Le Sangharajah BOUR Kry
Le choix d’une vie
Né en 1945 à Battambang dans une famille d’origine modeste, le jeune BOUR Kry fait le choix d’entrer dans les ordres à la fin de ses études secondaires. Une décision prise contre la volonté de ses parents qui souhaitaient le voir faire une grande carrière dans l’administration.
Dans l’Ordre Dhammayutta, le vénérable BOUR Kry approfondit ses connaissances du Pali et reçoit les différentes initiations spirituelles et traditionnelles du Théravada.
Après cette période de formation et d’étude qui a duré dix ans, il est nommé Secrétaire du Mékon, l’autorité spirituelle de la province de Battambang. Son supérieur qui apprécie ses compétences, le nomme responsable d’un monastère situé à la frontière khméro-thaïlandaise.
Avril 1975, c’est l’arrivée au pouvoir des Khmers Rouges dont la cruauté n’a pas épargné les moines, au contraire. Le vénérable BOUR Kry réussit à se réfugier en Thaïlande avant de s’exiler en France en 1976.
VIDEO : 60 ans du Sangharajah Bour Kry
L’exil en France
Arrivé en France, il alerte l’Eglise Catholique espèrant qu’elle dénonce la réalité du drame qui se déroule au Cambodge. C’est le sens de sa requête auprès du Pape Jean Paul II lors d’un entretien au Vatican.
Janvier 1979, c’est la chute du régime Khmer Rouge et le départ de centaines de milliers de Cambodgiens qui se réfugient en Thaïlande.
Beaucoup sont accueillis par la France. Ils sont pris en charge par les organismes sociaux mais aussi par des associations qui les aident dans leur intégration au sein de la société française.
En 1977, le vénérable BOUR Kry et quelques autres moines créent à Paris la première association religieuse cambodgienne, l’Association Bouddhique Khmère (ABK). C’est Maître BOUR Kry, en sa qualité de membre le plus ancien, qui dirige la communauté religieuse cambodgienne en France, comme le veut la tradition.
Grâce aux dons faits par les fidèles, l’Association Bouddhique Khmère acquiert en 1980 un terrain à Créteil en proche banlieue parisienne. Maître BOUR Kry décide de faire construire un temple, Vatt Khémararam. Une cérémonie de Consécration est célébrée, suivant la tradition bouddhique.
Vatt Khémararam se développe rapidement car le monastère répond aux besoins de la population cambodgienne de France. C’est aussi un centre bouddhiste ouvert à tous, sans distinction de races ni de religions, reflétant par là l’esprit œcuménique de son fondateur. En effet, Maître BOUR Kry noue sans cesse des liens qu’il qualifie « de fraternité et d’amitié » avec de nombreuses écoles de diverses traditions.
Maître BOUR Kry n’oublie pas le Cambodge. Il se rend fréquemment dans les camps de réfugiés d’Asie du sud-est pour y prodiguer une aide matérielle et morale. Il effectue ce travail dans le cadre de l’association Secours Bouddhique International, qui est créée en 1982. C’est une organisation à vocation humanitaire, distincte juridiquement du monastère Vatt Khémararam.
La renaissance de l’Ordre Dhammayutta
En 1991, c’est le Roi NORODOM Sihanouk qui lui confie la tête de l’Ordre Dhammayutta en le nommant « « Samdech Preah Sanghareach » ou « Suprême ou Grand Patriarche ».
Depuis les Accords de Paix de Paris de 1991, le Sangharajah BOUR Kry œuvre inlassablement à la relance de la vie monastique et à la réhabilitation des monastères et des écoles, laissés à l’abandon durant les décennies de guerre et de privation.
Le message de tolérance, de paix et de compassion
En décembre 1990, le Sangharajah BOUR Kry a entrepris en Inde, berceau du Bouddhisme, une marche de la Paix. Son message de tolérance, de paix et de compassion, il l’a délivré aussi en France, au Japon, en Thaïlande, au Népal, en Indonésie et à Taïwan lors des conférences internationales sur le Bouddhisme.
Il a également soutenu le message consensuel de Paix et de Non-violence exprimé par tous les chefs religieux à la 3eme Conférence Mondiale du Bouddhisme qui a eu lieu à Phnom-Penh au début de ce XXIeme siècle.
Le Grand Patriarche, conscient de la difficile réhabilitation de la société cambodgienne, veut aborder les problèmes les plus graves comme le SIDA ou la drogue.
Il écoute et dialogue avec les personnes qui peuvent apporter des solutions à ces maux. Il s’est ainsi rendu en mars 2001 à Chieng Maï, en Thaïlande, pour prendre connaissance des actions entreprises dans ce pays dans la lutte contre le SIDA.
Les pagodes et les écoles
Dans le cadre de la reconstruction du Cambodge, le Grand Patriarche apporte une contribution bouddhiste à la politique de développement rural menée par le gouvernement cambodgien.
Pour lui, le bouddhisme doit retrouver son rôle traditionnel dans l’éducation. Dans la société cambodgienne, une pagode est aussi une école de transmission des traditions et du savoir entre les générations.
Pour cela, le Sangharajah BOUR Kry entreprend l’indispensable travail de rénovation et de construction de monastères et de formation des jeunes moines.
En Juillet 2004, 150 monastères appartenant à l’Ordre Dhammayutta sont en état de fonctionnement dans tout le pays. A Païlin, un monastère a même été construit dans cette province « autonome » de l’ouest du Cambodge. Ici et ailleurs, le Grand Patriarche tient à ce que les monastères accueillent et aident les personnes âgées, les orphelins et les démunis.
La formation scolaire et religieuse des moines et des novices est organisée au Lycée Bouddhique Preah Sanghareach BOUR Kry, situé dans l’enceinte même du monastère Svay Popè à Phnom-Penh.
Par ailleurs, le Grand Patriarche, par le biais de l’Association Sangharajah BOUR Kry qu’il a récemment créée, a envoyé plusieurs jeune moines cambodgiens à l’étranger (Sri Lanka, Thaïlande, Indonésie, Inde) afin d’enrichir leurs connaissances.
Source : Journal CHATOMUKH, n° 165, Juin 2005