Les supplices des habitants des royaumes inférieurs,
Etablissant dans le bonheur
Tous les êtres qui subissent la souffrance.
Je me réjouis des vertus accumulées, cause de l’Eveil.
Je me réjouis de ce que les êtres incarnés
Soient définitivement libérés
Des misères de l’existence cyclique.
Je me réjouis de l’éveil de ceux qui nous protègent
Et des niveaux spirituels des Enfants du Vainqueur.
De l’océan de vertus que créé la génération
De l’esprit d’Eveil, source de bienfaits pour tous les êtres
Et aussi des oeuvres qui leur sont profitables,
Avec une grande joie, je me réjouis.
Les mains jointes, je supplie
Les Bouddhas de toutes les directions :
« Puisse le flambeau du Dharma éclairer les êtres
Qui vont en tâtonnant dans les ténèbres de la souffrance ».
Les mains jointes, je supplie
Les Bouddhas désirant passer dans le Nirvana :
« Ne laissez pas les êtres errer comme des aveugles
Mais veuillez demeurer pour des éons sans nombre. »
Ainsi, puissent les vertus
Que j’ai accumulées ici
Eliminer entièrement
La souffrance de tous les êtres
Que je sois le médecin et la médecine,
Que je sois l’infirmier aussi,
Tant que les êtres sont malades
Et jusqu’à ce qu’ils soient tous guéris.
Puisse une pluie de nourriture et de boissons tomber
Pour éliminer les ravages de la faim et de la soif.
Et pendant l’éon de la famine,
Que je devienne moi-même tout ce dont ils ont besoin
Et que cela leur soit facilement accessible.
Mon corps, mes biens, et également
Toutes mes vertus des trois temps,
Je les donnerai sans aucun regret
Pour accomplir le bien de tous les êtres.
Tout donner mène au-delà de la souffrance ;
Mon esprit atteindra cet état au-delà.
Comme je devrai tout abandonner de toute façon,
Mieux vaut le donner aux êtres.
Ayant fait l’offrande de mon corps
A tous les êtres incarnés,
Qu’ils en fassent toujours ce qu’ils veulent :
Qu’ils le tuent, le battent ou le maudissent.
Même s’ils s’amusent avec mon corps
Ou qu’ils en fassent un objet de dérision,
Puisque je leur ai offert,
A quoi bon le protéger ?
Qu’ils disposent de mon corps selon leur volonté
Pourvu qu’il ne soit source de nuisance
Puissé-je ne jamais
Leur être inutile.
Que la colère ou le manque de confiance
Ressentis par certains envers moi,
Puissent toujours devenir pour eux la cause
D’accomplir tous leurs desseins.
Puissent ceux qui se moquent de moi
Qui me font du mal ou encore m’insultent,
Tous avoir la bonne fortune
D’atteindre l’illumination.
Que je devienne un protecteur pour ceux qui n’en ont pas
Et un guide pour ceux qui cheminent.
Pour tous ceux qui souhaitent traverser,
Que je devienne barque, navire ou pont.
Que je devienne une île pour qui cherche une île,
Et une lumière pour qui cherche une lumière.
Que je devienne une demeure pour qui cherche une demeure,
Et un esclave pour qui désire un esclave.
Que je devienne un joyau qui accomplit les souhaits,
Vase précieux, médecine puissante ou mantra efficace.
Que je devienne l’arbre exauçant les souhaits,
Ou une vache satisfaisant les désirs des êtres.
Comme les grands éléments tels la terre
Et comme l’espace, puisé-je toujours
Etre une variété de supports
Pour la vie des êtres innombrables.
Puissé-je devenir ainsi tout ce qui répond
Aux besoins spécifiques des êtres
Occupant les limites de l’espace,
Jusqu’à ce qu’ils atteignent le nirvana.
Tout comme des Sougatas d’antan
Ont donné naissance à l’esprit d’Eveil
Et ont parcouru les étapes
Des pratiques de Bodhisattvas,
Ainsi, pour le bien de tous les êtres,
Ferai-je naître l’esprit d’Eveil ;
Comme eux, je m’appliquerai à ces pratiques
Et j’en parcourrai les étapes.
Voici donc comment les Sages
Ayant saisi fermement cet esprit,
Pour le développer plus encore
Doivent glorifier l’esprit d’Eveil :
A présent ma vie a fructifié ;
J’ai obtenu une précieuse existence humaine.
Aujourd’hui je suis né dans la femille des Bouddhas ;
Je suis devenu un Enfant des Bouddhas.
A partir de maintenant, que je ne fasse
Rien qui ne soit en accord avec ma famille ;
Jamais je ne dois altérer
Cette noble et pure lignée.
Comme un aveugle ayant trouvé
Un joyau dans un tas de poussière,
De même est né en moi cet esprit d’Eveil :
Un évènement extrêmement rare.
Il est le nectar suprême,
Triomphant de la mort, dans la transmigration.
Il est le trésor inépuisable
Eliminant la pauvreté des êtres.
Il est la médecine suprême
Apaisant les maladies du monde.
Il est l’arbre invitant au repos
Ceux errant, fatigués, sur les chemins de l’existence.
Il est le pont universel, qui laisse
Tous les êtres s’échapper des royaumes inférieurs.
Il est la lune croissante de l’esprit
Calmant la tourmente des perturbations.
Il est le grand soleil qui met une fin
Aux méprises et aux vues troubles de ce monde.
Il est le beurre quintessentiel, produit
Quand le lait du Dharma est baratté.
Puisque, pour ceux parcourant les chemins de l’existence,
Les transmigrateurs, hôtes désirant jouir du bonheur,
Ceci est le moyen suprême menant à la félicité,
Par lui ces hôtes d’honneur seront complètement rassasiés.
Aujourd’hui, en présence de tous les Protecteurs
J’invite tous les êtres à la félicité ultime
Et, en attendant, au bonheur mondain.
Que dieux, demi-dieux, tous soient heureux.
Extrait du commentaire du Bodhisattvacharyavatara par Guéshé Lobsang Tengyé, Sur l’Océan du Mahayana.