vertige depuis quelques années. Il me parle également de vouloir être en permanence « gentil » et « bon », tout en développant une tendance à vouloir vivre en retrait du monde avec le sentiment de ne être vraiment à sa place avec sa famille. Il s’isole de plus en plus. Apparemment, rien de grave, cela peut être perçu comme une forme de sagesse d’un certain point de vue, mais il en souffre. Il se sent s’éloigner de ses proches alors qu’il comprend le chemin spirituel comme amenant une reliance, une appartenance à un tout. Il entrevoit qu’il y a une distorsion entre son comportement et son souhait d’être bienveillant et compassionné. En entrant avec lui dans ses constructions et remontant le fil des causes et effets, nous comprenons qu’il y a en lui une croyance qui l’amène à s’isoler sur son nuage pour méditer, comme ces images représentant un méditant en béatitude sur son nuage. Le nuage l’amène à se maintenir au dessus, avec une sensation de hauteur. Descendre ne peut qu’être une chute. Au plus profond de lui, descendre du nuage est perçu comme une « déchéance ». En posant sa conscience à l’intérieur de cette représentation, il ressent bien l’isolement, le sentiment de supériorité aussi qui est là, la peur de chuter et de perdre cette supériorité qui n’est pas de la vanité, mais une satisfaction de ne pas être dans le marasme en bas et un attachement à cela. Parce qu’il a la sagesse de comprendre ces tendances non bénéfiques, en méditation il décide de descendre du nuage et se pose en bas, sans perdre ses qualités de méditation. Il comprend alors que le problème n’est pas d’être en bas, car un esprit ouvert et conscient est partout à la fois, mais que c’était l’idée de descendre, de chuter qui le bloquait, l’isolait dans une hauteur toute artificielle. L’isolement le coupait des autres bien sûr et l’amenait par voie de conséquence à une forme de chérissement de soi trop prononcée qui empêchait le développement de la compassion et de l’altruisme. Il ne peut y avoir compassion et altruisme que si moi et les autres sommes la même chose, voir si l’autre devient plus important que moi, ce que le chérissement de soi et de sa propre « hauteur » empêche. Cet homme en fait est passé d’un plan spirituel à un autre : de ma propre évolution spirituelle à celle de tous les êtres.


3- Une dame me dit être bloquée dans sa vie, à un moment où elle créée une activité indépendante. Elle a un sentiment d’incapacité, de ne pas pouvoir réaliser les choses. Il y a une force dominante en elle qui occulte sa créativité. En remontant le fil des causes et effets, en regardant à l’intérieur même de ses images mentales et des représentations qu’elles se fait de ses sensations d’incapacité, de domination… elle entrevoit que les forces de nature masculine ont pris le dessus sur son côté féminin, elles l’étouffent. En regardant comment cela s’est installé dans son continuum de conscience, elle voit que l’énergie féminine s’est elle-même soumise à l’énergie masculine, croyant que la soumission apaiserait le masculin. Elle voit bien, en conscience, que cela n’a pas été le cas, que dès que le féminin laisse la place, le masculin, au lieu de s’apaiser, prend au contraire plus de place et veut dominer le féminin. Elle réalise alors que c’est au féminin à reprendre sa place pour envelopper le masculin, redonner un environnement et un espace créatif dans le lequel le masculin peut agir sous l’influence de la sagesse. C’est le principe du Yin et du Yang, de leur interdépendance et du nécessaire équilibre des deux. En décidant consciemment de rééquilibrer ces deux énergies, cette personne retrouve sa créativité, mais surtout le droit pour elle (qui est femme dans cette vie) de s’exprimer dans le monde et même de réussir, sans volonté de dominer ni de réussir matériellement (sans non plus occulter naïvement cet aspect) mais pour apporter sa pierre à l’édifice et simplement exprimer ses qualités, féminines et masculines.



Christelle Hauteville-Chadorla

Karmathérapeute, Coache spirituelle, Formatrice Reiki et Karmathérapie



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