Le Sūtra du Lotus est l’appellation simplifiée du « Sūtra du Lotus blanc de la Loi merveilleuse », en sanskrit: Saddharma-pundarīka-sūtra, en chinois: Miàofǎ Liánhuā Jīng (妙法蓮華經), souvent abrégé en Fǎhuā Jīng (法華經), en coréen: Myobeop Yeonhwa Kyong, en japonais: Myōhō Renge Kyō, abrégé en Hokkekyō. Sa référence dans le Taisho est vol.9, n⁰262.
C’est un sûtra très populaire dans le bouddhisme mahāyāna. Il occupe une place primordiale dans des écoles mahāyānistes, c’est sur ce soutra que furent fondées les école Tiantai (T’ien t’aien) en Chine, Tendai et Nichiren au Japon.
Le terme mahāyāna y apparaît pour la première fois. Le soutra se présente comme une manifestation du plus haut degré d’enseignement bouddhiste, l’ekayana ou « véhicule unique », dans lequel les autres (hīnayāna, mahāyāna) sont subsumés. La notion des moyens habiles (upaya) y joue un rôle important, et une grande emphase est mise sur la dévotion qui, assure-t-il, peut sauver aussi bien que l’ascèse traditionnelle, en particulier durant la période de déclin du bouddhisme.
Le Soutra du Lotus se présente comme un enseignement prodigué par le Bouddha à la fin de sa vie terrestre, au mont des Vautours où furent donnés selon la tradition chinoise tous les enseignements mahāyāna. Ces enseignements, trop difficiles pour les gens de l’époque, devaient être révélés plus tard. C’est ainsi que le Soutra du Lotus aurait été conservé dans le monde des Nagas jusqu’à l’époque du quatrième concile. Selon la pensée mahāyāna, l’enseignement provient du bouddha éternel dont le Bouddha historique est la manifestation (nirmanakaya ou sambhogakaya).
Le texte, composé en plusieurs étapes, daterait d’entre le Ier siècle av. J.-C. et le milieu du Ier siècle ap. J.-C., soit plusieurs siècles après la mort du Bouddha. Selon le traducteur Burton Watson, il pourrait avoir été à l’origine écrit dans un dialecte prâkrit avant d’être plus tard traduit en sanskrit pour lui accorder une plus grande respectabilité. Jan Nattier1 a d’ailleurs proposé que ce serait le cas pour presque tous les soutras parvenus en Chine avant le IVe siècle. Des fragments en sanskrit d’une version d’Asie centrale indépendante de la version chinoise ont été retrouvés dans les années 19902.
Certaines sources considèrent que le Sūtra aux sens infinis (Muryogui Kyō en japonais) et le Sūtra de la méditation sur la dignité de celui qui cherche l’illumination (Fugen Kyō en japonais) seraient le prologue et l’épilogue du Sūtra du Lotus circulant indépendamment.
Bien qu’il y ait probablement eu plusieurs traductions en chinois, on a gardé la trace de seulement six d’entre elles, dont trois ont été conservées. Il fut d’abord traduit par Dharmaraksha en 286 avant d’être retraduit en sept fascicules par Kumārajīva en 406.
La première traduction en français fut faite en 1840 et publiée en 1852 par Eugène Burnouf, à partir d’une version sanskrite primitive postérieure aux versions chinoises. Il fut le premier à le traduire dans une langue occidentale. La première traduction anglaise fut faite en 1884 par Hendrick Kern, toujours à partir du texte sanskrit. D’autres traductions anglaises furent faites par Leon Hurvitz, Burton Watson et d’autres traducteurs, à partir du sanskrit ou du chinois.
Philosophie
Texte mahāyāna, le Soutra du Lotus envisage un « bouddha éternel », le dharmakāya, qui donne lieu à des émanations sous forme de sambhogakāya ou nirmānakāya. La forme qui y prodigue l’enseignement est le Bouddha historique.
Il définit pour la première fois le terme mahāyāna « grand véhicule » comme une voie plus efficace que celles de l’auditeur et du pratyekabuddha (bouddha solitaire) – qui ressortissent au hīnayāna, « petit véhicule » – et expose la notion d’ekayāna, « véhicule unique » subsumant les deux autres, dont il se veut l’expression.
Il affirme le credo mahāyāna selon lequel chacun peut prétendre à devenir bodhisattva et que les mérites accumulés peuvent être transférés. Il apporte des précisions sur la voie de bodhisattva, développant en particulier le don d’upaya qui permet de trouver les « moyens habiles » de guider les êtres sur la bonne voie du bouddhisme.
Il met l’emphase sur la puissance de la dévotion, particulièrement utile dans le contexte du déclin du bouddhisme, car les pratiques ascétiques et méditatives du bouddhisme originel y sont de plus en plus difficiles à pratiquer. Les terres pures d’Amitābha et de Bhaisajyaguru y sont mentionnées.
Wikipedia
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