Accueil Espace Bouddhiste Bouddhisme Le bouddha peut-il être marocain?

Le bouddha peut-il être marocain?

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Plus besoin d’aller au Japon pour pratiquer le « Zen », on vous épargne le voyage. Unique dans l’Afrique et dans le monde arabo-musulman, le « temple Zen » de La ville de Casablanca -Maroc- fera l’affaire. Reportage…

A l’entrée du boulevard Al Wahda ( l’union ) au centre ville de Casablanca , se trouve un appartement pas comme les autres. A la porte, une inscription « l’acceptation du zen est de ne rien résoudre «  , on ne soupçonne point la présence de l’édifice d’un temple . Une simple impression. Car, c’est dans cet appartement que, trois jours par semaine, maître Driss Badidi s’investit pour enseigner la pratique du « Zazen » ( Za : s’asseoir, Zen : méditer ).
D’origine japonaise, le Zen est venu au Maroc via l’Europe, introduit par Claude Durix, un médecin français. Idriss Chah Badidi disciple de Taisen Dechimaru ( très grand Maître japonais ). Ayant commencé très jeune le zen, il s’imprègne rapidement de cette pratique.

L’univers du temple inspire la solitude. L’accès à l’appartement donne sur trois fauteuils . Une grande toile figure sur le mur à droite. « Ce serait une perte pour l’humanité si j’abandonnais cette œuvre » explique D.Badidi. Il s’agit d’un tableau dessiné en 1978 par le peintre mystique Allemand Hans Werner Geerdts (85 ans). Une inspiration à base de « taches » se dispersent de façon circulaire.

Puis, c’est tout en franchissant le petit vestibule qu’on trouve « le dojo », le temple ou le zen se pratique. A l’entrée un tas de livres attire l’attention . Quelques tableaux « made in Japan » apparaissent sur les murs. Une dizaine de petits coussins, les « Zafus » ( zafou ), sont à même le sol. Le reste de l’édifice se compose de deux vestiaires et une salle à coucher …

Loin des « doutes » qu’il suscite autour de son identité, le « Zen » peut-être conçu comme thérapie contre le stress provoqué par l’environnement urbain. D’ailleurs, comme affiché sur la porte de l’appartement, il ne faut surtout rien attendre du « Zen ».

Il s’agit bien de certaines règles à respecter en fonction d’un équilibre postural et respiratoire. Le port d’un habit noir, le « Kolomo », est de rigueur. A défaut de ce Kimono noir, c’est la Gandoura (habit traditionnel marocain) noire que l’on étrennera si l’on décide de faire de la méditation zen à Casablanca. Cette méditation passe par une adaptation à la posture du « lotus » ou « demi-lotus », en face du mur, les yeux mi-clos et la respiration bien contrôlée. « Pousser la terre avec les genoux et le ciel avec la tête «  , leur disait maitre Badidi.
Pour aider à se concentrer sur sa respiration, le groupe lit à haute voix, de plus en plus vite, un texte en sanscrit ! « ça attire plus notre attention et puis on n’y comprend rien « , d’après un disciple. C’est juste pour l’exercice !

En général, la séance dure environ une heure, entrecoupée d’une marche « Zen » (Kin-Hin) pour une dizaine de minutes. Les pratiquants finissent leur exercice par le chant de «  la sagesse suprême «  , ou le « Hanya Shing yo ».

En 1983, Driss monte alors « l’association Zen du Maroc » sous dahir marocain de 1958 des libertés publiques . Au départ les autorités ne comprenaient pas de qui il s’agissait . « Tazyin ? » a grimacé un ex-gouverneur … Puis elles se sont un peu méfiées quand elles ont senti un parfum de l’Asie et du bouddhisme. Or , le Maroc est un pays islamique et on ne plaisante pas avec ce genre de choses . Mais les statuts de l’association les ont rassurés : « toutes discussions politiques ou religieuses sont rigoureusement interdites », statuent-ils. Finalement, les officiels ont fermé l’œil et les membres ont pu exercer leur art en paix. Et depuis, le nombre de disciples n’a jamais dépassé une dizaine à la fois , c’est le « style Zen » ! Ils ont adopté la pratique de l’école « Sotozen » du Japon, qui correspond à l’environnement arabo-musulman. Zazen « a pris ainsi une coloration locale se débarrassant de toutes les coquilles qui peuvent entacher la foi islamique des adeptes «  nous disait maitre Driss Badidi.

Le zen « made in morocco », tranche M.Badidi, c’est comme un couteau sans lame et sans manche » !


Source: www.al-jarida.net




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