Nous sommes tous des handicapés, soit avec d’importantes séquelles corporelles ou mentales, soit à travers une suite de petites défaillances et fragilités qui ne sont pas classées officiellement comme des handicaps.
Certaines écoles du bouddhisme voient le handicap comme le résultat karmique d’actions négatives antérieures. Cela n’empêche pas de voir chaque handicapé avec toute notre attention et tendresse. Que le handicap soit lourd ou non, avec un esprit ouvert, il peut se transformer en une chance pour avancer vers une meilleure adaptabilité. Cela est possible en chacun de nous, même au niveau de nos micro-handicaps qui alourdissent notre vie.
Avec Josiane, pendant des années, nous avons cheminé avec un groupe de malades en psychiatrie lourde. Nous avions demandé à ce que chaque patient quitte l’hôpital psychiatrique pour venir avec des infirmiers jusqu’à notre centre de bien-être, une manière de retrouver le monde extérieur. Les infirmiers pratiquaient les activités avec les malades, créant ainsi une nouvelle situation de partage qui cassait les clivages habituels soignants-patients développés dans l’hôpital. A travers des situations simples, des exercices amusants, des petits « massages » qui se voulaient une occasion d’être dans le « je donne, je reçois », les patients retrouvaient une place et se sentaient utiles. Les yeux redevenaient lumineux, l’atmosphère légère.
Pendant quelques années, nous avons suivi aussi Audrey, une adolescente trisomique qui avait pu poursuivre sa scolarité jusqu’en Troisième, ce qui est exceptionnel. Généralement, les trisomiques ne dépassent pas le primaire. Elle jouait au piano, et parlait couramment français, anglais et allemand. La mise en confiance installée par ses parents, les activités multiples et des espaces où elle avait une réelle place, avaient permis à cette jeune fille de vivre ce qui semblait au départ impossible. Chaleureuse, elle était pleine de compassion pour les animaux et voulait les soigner. Sa vie avait du sens.
Face au handicap, il faut que la personne retrouve du sens à sa vie, et une place dans la vie des autres. Cette piste si logique est porteuse de beaucoup de transformations.
Pour les handicapés corporels, l’image du corps est essentiel. La personne doit garder un schéma corporel incluant toutes les parties de son corps, même celles qui sont absentes. Dans ce cas, au lieu de voir la partie manquante et de rester centrée sur elle, l’attention se concentre sur tout ce qui va, le cœur qui bat, la respiration qui coule, etc… pour relier le membre fantôme par exemple avec le reste du corps. Ainsi la personne redevient entière, unique.
Face à chaque handicap, retrouvons la tendresse pour les autres ou nous-mêmes.
Faisons de cette difficulté une raison de plus de bien vivre. Magnifions la vie pour faire du handicap un chemin passionnant et une vie reliée aux autres.
Pour toutes nos petites faiblesses, nos manques, gardons une tendresse pour en apaiser les souffrances, et tournons-les yeux aussi sur la partie qui fonctionne bien. Retrouvons une vision juste et belle.
Cette vision juste, appliquons-la aussi à ceux qui souffrent d’un handicap important.
Alain et Josiane Delaporte-Digard
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