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Le mandala, vision pure de l’esprit

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Le terme mandala, au départ, n’est pas spécifique au bouddhisme et désigne, en sanskrit, un cercle ou un foyer, un centre de rayonnement, qui peut être un astre, un feu ou un personnage important, maître spirituel ou monarque, ou encore une communauté qui bénéficie de cette influence…

Le bouddhisme tantrique lui donnera une signification plus précise et l’emploiera pour désigner un environnement de formes apparaissant en fonction d’un certain point de vue. Ce point de vue peut être ordinaire et le mandala représentera alors l’univers tel qu’il est perçu par chacun des êtres du samsâra (l’ego se considérant comme le « centre de l’univers », c’est bien connu !) ; ou bien le point de vue est « purifié » et le centre n’est autre que celui de la sagesse transcendante ; le déploiement des formes, pures et lumineuses, est alors celui du Dharmadhatu – l’espace de la réalité ultime, telle que les perçoivent les Bouddhas… Dans leur traduction du terme sanskrit, les Tibétains ont choisi deux termes qui rendent bien compte de cette nouvelle acception : kyil-khor – kyil, le centre, l’essence, le contenu intérieur et khor, le cercle, l’enclos ; le mandala est alors considéré comme ce qui enchâsse ou protège l’essence ou l’essentiel – généralement une divinité, représentant un aspect de la sagesse des Bouddhas, dont le mandala est le « domaine », au centre duquel s’élève son palais. Une autre étymologie possible unit manda, l’écume qui se forme à la surface de l’eau, symbolisant les phénomènes illusoires et éphémères du monde sensible, et la, l’extraction – le mandala est alors ce qui extrait de l’essence des manifestations phénoménales.

Le mandala est surtout connu en Occident pour ses représentations graphiques, le plus souvent peintes et en deux dimensions, dont les plus anciens exemples, datant du VIIIe siècle, ont été retrouvés dans les sanctuaires rupestres de Dunhuang, en Chine. On peut les retrouver sous forme de fresques, de bannières (thangka) ou encore, plus éphémères, réalisés en sable coloré.

Mais ces représentations en deux dimensions font oublier que le mandala, normalement, doit être considéré en trois dimensions – sa représentation plane n’étant qu’un support de visualisation, un plan, au sens strict !

Les représentations en trois dimensions sont plutôt rares, car beaucoup plus complexes à réaliser, mais il en existe de superbes exemples, réalisés en orfèvrerie notamment, ou, plus impressionnantes encore, en architecture.

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Mandala en trois dimensions, fait de métaux précieux et d’émail, datant du règne de l’empereur de Chine Qianlong (1736-1795).

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Le temple-montagne de Borobudur, dans l’île de Java, est un mandala en trois dimensions, dont les différentes terrasses représentent les trois « mondes » : du désir, de la forme pure et de l’absence de forme.

La représentation graphique des mandala s’est répandue dans toute l’Asie bouddhiste où l’influence des écoles tantriques s’est fait sentir – ainsi en Asie du sud-est (notamment à Java, mais aussi au Cambodge – le temple d’Angkhor Thom étant, lui aussi, un mandala architectural) – et où elle persiste encore aujourd’hui : en Chine et au Japon (où l’école Shingon perpétue la « Voie des mantra ») et, bien sûr, dans les pays de culture tibétaine.

Les mandala tibétains – de loin les plus connus – obéissent à des règles très strictes. Leur structure de base est toujours semblable, mais les détails varient en fonction des textes (tantra) auxquels ils se réfèrent car chaque mandala est lié à une divinité particulière et à son « domaine de rayonnement », que le pratiquant de la visualisation – pour qui la représentation graphique est un support – doit « édifier » étape par étape. Dans ce cas, le mandala désigne tout à la fois la divinité principale et sa « cour », ainsi que son palais et l’univers qui l’environne. Vision de pureté, l’ensemble est ceint d’un cercle de protection : des vajra (foudre-diamant) entourés de flammes délimitent un espace circulaire qui empêche toute négativité de pénétrer le mandala et qui dissipe les ténèbres de l’ignorance. Le palais central est lui-même ceint d’une couronne de lotus épanouis symbolisant la pureté de la vision de sagesse. Entre ces deux cercles, on trouve souvent aussi une ligne de huit charniers représentant les différentes consciences phénoménales.

Au centre de cet espace circulaire, le palais s’élève selon un plan de forme carrée (la perfection de l’espace de la sagesse), divisé en quatre sections de couleurs différentes, selon les points cardinaux (généralement : vert, rouge, blanc et jaune). Quatre portes en forme de T font face à ces points cardinaux. Chaque détail de l’architecture est symbolique. Les quatre portes représentent les quatre vertus illimitées (bienveillance, compassion, joie sympathique et équanimité), elles comportent quatre piliers (empêcher l’apparition de phénomènes mentaux négatifs, contrôler ceux déjà présents, favoriser l’apparition de phénomènes positifs, contrôler le développement de ceux déjà présents) et un linteau supportant la roue du Dharma flanquée de deux gazelles (la mise en mouvement de la roue du Dharma dans le parc aux gazelles, au profit de tous les êtres). Le palais comporte cinq enceintes (la foi, l’attention, l’effort, le recueillement et le discernement) faites de cinq pierres précieuses (les cinq sagesses). Huit colonnes (le Noble Sentier Octuple) rythment l’espace central, soutenant quatre poutres (les quatre intrépidités) et vingt-huit chevrons (les dix-huit sortes de vacuité et les 10 vertus transcendantes – pâramitâ). Il dispose de cinq étages (les cinq voies du Vajrayâna) et son toit dispose d’une ouverture centrale, symbole de l’Éveil et de la Libération. La divinité réside au centre du palais, sur un trône de lotus épanoui.

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Mandala de Kalachakra. L’un des plus complexes, il comporte trois palais insérés les uns dans les autres


Source: Université Bouddhique Européenne

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