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Le « slow tourism », l’art de voyager différemment

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Plus besoin de voyager vite, pour voyager bien. Au contraire. La nouvelle tendance est au slow… Explications.

L’Europe en 10 jours? Aucun problème. Après tout, il ne faut rien louper. D’autant plus que la vitesse et le long parcours sont désormais à prix réduits.

Obsédés par l’idéologie du « tout faire, tout de suite », « nous perdons de vue l’essentiel », commente Pascale d’Erm dans son ouvrage Vivre plus lentement, un nouvel art de vie (Ulmer, 2010). L’essentiel: le sens du mot « profiter ». Et ce, même lorsque nous voyageons.

Seulement voilà, ce genre de séjours marathons pose problème. Ils sont « un luxe polluant car synonyme de déplacements rapides », expliquent Isabelle Babou, consultante en tourisme et Philippe Caillot, spécialiste de l’éthique et du développement durable, dans leur étude Slow tourism, slow (r)évolution?.

Le slow tourism est une remise en cause de ce tourisme là. Bien qu’il ne soit « pas un mouvement structuré », insiste Ghislain Dubois, maître de conférence et gérant du cabinet de conseil TEC, il tourne, à l’instar du mouvement slow Food, autour de 3 idées fondamentales: le respect de la culture locale et des spécificités, la réduction de l’impact environnemental et le retour au plaisir.

– Proximité

En effet, cette façon de voyager renoue avec le sens même du mot « tourisme » qui ne signifie pas forcement de voyager loin.

Pour réduire ses émissions de CO2, le slow traveller privilégie notamment la proximité. Il est vrai que collectionner les kilomètres n’est pas la promesse de plaisir. « Une escapade à brève distance peut réserver de bonnes surprises », constatent Isabelle Babou et Philippe Caillot.

– Durée

Autre solution: la durée. Elle favorise l’immersion dans une nouvelle culture ou dans une ville et non l’ubiquité à volonté. Thérèse Battesti, directrice du marketing et de la production chez Voyageurs du Monde, explique que les « clients ont envie de partir plus longtemps, de déguster le pays différemment. D’être comme des habitants ».

– Renouer avec le trajet

Cependant, l’acte touristique ne se cantonne pas seulement à la destination. Au contraire, il comporte également ce trop souvent indésirable trajet que l’on essaye de raccourcir au maximum.

Pourtant, « il est intéressant d’ouvrir les yeux sur le chemin… C’est quelque chose que l’on ne sait plus faire. Mais en fait, on prive le voyage d’une partie du plaisir », s’exclame Isabelle Babou. Il faut prendre le temps de s’arrêter, de découvrir et de profiter.

C’est pourquoi le slow tourism se fait généralement « by fair means », c’est-à-dire en bateau, à pied, en calèche, à la voile, à cheval, à pied avec son âne, etc. C’est au choix: « On ne déshabille pas un paysage en le traversant derrière la vitre d’un train ou d’une auto: on en retiendra au mieux le souvenir d’un fusement… le voyageur à pied, lui, peut, quitter la route pour des sentes mieux traités par les hommes, c’est-à-dire mois battues », peut-on lire dans le Petit traité sur l’immensité du monde (Pocket, 2005).

– Nouvelle manière de voyager?

La tendance n’est ni le fruit de l’esprit fertile des marketeux, ni même une nouvelle philosophie karmique. Il y a toujours eu des slow travellers comme Stevenson et des wanderers comme Goethe. Mais aujourd’hui, selon Ghislain Dubois, « beaucoup de signes montrent que cette tendance plait aux gens, les opérateurs développent (sans utiliser le terme de Slow tourism) des cycles de tourisme fluvial, des randonnées, etc ».

De plus, n’importe qui peut voyager lentement, « ce n’est pas une notion élitiste », remarque Pascale d’Erm dans son livre. L’offre peut aller du « très sophistiqué à la bobo comme un trek dans le desert, mais cela peut-être la réinterprétation de la randonnée, explique Ghislain Dubois, le slow tourism n’est pas une révolution, c’est une évolution des mentalités ».


Source: YOUPHIL




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