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Le dressage du taureau en dix images – Partie 4

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Enseignement de Maître Tokuda donné lors de la sesshin du 24 au 26 novembre 1995

Le dressage du taureau en dix images

Tokuda Senseï
Tokuda Senseï

Durant cette sesshin je vais faire des commentaires sur le dressage du bœuf en dix images.

Lecture du texte de Maître Kakuan


10. Dans le monde

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Pieds nus et poitrine nue, je me mêle aux gens de ce monde.

Mon vêtement est en haillons, il est couvert de poussière, et je suis bienheureux à jamais.

Je n’use pas de magie pour allonger ma vie ;

Maintenant, devant moi, les arbres morts deviennent vivants.

Commentaire : Ma porte fermée, un millier de sages ne me connaissent pas. La beauté de mon jardin est invisible. Pourquoi devrait-on partir à la recherche des patriarches ? Je vais sur la place du marché avec ma bouteille de vin, et m’en retourne à la maison avec mon bâton. Je visite le marchand de vin, le marché, et celui que je regarde devient illuminé.

Commentaire de Maître Tokuda

Sur l’image 10, deux personnes sont présentes : un moine bon vivant et le garçon, mais en réalité, ces deux êtres c’est vous.

Maître Dôgen disait que lorsque vous abandonnez votre corps et votre esprit, vous abandonnez aussi un autre corps-esprit.  Lorsque je deviens vacuité, lorsque je perds mon ego, je suis partout, une autre personne devient « moi-même », je deviens « un autre moi », ce qui signifie que je deviens moi-même. Auparavant, il y avait vous et moi, deux personnes différentes, soit la dualité, bien qu’en réalité « moi » est vous et « vous » est moi. Comme nous l’avons déjà fait remarquer, l’entraînement décrit dans les images 1 à 7 ne suffit pas. C’est à partir de la vacuité du stade 8 que notre vision change totalement.

Ce texte (image 10) nous dit : Pourquoi devrait-on partir à la recherche des patriarches ?  Ainsi fut la voie de Maître Deshimaru[6] qui quitta le Japon pour apporter le zen en France. Un maître japonais a dit que copier, calquer ses actes sur tout ce qui se passe dans un monastère, c’est cela l’illumination. Tous les jeunes maîtres de l’école Soto le comprennent ainsi. Où est l’illumination ? Où est la créativité ? Où est la liberté ? Pourtant, bien que copier la forme soit quelque chose d’important, ça n’est pas suffisant. Il faut tout oublier pour suivre son propre chemin, il faut créer avec une énergie forte et dynamique. Qui peut le faire ? Celui qui en est capable est appelé (en japonais) taiko, « le grand Moi ». Ce maître est déjà mon « grand Moi », car il a réalisé mon moi. En effet, cet être qui possède une énergie si puissante est capable de changer la vie d’un autre être. S’il ne possède pas cette énergie, s’il reste au stade de l’imitation, il saura se servir des ôkyôki (les bols), faire les cérémonies etc., mais il n’ira pas au-delà.

Si ce maître rencontre un jeune garçon, au marché de la rue Daguerre par exemple, il n’aura pas besoin de lui dire : « Je suis un maître », ni de lui parler du Dharma, car le simple contact avec ce maître pourra changer la vie de ce garçon et faire en sorte qu’il décide de commencer à pratiquer. Si un simple contact suffit, c’est qu’il s’agit d’un grand maître. Sans que le maître ait besoin de donner des explications sur le Dharma, le jeune garçon va se mettre naturellement à étudier les stades 1, 2, 3, 4, etc., il va commencer sa lutte avec le bœuf. Le simple fait de faire naître ce genre de motivation montre la capacité, la qualité des grands maîtres. Ce grand maître, c’est aussi vous-même.

En fait, ces trois dernières images ne décrivent pas des états différents qui se succèdent mais représentent un autre aspect de vous-même. Dans l’état de vacuité, ou d’unité, lorsque vous voyez une fleur, vous vous voyez vous-même. Vous voyez cette fleur, vous pénétrez en elle, votre « soi » ouvre cette fleur et quand une fleur s’ouvre, le monde apparaît. Alors, tout ce que l’on voit, que ce soit beau ou laid, tout est soi-même. Surgit alors l’amour, la compassion, l’envie d’aider les autres tout en comprenant qu’aider les autres, c’est s’aider soi-même. Normalement il est facile de se comprendre soi-même et difficile de comprendre l’autre, mais dans cet état de vacuité, vous comprenez l’autre comme s’il était vous-même, vous réalisez que nous sommes tous semblables : nous avons les mêmes problèmes, nous rencontrons les mêmes difficultés, nous éprouvons les mêmes attachements…

Quand le grand Soi et le jeune garçon se rencontrent, à partir de là le cycle des images 1 et suivantes se répète. Dans « Genjô kôan[7] », Maître Dôgen nous dit : « Etudier la voie du Bouddha c’est s’étudier soi-même. S’étudier soi-même c’est s’oublier soi-même. S’oublier soi-même c’est être éveillé par toutes les existences. Etre éveillé par toutes les existences c’est abandonner son propre corps et son propre esprit comme le corps et l’esprit de l’autre. Alors les traces de l’éveil s’évanouissent et l’esprit-et-éveil sans trace se poursuit éternellement.[8] »
Quand ce jeune garçon s’est éveillé au grand Soi, il recommence indéfiniment le cycle de l’entraînement. Ce cycle, qui représente l’éternité, c’est vous-même. Il est très important d’oublier.

