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Diffusion de l’islam en Chine jusqu’au XIXème siècle

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DIFFUSION DE L’ISLAM EN CHINE

La Mosquée Niujie à Pékin - 1622 - la plus vieille mosquée de Chine
La Mosquée Niujie à Pékin – 1622 – la plus vieille mosquée de Chine


Cette deuxième partie fait suite à l’article
– Les débuts de l’Islam en Chine


Tandis que l’expansion musulmane se poursuit dans l’Asie du centre et du nord, surtout par la conversion de la population Uigur qui s’est déplacée de ces régions vers le Turkestan chinois d’aujourd’hui (Xinjiang) en 965, au sud, les échanges économiques et culturels reprennent après une assez longue pause, surtout sous la dynastie Song (960-1278).

Les ports les plus fréquentés sont Canton et Quanzhou, appelés respectivement Khanfu et Zaiton par les Arabes (et ensuite par Marco Polo). Un service du commerce extérieur est créé, chargé de protéger les monopoles, de contrôler l’entrée et la sortie des navires, de percevoir les taxes et d’examiner les produits.

A Quanzhou, le musulman Pu Shou Keng nommé commissaire des douanes pour les affaires arabes s’efforce, de 1245 à 1275, d’améliorer les conditions du commerce extérieur le long des côtes du Fujian, en éliminant la piraterie.


Après la conquête de l’empire chinois par les Mongols, partielle en 1126, totale en 1278, jusqu’à leur chute en 1368, la présence des musulmans est encouragée et facilitée par leur conquête des pays musulmans d’Asie et l’adhésion à l’islam des chefs mongols (à commencer par les neveux mêmes de Gengis Khan), puis par la politique mongole d’utiliser les talents administratifs, commerciaux et culturels des musulmans (médecins, architectes, mathématiciens et astronomes) et de confier à des étrangers le gouvernement des Chinois, en particulier en qualité de durahatch ou conseillers administratifs et politiques.

Il y a aussi parmi eux de bons chefs militaires et des experts en fabrication des canons qui contribuent, sous une dizaine de premiers ministres musulmans, à renforcer l’armée mongole.

Leur nombre et leur prestige s’accroissent tellement que, selon un dicton populaire, « sous la dynastie Yuan on trouvait partout des Hui Hui ».

Le nom de Hui Hui ou de peuple Hui (qui signifie littéralement « retourner ») a supplanté les autres noms pour désigner en Chine toutes les populations sémites, en particulier les adeptes de l’islam, alors qu’à l’origine le mot Hui semble avoir été une translitération du nom des Uigur.

Grâce à l’envoi de ministres musulmans en diverses régions de la Chine, l’islam se répand un peu partout. Il s’implante ainsi au Yunnan surtout parce que Syed Omar Shamsuddin (Sai Dianchi), gouverneur de 1273 à 1279, attire des milliers de personnes à sa foi.

A Ningxia et dans les régions voisines l’islam est répandu par Ah Nan Da, qui convertit ses cent cinquante mille soldats (10).
Les Mongols convertis constituent avec les musulmans venus d’autres pays des communautés nombreuses, qui subsistent encore dans la Mongolie intérieure.


A cause du profond mécontentement inspiré par l’oppression mongole, beaucoup de musulmans s’allient à Chu Yuan Chang dans sa rébellion qui réussit à renverser la dynastie. De grands chefs de son armée, comme Chang Yui Chong, Hu Da Hai, Teng Yu, Lan Yui, Mu Ying sont musulmans (11).

Au Yunnan, en revanche, les musulmans qui composent quarante pour cent de l’armée restent fidèles aux Mongols : ils se rendent les derniers aux Ming, qui le leur font cruellement payer. Parmi les esclaves châtrés envoyés servir comme eunuques à la cour de Pékin, un certain Ma He gagne par ses qualités la faveur de l’empereur Yong Le et, sous le nom de Zheng He (Cheng Ho), se rend célèbre de 1405 à 1431 à la tête de huit expéditions maritimes, de caractère politique et diplomatique, dans le sud-est asiatique et dans l’Océan Indien.

