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Jean-Pierre Schnetzler – Biographie – 9 août 1929 – 4 janvier 2009

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Docteur Jean Pierre Schnetzler

Le Lama « coolie »

au service des autres êtres et au service du Dharma

Jean-Pierre Schnetzlerdans une émission de Voix Bouddhistes
Jean-Pierre Schnetzlerdans une émission de Voix Bouddhistes

9 août 1929 – 4 janvier 2009

Jean-Pierre Schnetzler est né le 9 août 1929 à Nice, en bord de mer, dans une famille catholique et riche en militaires. Son père officier mutilé de la première guerre mondiale, est à l’origine d’une vocation précoce pour la marine et des études secondaires comme interne au Prytanée militaire.

A l’adolescence un débat interne secret s’engage entre l’armée et un penchant récemment éclos pour la vie monastique contemplative. Une solution moyenne se dessine vers la médecine, quand, à l’issue du baccalauréat, la lecture du livre d’Oldenberg sur « Le Bouddha, sa vie, sa doctrine, sa communauté» déclenche un tremblement de terre.

En effet, Jean-Pierre Schnetzler constate qu’il savait déjà, sans le savoir, tout l’essentiel doctrinal contenu dans l’ouvrage, qu’il est parfaitement d’accord avec cet enseignement apparemment nouveau pour lui, et même étrangement familier avec certaines expressions. Il en arrive à la conclusion, parfaitement inacceptable dans ce milieu à cette époque, qu’il a été bouddhiste dans une vie antérieure. La conséquence pratique est que pour ne faire de peine à personne, et ne pas être pris pour fou, il convient de se taire hermétiquement. Le bien fondé de cette prudence se vérifie lors de ses études de médecine à Bordeaux, de 1946 à 1955, où il ne rencontre aucun bouddhiste et constate l’ironie méprisante de ses collègues lorsque l’Orient ou la réincarnation s’invitent dans la conversation.

Le choix de la psychiatrie comme spécialité médicale s’impose alors pour lui, comme naturellement située dans la ligne du traitement de la souffrance mentale, fondement du bouddhisme. Sa nomination comme médecin d’hôpital psychiatrique en 1955 lui permet, avec la sécurité matérielle, de visiter la capitale pour découvrir si elle héberge des bouddhistes. De fait une discrète « Société des amis du bouddhisme» , y lit, discute et édite des textes. Sa quête d’une pratique complète l’amène à chercher des étudiants orientaux à l’Université où il en découvre deux : les Vénérables Dhammarama du Cambodge, et Walpola Rahula de Sri Lanka. Il prend alors refuge avec eux, dans les formes rituelles, à la « Société des Amis du bouddhisme» , le premier dans ce cas.

S’ensuivent quelques années de pratique du Theravâda, et de la méditation, enraciné à Grenoble, où il est nommé en 1960. Il entame alors une analyse, qui lui permettra finalement de devenir analyste didacticien de l’école jungienne à la « Société Française de Psychologie Analytique» (SFPA), en sus de sa fonction de chef de service hospitalier.

En 1967 il établit un contact à Grenoble avec Maître Deshimaru qui vient d’y débarquer du transsibérien, ce qui lui permettra de découvrir le Zazen, le Mahâyâna, et de prendre les vœux de Bodhisattva. Progressivement un noyau local de pratiquants se forme, qui effectue des retraites à la campagne, si bien qu’un « Centre d’Etudes Bouddhiques» (CEB), ouvert à toutes les écoles, est créé en 1972, et finit par trouver une salle de méditation, 16 rue Thiers à Grenoble. Il en sera le premier président.

Karma Migyur Ling
Karma Migyur Ling
Entre temps sa rencontre avec Kalou Rimpoché, lors de son premier passage à Paris en 1971, achève son parcours, cette fois au sein de l’école Kagyu du bouddhisme tibétain.
L’exemple inspirant de ce maître l’entrainera, en janvier 1975, à l’achat d’une ferme montagnarde, qui recevra en Novembre 1976, Lama Teunsang dont la persévérante énergie transformera le site en la florissante congrégation de Karma Migyur Ling de Montchardon à Izeron en Isère. En 1979, l’achat de ce qui restait d’une ancienne Chartreuse, en Savoie, donna naissance à ce qui est aujourd’hui le centre Kagyu de Karma Ling de Saint-Hugon à Arvillard en Savoie.

Outre cette activité organisatrice, de pratique et d’enseignement, Jean-Pierre Schnetzler est l’auteur de nombreux articles et ouvrages détaillés dans la rubrique Bibliographie. Son but, en écrivant, était d’informer sur le bouddhisme en intégrant les données scientifiques occidentales à la tradition spirituelle, surtout dans les domaines délicats, voire controversés, de la méditation et de la transmigration. De plus le nécessaire dialogue interreligieux a été instauré dans la région avec l’aide du Père de Give en 1981, et s’est continué jusqu’à ce jour.

Retraité de la fonction publique en 1989, Jean-Pierre Schnetzler vivait à Karma Migyur Ling comme membre de la congrégation. Il y a enseigné et dirigé des retraites méditatives jusqu’en 2006, date à laquelle sa santé l’a contraint à cesser ces activités. En revanche il continua à partager avec ses lecteurs son précieux travail d’écrivain et de méditant.

Le 4 janvier 2009, Jean-Pierre Schnetzler s’est éteint à cette vie.


Témoignage

« Jean-Pierre Schnetzler a fait don de deux domaines à la congrégation tibétaine (l’école Karma Kagyupa, celle du yogi et poète Milarépa) : le centre Karma Mygiur Ling à Montchardon (isère) en 1975, et le centre Karma Ling de Saint-Hugon à Arvillard (savoie) en 1979.

Jean-Pierre Schnetzler est un homme d’une grande bonté et d’une profondeur de pensée peu commune, malgré ses problèmes de santé ; (plusieurs interventions chirurgicales cardiaques), il s’est rendu très disponible, durant ses 4 jours il m’a accordé quotidiennement plusieurs heures d’entretien.

Au fil des jours, j’ai pu ressentir la force et la tranquillité qui émanaient de ce grand méditant ainsi que l’humilité authentique qui anime constamment ses propos.

Je recommande tout particulièrement aux chercheurs la lecture de son nouveau livre Le bouddhisme expliqué aux occidentaux sorti en novembre 2008, j’en ai extrait quelques textes choisis, que l’on peut lire dans la rubrique Textes informels, Jean Pierre Schnetzler y apporte de précieux éclaircissements sur « les obstacles psychologiques à l’unité transcendantales des traditions » , ses développements sur « les logiques d’orient et d’occident, le tétralemme et le tiers exclu » sont tout à fait passionnants.

De retour à Paris, je lui ai proposé de me confier la construction d’un site, qui regrouperait l’ensemble de son oeuvre et qui permettrait ainsi à un plus grand nombre d’aspirants de bénéficier de son travail de chercheur, de méditant et d’enseignant spirituel.

Je lui suis infiniment reconnaissante de m’avoir fait confiance et lui témoigne toute ma gratitude pour avoir dédié sa vie à faire connaître le Dharma pour le bien de tous. »

Farida Leroy

Fondatrice de l’association Espace Ecosophia


Centre d’études tibétaines Karma Migyur Ling
Montchardon – 38160 Izeron – France
www.montchardon.org
Contact : e-mail Montchardon

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