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Périgord vert: Scènes zen sorties de La Coquille

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Au coeur du Périgord vert, le monastère bouddhiste zen Kanshôji, prépare son camp d’été. Un monde à part, tout en sérénité, avec ses règles et rituels. Ambiance.

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« Le cochon pour tous est-il laïc? » titre Sud-Ouest. Sur la table du monastère bouddhiste zen Kanshôji, à La Coquille, au coeur du Périgord Vert, ce jour-là, on a envie de sourire.

Peut-être parce que dans ce petit paradis de calme et de sérénité, à 1h30 de route seulement d’Angoulême, les débats qui agitent le monde autour paraissent venir d’une autre planète. On y vient pourtant de partout, France, Canada, Belgique, Angleterre.

Quelques 120 personnes attendues pour le camp d’été qui démarre aujourd’hui. Toutes pour faire zazen. « La pratique au coeur du bouddhisme zen, une posture en même temps qu’une méditation sans objet qui consiste à s’oublier soi-même pour être présent au monde », dit Valérie, Yasho (« lumière de la nuit »), nonne et assistante du maître fondateur de Kenshôji, Jean-Pierre Faure (1).

Une des pionnières en 2002, aux côtés d’une dizaine d’autres, dont Olivier Pressac, fondateur du dojo zen d’Angoulême, qui ont mis leurs économies en commun, pour acheter le site.


Règles et rituels

Ordination, moine, nonne, abbé… Ici le vocabulaire peut prêter à confusion. Comme les robes noires que revêtent les adeptes, drôle de clin d’oeil aux jésuites qui ont occupé le lieu jusque dans les années 70, avant que Jean-Luc Lahaye le transforme en colonie de vacances dans les années 80! Des mondes qui se téléscopent.

Dîner frugal à 18h30, lever à 6h30 en été (5h30 en règle générale), avant zazen à 7h, suivi de « genmai », le petit-déjeuner fait d’un bol de riz gluant et de légumes fermentés, et du « samu », les tâches de la vie quotidienne, nettoyage, cuisine, potager…

L’organisation de la vie quotidienne aujourd’hui rappelle les monastères chrétiens. « Sauf qu’à l’intérieur, tout est différent », souligne Christophe, Yushin (« esprit tranquille »), l’un des fondateurs et onze résidents permanents de Kanshôji.

Pas seulement parce que le lieu est mixte et qu’on pratique ici une religion sans Dieu et sans dogme, où l’on se repose le 5e jour plutôt que le 7e. Où l’on festoie autour d’un plat de viande ou de possion le 4e soir, où l’on fait « gassho », penché, les mains jointes, pour saluer la statue de Bouddha ou ses comparses dans le couloir.

Derrière les rituels très codifiés et le formalisme qui viennent du bouddhisme zen soto japonais, « tout est possible ». « Même s’il y a des règles, celles-ci doivent s’adapter à la réalité, pas l’inverse, dit ce pionnier, qui a vécu dix ans ici avec femme et enfants. La vie de famille et la vie monastique ont des exigences différentes pas toujours facile à harmoniser. »

On pense au silence que l’on essaye de tenir autant que possible jusqu’au café de 10h. Là où tout à coup, le monastère résonne à nouveau de conversations humaines, après les tintements de cloches, les murmures et le bruissement des pas quittant les chambres et dortoirs au petit matin.

Après les chants d’une cérémonie devant un Bouddha entouré d’effluves d’encens, après encore un petit-déjeuner où l’on s’exprime par signes plus que par mots. « Quand on mange, on ne fait que manger, quand on se lave, on ne fait que se laver », enseigne Bouddha.


« Ici, on se dépouille »

Ici, au milieu de la forêt, on refait son expérience. Un esprit qui entend tout, voit tout, mais ne juge pas, en harmonie avec le monde, êtres humains, plantes, animaux. « Une pratique religieuse très dépouillée, sans flafla qui va à l’essentiel, résume Sylvie, nonne laïque québécoise qui vient passer ici tous ses étés. Ici, on se dépouille, de son égo, de ses illusions. »

La première illusion de Kosen (« rivière de bonheur »), ordonnée nonne il y a trois ans, c’était ses cheveux. « Pendant la cérémonie, on coupe la première mèche, on coupe les illusions à la racine, dit-elle, crâne rasé, faux air de Sinead O’Connor. On se voit tel qu’on est, au moins une fois. »

ça n’empêche pas de savourer les saveurs du monde avec modération. « Vous imaginez une bonne bière fraîche ici », lance Michèle, nonne laïque, dans le jardin qui domine l’étang de la Barde.

La première fois qu’elle a entendu parler de zazen, elle a pensé à « Zazie dans le métro ». « Il y a vingt ans, je n’avais aucune idée de ce que c’était. Je me suis demandé c’est quoi ce truc? Une secte? J’ai posé plein de questions et trouvé la liberté intérieure. »




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