THE WEST AS CRUEL TO ANIMALS AS THE JAPANESE [[Traduit de l’Anglais par Hélène LE, pour www.buddhachannel.tv ]]
– L’OCCIDENT AUSSI CRUEL ENVERS SES ANIMAUX QUE LE JAPON
Le 22/ 01/ 2008
Abattage et fermes industrielles constituent deux manières de faire souffrir les animaux.
Le changement de l’opinion publique concernant la pêche à la baleine a été dramatique. Il y a trente ans, les bateaux de pêche chassaient les cachalots avec la bénédiction du gouvernement – mais il y a seulement deux jours un bateau des douanes australiennes, dans les eaux de l’Antarctique pour filmer les activités de pêche japonaises, a joué un rôle clé dans la libération de deux activistes opposés à la pratique.
La crise a débuté quand les activistes sont montés à bord d’un navire harponneur japonais mardi dernier. Le dirigeant du groupe conservateur Sea shepherd se refusant à cesser de perturber la flotte de pêche, les Japonais ont refusé de ramener les deux hommes. La négociation s’est terminée il y a deux jours.
« les baleines sont capables de jouir de la vie et de ressentir la douleur – pas seulement la douleur physique, mais aussi la détresse lorsqu’elles perdent un membre de leur groupe »
En 1977, le gouvernement australien, face aux protestations de Greenpeace, avait convoqué le juge retraité Sydney Frost, afin de mener une enquête sur la pêche à la baleine. En tant qu’Australien inquiet et professeur de philosophie travaillant sur l’éthique dans les traitements des animaux, j’ai fait une proposition : la pêche à la baleine doit prendre fin, non pas parce que les baleines sont en danger, mais parce qu’elles sont des mammifères sociables dotées de larges cerveaux, capables de jouir de la vie et de ressentir la douleur – pas seulement la douleur physique, mais aussi la détresse lorsqu’elles perdent un membre de leur groupe.
Les baleines ne peuvent pas être tuées humainement : elles sont trop massives – même avec des harpons explosifs, il serait difficile d’atteindre le point exact. Et parce que les baleiniers rechignent à utiliser de grandes quantités d’explosif, succeptibles de détruire l’huile et les chairs précieuses, les baleines harponnées meurent souvent lentement et douloureusement. S’il était question de vie ou de mort pour les humains, peut-être le cas éthique pourrait-il être compté. Mais tout ce que nous obtenons de la baleine peut être obtenu ailleurs sans cruauté. La chasse à la baleine n’est donc pas éthique.
M. Frost avait admis que les méthodes étaient inhumaines, observant « la possibilité réelle que nous parlons d’une créature qui possède un cerveau remarquablement bien développé et un haut degré d’intelligence ». Le gouvernement conservateur de Malcolm Fraser accepta sa proposition d’arrêter la chasse à la baleine, et l’Australie devint peu de temps après, une nation opposée à cette pratique.
Même si le Japon a suspendu son projet de tuer des baleines à bosse, sa flotte baleinière continuera de tuer des milliers de baleines, en majorité des mammifères marins plus petits. Le Japon justifie cela par la « recherche » – mais la recherche semble viser la constitution d’un cas scientifique pour la chasse commerciale; si la chasse à la baleine n’est pas éthique, la recherche est donc à la fois inutile et dépourvue d’éthique.
Les Japonais affirment que la discussion devrait être menée sur la base de preuves, et sans « émotion ». Ils pensent que le nombre des baleines à bosse a suffisamment augmenté pour que la mise à mort de 50 d’entre elles ne pose aucun danger à l’espèce. Sur cette conclusion hâtive, il se pourrait qu’ils aient raison. Mais aucune science ne nous dira si oui ou non, nous avons le droit de tuer des baleines. En effet, le désire de tuer des baleines n’est lié à aucun impératif de santé ou de nutrition; ils ‘agit d’une tradition à laquelle certains Japonais sont émotionnellement attachés.
Ils n’ont aucun argument qui n’est pas aisément réfutable. Ils clament que les pays occidentaux s’acharnent à imposer leurs croyances culturelles aux Japonais. La meilleure réponse à cet argument est que l’inconvenance d’infliger gratuitement des souffrances à des êtres vivants n’est pas une spécificité culturelle. (C’est par exemple, un précepte du Bouddhisme japonais).
Mais les nations occidentales sont dans une bien faible position pour donner une telle réponse, car ils infligent tant de souffrances inutiles aux animaux – à travers leur abattage (massacre australien de kangourous), la chasse et les fermes industrielles.
L’Occident aura bien peu pour se défendre contre la charge du penchant culturel, à moins qu’il ne s’attaque à la souffrance animale inutile, sur son propre terrain. GUARDIAN
Peter Singer, professeur de bioéthique à l’Université de Princeton, est l’auteur d’ Animal Liberation and The Ethics of What We Eat (avec Jim Mason).
Par Peter Singer
Source : www.theAge.com.au->