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Sauvez le Jikji de l’oubli !

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Comment réagirait-on si on nous disait que le premier livre à être imprimé à l’aide de caractères mobiles en métal n’est pas la Bible mais un livre sur le Bouddhisme coréen ? Comment réagirait-on si on nous disait que le second volume de ce livre, l’original, qui date de 1374 et imprimé sous la dynastie Koryŏ, existe encore aujourd’hui…et se trouve à la Bibliothèque nationale de France?

Ce livre dont on parle est le « Jikji », abréviation du titre autrement imprononçable « Baegun hwasang chorok buljo jikji simche yojeol », qui en français signifie « Anthologie des enseignements zen des grands prêtres bouddhistes ». Le document, attribué au moine bouddhiste Seon Baegun, est sans doute important pour l’histoire de la Corée, du Bouddhisme et pour l’histoire tout court. Cependant, son existence est ignorée par tous nos manuels scolaires, même en étant cet exemplaire à quelque pas de chez nous…ou plutôt en bas de chez nous. Si le premier tome a été de fait perdu en Corée, le deuxième tome de trente-huit pages est par contre conservé par la BNF au département des Manuscrits orientaux.

Pour ceux qui sont curieux de voir à quoi ressemble le plus vieux livre à être imprimé il est disponible une version numérique consultable dans son intégrité. Mais pouvoir le consulter ou le voir en vrai n’est pas aussi facile. Pour le faire il faut la présence d’un conservateur, facturée de 220 euros de l’heure. Et même en ayant les sous nécessaires c’est pas évident que vous auriez l’autorisation. C’est ce qui est arrivé cette année à un équipe de tournage coréen voulant filmer le Jikji pour réaliser un documentaire à son sujet. Étant l’année de la Corée en France – on fête le 130 anniversaire des relations diplomatiques entre ces deux pays- on se serait pourtant attendu à des mesures plus flexibles.

Il semblerait que le Jikji dont la valeur historique a été voire reconnue par l’UNESCO qui l’a inscrit dans le programme Mémoire du Monde (la liste de toutes les collections du patrimoine documentaire répondant aux critères des sélection d’intérêt universel) ne possède pas la même valeur aux yeux de la BNF, qui pendant toutes ces années s’est désintéressée à la promotion de cette œuvre unique. La seule exposition qu’on lui a consacré a eu lieu en 1972, après le Jikji est retourné à l’oubli d’où il provenait. Force est de constater que ce livre, à la base de l’imprimerie moderne, mériterait d’être connu par tout le monde et que tout le monde mériterait d’être au moins au courant de son existence.

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