La capitale restant aussi peu représentative de l’archipel que Bruxelles ne l’est de la Belgique, il faut se rendre côté sud, à la rencontre de l’autre Japon. Petit guide à l’usage du gaijin, étranger en terre inconnue.
Reliée à Osaka par un tunnel, cette grande île du sud a fait l’histoire de l’archipel en accueillant dès la préhistoire les futurs Japonais, en résistant à l’invasion des Mongols, en s’ouvrant aux influences culturelles chinoises et coréennes, et en véhiculant le bouddhisme, l’écriture et la céramique. Au XVIe siècle, marchands et émissaires apportèrent le christianisme, les armes à feu et la médecine. L’île du sud est la plus ouverte de tout l’archipel, affirme Yuhko. À regarder ce paysage de prairies, de lacs et de forêts, ces vieux monts volcaniques autour du mont Aso, les fumées du Naga-Dake (1592 m), ces sources d’eaux chaudes colorées par les minéraux et entourées d’une végétation luxuriante, j’ai l’impression d’être transportée dans une estampe.
« La communion de la nudité »
Impossible de déroger à ce moment de détente collective où la nudité totale de rigueur permet, dit-on, de mieux se connaître. L’île de Kyushu est fameuse pour ses délicieux onsen, des installations de bains thermaux aux vertus thérapeutiques. En plein air parfois, publics ou dans le cadre d’un hôtel, ceux de Yufuin et de Beppu attirent des millions d’amateurs. Déjà, les chrétiens avaient importé leur puritanisme. Depuis la fin du XIXe siècle et les protestations américaines, sauf exception, les onsen ne sont plus mixtes. Assise sur un tabouret comme c’est la coutume, je me douche parmi mes voisines avant de me glisser délicieusement dans une eau à 50 ºC. Même chez soi, précise Yuhko, on se lave avant de se succéder dans l’eau propre du bain.
Ici, on ne se touche pas, on s’incline
Ni baiser, ni accolade, ni serrement de main. À peine si j’ai vu un ou deux couples – mariés – se tenir par la main. Les amoureux ? Ils se réfugient dans les love hotels, pouffe Yuhko. En revanche, quelle délicatesse. Je n’en revenais pas de voir la vendeuse, l’hôtesse, le gardien de musée ou le contrôleur se lever à mon approche et s’incliner. Une marque de respect bien plus courtoise que notre bise systématique. J’ai très vite pris le pli et plaisir à m’incliner en retour. Et puis, au coup de sifflet, je crie de surprise : pour fermer les portes des métros, des pousseurs en casquette et gants blancs vous pressent à vous briser les côtes. Repérables à leur autocollant rose, des wagons sont réservés aux femmes, indique Yuhko.
– Lire la suite sur : www.lesoir.be