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L’Empire Gupta et les Mystères d’une Civilisation en Or

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sculpture Gupta
sculpture Gupta
Depuis mercredi 4 avril, le Grand Palais accueille l’exposition l’Age d’Or de l’Inde Classique- l’Empire des Gupta, organisée par la Réunion des musées nationaux, le musée national des Arts asiatiques-Guimet et le National Museum, New Delhi. Un ensemble de sculptures encore inédites en France, rendent hommage à une brillante civilisation, d’une extrême tolérance, d’une sensualité et d’une universalité incontestables. Petit retour en arrière sur l’histoire d’un peuple mythique.


Les Gupta sont une dynastie indienne originaire du Bihâr dont le règne s’étend du IVéme au VIe siècle ap. J.C. Bien que ses souverains soient pour la plupart adeptes du mouvement vishnuiste (Vishnu est, avec Shiva, l’un des deux grands dieux de la triade hindoue ; il est le dieu salvateur du monde) ils se sont constamment montrés tolérants envers les autres courants hindouistes ainsi qu’à l’égard du bouddhisme et du jaïnisme (philosophie-religion fondée sur des enseignements très anciens dont un des principaux objectif est l’ « instauration d’une égalité sociale » et « la liberté de l’être humain »). L’ère Gupta est considérée comme la période classique de l’art indien, un âge d’or durant lequel l’art atteignit un raffinement et une perfection extrême à travers l’épanouissement de la littérature, du théâtre, des sciences et de la pensée religieuse.


Il est très difficile d’établir une date exacte de début de l’ère Gupta. Malgré les écrits et vestiges de cette période qui ont subsisté à l’épreuve du temps, l’origine de la dynastie Gupta reste mystérieuse.

Certains chercheurs se risquent à donner l’appellation de Gupta aux deux mahârâjas Srî Gupta (240-280 ap. J.C.) et Ghatotkacha (280-319) alors que d’autres estiment que la période Gupta ne débute qu’à partir de l’émergence de Chandragupta en 320.

Au cours du IV ème siècle après JC un désarroi tant politique que militaire règne dans le nord de l’Inde. S’ensuit une invasion de « barbares » ou « Mlechchhas » venant des régions frontalières du nord-ouest et d’Asie centrale, ce qui sème un trouble terrible dans le pays. Seule une alliance politique va ramener la paix. Un mariage politique est organisé entre Chandragupta et Kumarâ Devî, une princesse Lichhavî, la principale puissance du Magadha, le nord du Bihar actuel, région d’origine du bouddhisme, dont le premier souverain Gupta saura tirer le meilleur avantage matériel. Ainsi, son règne va être marqué par un fort désir de conquête et d’expansion, une ambition dévorante dont son fils Samudragupta dit « le conquérant » sera grandement à la hauteur. Chandragupta est alors le maître de la vallée du Gange, se fait donner le titre de mahârâjadhirâja ou grand roi des rois et fait de Pataliputra (aujourd’hui Patna) la capitale du royaume.

Avec Samudragupta (335-380), considéré comme le plus grand roi de l’ère Gupta, le royaume est étendu à 20 royaumes de plus. Une preuve de son extrême tolérance fut l’autorisation de construction d’un monastère bouddhiste à Bodh Gaya par le roi de Ceylan. Chandragupta II appelé aussi Chandragupta Vikramâditya succède à son père en 380. Même s’il poursuit les conquêtes de son père et de son grand-père, son règne va être plus marqué par des réalisations culturelles que militaires. L’empire est alors à son apogée. Fa-Hsien, moine et pèlerin bouddhiste chinois décrira l’empire comme un centre de civilisation important pour l’art, la littérature, la culture et la science dans ses nombreuses descriptions du monde indien. Chandragupta II délaisse en quelque sorte la ville de Pataliputra pour faire de Ujjain (une des sept villes sacrées de l’hindouisme) un des centres les plus importants du royaume. C’est sous le règne de son fils Kumarâgupta(413-455) qu’arrivent les premières menaces d’invasion du nord-ouest. Même s’il parvient en partie à conserver l’Empire et sa prospérité les menaces persistent. Kumarâgupta était un grand mécène ; il contribue fortement à la renommé artistique du règne, ainsi qu’à sa splendeur culturelle, grâce à l’université de Nalanda. Skandagupta (455-467) son fils, doit faire face à un ennemi redoutable en la personne des Huns ; il prouvera la valeur du peuple Gupta se montrant capable de les repousser et de gérer la situation de crise du pays avec beaucoup de diplomatie. Il est considéré comme le dernier des grands Gupta.

Statuette Gupta-Kali
Statuette Gupta-Kali
Ainsi, si des dates devaient aujourd’hui être avancées, nous pourrions nous risquer à dire que le règne Gupta, « l’âge d’or de l’Inde » s’étend de l’année 320 à l’année 467.

On peut rattacher cet âge d’or à celui de l’Iran qui, à travers la dynastie des Sassanides , contemporaine à l’ère Gupta, connu ses heures de gloire sur un plan tant politique qu’artistique ou religieux entre le IIIème et le VIIème siècle de notre ère.

Sur un plan plus artistique, on peut rapprocher l’art Gupta à l’art de Khajurâho , village du nord de l’Inde, célèbre pour ses temples et ses sculptures érotiques. Des 85 temples khajurâho qui furent construits entre 950 et 1050 de notre ère sous le règne de la dynastie Chandella, il n’en reste que 22. Néanmoins, c’est le site le plus visité après le Taj Mahal grâce à ses sculptures qui attirent les foules de par leur sensualité, leur fraîcheur et leur grâce.


L’art Gupta est un art visionnaire et très moderne. De par la douceur de ses contours, la sincérité et la précision des formes et des détails, l’espièglerie de certaines scènes, la grâce et l’humilité de certains visages, l’art Gupta est un art en or, un des plus exceptionnels au monde.


Adeline Journet pour www.buddhachannel.tv->

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