La parenthèse des Khmers rouges refermée, la cité perdue est redevenue l’un des sites touristiques majeurs du Cambodge et d’Asie.
Le Cambodge a longtemps inspiré des périphrases mêlant gentillesse et douceur. C’est pourtant ce pays paisible qui a connu les pires atrocités de la deuxième moitié du dernier siècle, entre 1975 et 1979. C’était sous le terrifiant régime de Pol Pot et de ses Khmers rouges, une organisation maoïste barbare qui a imposé une effroyable dictature, vidant la capitale de ses habitants, convertissant la population aux travaux des champs, séparant les familles et exterminant les intellectuels, entre autres crimes.
Découvert par un Franc-Comtois
Le bilan des années noires de la paranoïa rouge serait de l’ordre de deux millions de morts. Il a fallu aux survivants toute leur philosophie, empreinte de tolérance, de culture et de sens des valeurs, pour surmonter le traumatisme. Résistant au lavage des cerveaux, la foi dans le bouddhisme, que les psychopathes du “Kampuchéa démocratique” avaient évidemment bannie pendant les quatre années de leur délirante domination, a aussi aidé les Cambodgiens à retrouver, au sortir de l’épreuve, la spiritualité qui les caractérise depuis la nuit des temps. Elle s’exprime aujourd’hui dans la fréquentation des pagodes et des temples et dans l’atmosphère de ferveur qu’ils exhalent.
La religion occupe, depuis toujours, une place centrale dans la vie quotidienne des Khmers. En témoigne le phénoménal site d’Angkor où se concentre l’activité touristique d’un pays qui a retrouvé le sourire et accueille ses visiteurs avec cette gracieuse courtoisie qui, à l’exception des années d’abomination qu’il a vécues, fut de tout temps sa marque.
S’il fallait désigner une huitième merveille du monde, ce serait assurément celle-là. Angkor, ce sont, par dizaines, des temples dédiés à Bouddha et aux divinités de l’hindouisme. Edifiés entre le IXe et le XVe siècle, ils se déploient sur une zone dix fois plus vaste que Paris intra-muros. Ce fut jusqu’au début des années 1400 la capitale d’un empire qui s’étendait bien au-delà des frontières de l’actuel Cambodge.
Ensuite oubliée de tous sauf d’une jungle envahissante, elle a été redécouverte en 1860 par Henri Mouhot, un explorateur montbéliardais. Demeurés dans un état exceptionnel pour certains – dont Angkor Vat, le plus gigantesque –, ses temples, qui se reflètent entre les bouquets de nénuphars dans l’eau des bassins et des douves, éblouissent avec leurs tours en forme de lotus, leurs escaliers monumentaux, leurs immenses terrasses, leurs apsaras aux courbes sensuelles et les interminables fresques, qui racontent les guerres d’antan et l’histoire merveilleusement compliquée du Ramayana et du Mahabharata.
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