C’est au cours de ces voyages que, pour la première fois, des Chinois musulmans font le pèlerinage de La Mecque. La dynastie Ming continue d’utiliser le talent des experts musulmans, surtout pour la défense militaire et en astronomie.

Divisions et oppressions sous la dynastie mandchoue (1644-1911)

La Mosquée de Tongxin, Ningxia
La Mosquée de Tongxin, Ningxia


Avec les progrès de l’islam en Chine ses divers courants et ses sectes vont se révéler, surtout à la fin des Ming (1368-1644) et sous la dynastie mandchoue des Qing (1644-1911).


La « secte ancienne » ou Qadim met l’accent sur le maintien des doctrines et des pratiques traditionnelles, en opposition à la « secte nouvelle » ou « des fondateurs », davantage liée à la tradition mystique soufi, qui attribue un pouvoir et des honneurs particuliers à de grands personnages, reconnus pour leur sainteté ou leur prestige, dont elle vénère spécialement la tombe.

La « secte nouvelle » s’est à son tour différenciée en sectes plus petites : Kubriyad, qui a son centre à Taiwantou dans le Ganzu ; Khufiyad, fondée par Ma Laichi dans le Ningxia et à Lanzhou ; Jahariyad, fondée par Ma Mingxin ; Kadiriyad, disséminée dans le Shaanxi et dans le Sichuan ; les sectes de la Montagne blanche et de la Montagne noire (ou des musulmans à turbans blancs et à turbans noirs) qui se développent en s’opposant l’une à l’autre au sud du Xinjiang ; la secte la plus récente ou Ikhwan (les frères), fondée par Ma Guoyuan vers la fin de la dynastie Qing etc.


Parallèlement à sa division en sectes, l’islam en Chine s’engage de plus en plus dans la politique en se liant avec des sociétés secrètes qui le mènent à l’insurrection et aux mouvements révolutionnaires.


La situation des musulmans se détériore à l’avènement des Mandchous, qui lancent contre eux en 1651, sept ans seulement après leur prise de pouvoir, une cruelle offensive. Opprimés mais pas vaincus, les musulmans subissent les épreuves les plus dures avec courage et stoïcisme. Tout au long de la période des Qing, qui dure 268 ans, ils restent pour les dirigeants mandchous une source constante de préoccupation, de peur et de haine. Au nord-ouest et au sud-ouest du pays se succèdent tous les vingt ou trente ans des conflits qui au total coûtent la vie, de part et d’autre, à des millions de victimes (12).


Les musulmans sans cesse affrontés à la population chinoise locale se révoltent souvent. Les insurrections les plus notables entre 1648 et 1895 sont : la révolte de Kanchow, Gansu, en 1648 ; l’insurrection de Khojia et Aziz, 1758-1759, qui conduit à l’annexion de la région connue aujourd’hui comme Xinjiang (nouveau territoire) en 1768 ; les révoltes de Ush en 1763 et de Chee Chang en 1767 ; la rébellion de Lanzhou en 1778 et celle de She Fong Pu dans le Gansu en 1781 ; l’insurrection de Jehangir à Kashgar en 1820-1827, suivie de celles de Yussof en 1728-1731 et des sept Khojia en 1836-1839 ; la révolte de Tu Wen Hsiu à Dali et de Ren Wu à Shen Si au Yunnan, 1850-1868, réprimée par de grands massacres; la rebellion Tungkan de Ma Hua-lung dans le Shaanxi et au Gansu, 1862-1873, en relation avec le mouvement d’indépendance du Turkestan des années 1862-1877.

Dans ce mouvement sont impliqués les musulmans du Shaanxi, du Gansu et du Xinjiang, qui réussissent avec le prince Uigur Yakub Beg (1820-1877) à former l’Etat indépendant du Turkestan, aussitôt reconnu par l’Angleterre qui veut un Etat-tampon entre la Russie et la Chine. Mais l’autonomie de cet Etat dure peu : il redevient une province chinoise en 1884.


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