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Vers une doctrine du christianisme à la chinoise?

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Des chrétiens chinois célèbrent Noël dans une église catholique de Pékin, le 25 décembre 2012.
Des chrétiens chinois célèbrent Noël dans une église catholique de Pékin, le 25 décembre 2012.

La Chine va réfléchir à une « théologie chrétienne » bien à elle, qui sera « compatible » avec sa culture et son idéologie, le communisme. L’information, relayée par le journal China Daily cette semaine, émane du dirigeant de l’Administration d’État pour les affaires religieuses dans le pays.

« La construction de la théologie chrétienne chinoise doit être adaptée aux conditions nationales », « intégrer la culture chinoise » et « être compatible avec le chemin du socialisme ». Ces propos ont été tenus par Wang Zuo’an, de l’Administration d’État pour les affaires religieuses en Chine.

Pour Jean Charbonnier, prêtre catholique missionnaire et très grand connaisseur de la République populaire, cette démarche de l’État central n’est pas forcément hostile à Rome, compte tenu de l’évolution induite par la quatrième Constitution du concile Vatican II. « C’est aussi une préoccupation de l’Église, depuis longtemps, que de s’ouvrir désormais sur le monde et ses particularismes dans tous les domaines », explique-t-il, louant que « depuis plusieurs décennies, un travail de réflexion profond a été effectué au sein du centre de recherche sino-chrétien de Hong Kong sur la question du christianisme chinois ». Cela dit, ajoute-t-il, « il est vrai la formulation des autorités est ambiguë et peut prendre un sens bien plus politique, induisant un plus grand contrôle du Parti sur les affaires religieuses. »

Le fait religieux, un danger pour le régime officiellement athée de Pékin ? Potentiellement oui, selon Régis Anouil, rédacteur en chef de l’agence d’information Églises d’Asie, lui aussi fin connaisseur du cas chinois. « Dans l’histoire des dynasties du pays, relate-t-il, les grandes révoltes se sont souvent faites à l’aide de mouvements religieux, dont les capacités de mobilisation sont importantes. Dès la révolution maoïste, il a donc fallu les encadrer, comme le reste de la société civile. »

La Chine jalouse de son indépendance

« Contrairement au Vietnam, où il arrive aux évêques, lors des messes catholiques, de poser carte sur table, en évoquant les réformes qu’ils aimeraient voir engagées dans le pays, en Chine, aucun évêque, ni aucun prêtre ne prend la parole ou la plume pour décrire les manquements de ce régime autoritaire sur des questions sociales et politiques, relate Régis Anouil. Par contre, il y a une présence chrétienne impressionnante dans ces nouvelles classes montantes d’activistes défendant le parti du droit en Chine. Il faut donc émietter le mouvement, l’atomiser. Car si rébellion il y a, ça passera aussi par la religion. »

Au-delà du message véhiculé, potentiellement mobilisateur et déviant, Pékin se méfie aussi et surtout des tentatives d’ingérence étrangère qu’induit le christianisme. La Chine et le Vatican ont rompu leurs relations diplomatiques en 1951, après la reconnaissance par Rome du gouvernement de Taïwan. M. Anouil décrypte : « Toutes les religions doivent être contrôlables en Chine, mais c’est encore plus vrai concernant celles qui ont des liens avec l’étranger. Ce lien, il faut le couper. Outre le bouddhisme tibétain, ça vaut pour l’islam et le christianisme, qui ont une échelle universelle. »


– Source : RFI
– Lire la suite sur : www.rfi.fr




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