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Le bouddhisme « Rinzaï » au Japon

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Portrait de Myoan Eisai
Portrait de Myoan Eisai
Au VIème siècle apparut en Chine une forme de bouddhisme appelée le « Ch’an », qui signifie « la méditation » en chinois. Myoan Eisai l’introduisit au Japon. Ainsi, le terme « Ch’an » se transforma en « Zen », sa traduction japonaise. Rappelons qu’Eisan était un moine bouddhiste japonais sensé avoir apporter au Japon l’école de Rinzai, mais également le thé vert de Chine.


Son premier voyage, de courte durée en Chine, en 1168, lui servit à approfondir sa connaissance de la doctrine du Tendai et à éveiller son intérêt pour le Zen. En 1187, il y retourna une seconde fois, en tant que disciple de Xuan Huaichang. Pendant ce séjour, il fut initié à la pratique et à la doctrine de cette branche du zen. Aussii, en 1191, après sa certification en tant que maître de Zen, Eisai rapporta des graines de thé et l’enseignement du Zen au Japon. Immédiatement, il a fondé le temple de « Hoonji », le premier temple de Zen au Japon.


Il chercha ensuite à introduire l’école du Rinzai en gagnant la confiance de l’école du Tendai et de la cour impériale. Cette « nouvelle foi » Rinzai, branche de l’école chinoise de Linji, fondée par Linji Yixuan, fut confronté à de nombreuses oppositions des écoles traditionnelles du bouddhisme : Tendai, Shingon et Terre Pure.


Après quelques années de lutte pour l’intégration de l’école du Rinzai, il quitta Kyoto en 1199 pour tenter sa chance plus au nord-est du Japon, à Kamakura exactement. C’est à ce moment-là précisément, que le shogoun (chef suprême des samouraïs) et sa caste de guerrier des samouraïs firent bon accueil à ces enseignements. Cet appui des élites régnantes permit au bouddhisme Rinzai de se développer dans les arts culturels japonais tels que : la calligraphie, la littérature, la cérémonie de thé et les arts martiaux.


Pour la petite histoire :
L’école Rinzai devint l’une des deux principales branches du bouddhisme zen japonais, l’autre étant le Soto. D’un côté, le Rinzai fut adopté par la caste des samouraïs, tandis que le Soto fut adopté par des disciples plus ordinaires, comme l’explique le dicton japonais « Rinzai pour le Shogun, Soto pour les paysans ». De plus, « pour un Samouraï, la peur de mourir était naturellement un grand obstacle, aussi la pratique du zen Rinzai était une pratique nécessaire. L’école Rinzai a donc été étroitement liée aux arts martiaux traditionnels au Japon. Elle met aussi plus l’accent sur la littérature du Koan et sur les connaissances intellectuelles que le Soto ». C’est essentiellement pour ces raisons que le Rinzai attira plus les classes sociales élevées.


Les pratiques du Rinzai utilisèrent le koan de façon systématique. La pratique du koan a, selon le dictionnaire de la sagesse orientale : « pour première fonction, d’éviter à l’élève de retomber dans l’état de conscience ordinaire après une première expérience de l’Illumination. Elle l’aide ensuite à approfondir et élargir son expérience ».


Exemple de koan par Taikan Jyoji, représentant de l’école du Zen Rinzaï en Europe :
« Souvent, on a tendance à penser que pratiquer la méditation, c’est accéder à des sphères suffisamment élevées pour être sûr de ne pas pouvoir les atteindre.

Pas du tout.

La réalité de la vie est dans le quotidien.

Et la méditation nous apprend à vivre ce quotidien.
Les koans zen sont des questions qui nous amènent à les expérimenter dans la vie de tous les jours.


Voici en exemple un koan bien connu en Occident:


C’est l’histoire d’un bonze qui vient voir un maître et qui lui pose la question :

 » Qu’est-ce que le zen ? « .

Le maître est en train de manger.

Il invite le disciple à partager son repas.

Le disciple pensa qu’en mangeant, le maître allait peut-être répondre à sa question.

Mais le disciple voyant que le maître était absorbé dans son action de manger, n’osa pas l’interrompre.

A la fin du repas, voyant que le maître ne disait toujours rien, il repose la question :

 » Maître, qu’est-ce que c’est que le zen ? « .

Le maître se tourne alors vers le disciple et lui dit :

 » Tu as fini de manger ? « .

L’élève répond que oui.

Et le maître enchaîne en disant :

 » Et bien maintenant lave ton bol « .

Il n’y a rien de vraiment très compliqué dans ce koan-là.

Il y a un enchaînement logique dans l’exécution des gestes du quotidien :

quand on a fini de manger, on lave sa vaisselle.
Beaucoup de koans réveillent la conscience pour un apprentissage du quotidien dans son aspect le plus pragmatique, afin d’aller à l’essentiel sans se noyer dans les détails.

Ce n’est pas tout !

L »école Rinzai est particulièrement associée à la cérémonie du thé japonais, appelée « Chanoyu ».

Comme nous l’avons vu précédemment, Eisai introduisit le thé vert en provenance de Chine. Une légende raconte que « le thé, léger stimulant, avait comme but de maintenir la vigilance des moines zen pendant la méditation. Elle attribue l’origine du thé en Chine à Bodhidharma, un missionnaire bouddhiste d’origine indienne, qui selon la légende coupa ses paupières pour rester éveillé pendant la méditation. Des plants de thé ont alors poussé, là où les paupières tombèrent ».


C’est ainsi que le bouddhisme Rinzai prit sa place au Japon pour être encore présent de nos jours…

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