Dans le texte de l’image 8 il est dit : « Si des centaines d’oiseaux jonchaient de fleurs mon chemin, un tel hommage n’aurait aucune signification », ce qui signifie qu’arrivé à ce stade, le jeune garçon aurait honte de laisser des traces.

Subhûti, un des grands disciples du Bouddha – spécialiste des théories sur la vacuité – est un jour assis en zazen. Alors qu’il entre en samâdhi, une pluie de pétales de fleurs tombe sur lui. Il dit : « Que se passe-t-il ? » Une voix lui répond : « Je suis le dieu de la vacuité. – Mais que faites-vous ? – Je vous manifeste mon admiration car vous parlez si bien de la vacuité ! – Mais je ne dis rien, je suis juste là. – Mais c’est bien pourquoi vous parlez si bien de la vacuité. » Et les pétales de fleurs continuent de tomber sur Subhûti qui en fait éprouve de la honte que quelqu’un, fut-il un dieu, ait pu le voir.

Dans l’école Soto, il y a un entraînement appelé « La voie de l’oiseau », parce que l’oiseau ne laisse pas de traces. Laisser des traces est une honte, car quelqu’un peut voir ces traces, donc vous-même. Et, quand on vous admire et que l’on vous fait des offrandes, vous pensez que tous ces cadeaux, ces marques de respect, ces honneurs, prouvent que vous êtes parvenu au plus haut degré de votre entraînement. L’ego se manifeste et à cet instant, vous retombez. Le Soi n’est pas l’ego, c’est l’univers. Comment pouvez-vous vous satisfaire de votre petit entraînement ? Comment pouvez-vous être fier de cet entraînement ? Même si vous avez beaucoup de disciples, un sangha[9], tout cela n’est rien, car tout est vacuité. La grande compassion agit, non seulement envers votre environnement, le sangha, ou les patients de votre cabinet. La grande compassion est sans condition, elle transcende le temps, elle ne se limite pas à l’environnement présent, elle est également dirigée vers les gens du futur, vers ceux que l’on n’a pas encore rencontrés, elle transcende l’espace. Au-delà du groupe auquel nous appartenons, la grande compassion permet d’entrer en contact avec des gens qui ne sont pas là physiquement. On parle souvent d’« espace-temps », mais j’aimerais beaucoup qu’on m’explique ce qu’est cet espace-temps…

Jamais vous ne m’entendrez dire que mon groupe est unique parce qu’il bénéficie d’une transmission directe, authentique. Je dirais plutôt que ce groupe Maha Muni bat de l’aile, mais que l’on continue parce qu’on n’a pas le choix ! Et grâce à Dieu, puisqu’il nous est permis de continuer, Maha Muni ne va pas mourir tout de suite.

Je dois me rendre au Brésil et je vous avertis que je compte revenir avec cinq kyôsaku[10]. En fait, cinq kyôsaku ne suffiront pas, car j’en casse cinq par sesshin. Je suis un spécialiste pour briser les kyôsaku. A mon retour,  préparez-vous ! (Rires)

Le temps nous manque pour commenter ces dix images en détail. Hier, nous avons parlé de l’image 8, concernant la vacuité, le « Rien absolu ». Sur l’image « Le bœuf et le moi  sont tous deux transcendés », le bœuf et le moi sont tous deux oubliés, le garçon et le bœuf ont disparu totalement. Souvenez-vous, le garçon n’est pas seulement à la recherche du bœuf, ce bœuf est le soi qui se cherche, ou le moi qui cherche le Moi. Ce stade 8 où le garçon et le bœuf disparaissent est le stade le plus important. Dans le bouddhisme, l’enseignement fondamental est celui de la théorie de anâtman (« non-ego »), qui signifie aussi l’impermanence. Dans la notion d’impermanence, il y a la notion d’interdépendance des phénomènes. On ne peut parler d’« identité » puisqu’en réalité il n’y a pas d’ego, l’ego étant une illusion.

Nous avons dit que les stades 1 à 7 représentent le processus de l’entraînement de soi-même. Bien que ces étapes soient très importantes, s’il l’on ne parvient pas au stade 8, les phases précédentes ne représentent pratiquement rien.

Maître Dôgen disait que bien que contrôler son esprit soit très important, la véritable maîtrise de l’esprit consiste à ne plus avoir besoin de le contrôler. Il est bien sûr très important de s’entraîner durement dix à seize heures par jour, se lever très tôt le matin, ne pas trop manger, ne pas s’allonger, ne pas trop dormir, mais ça ne suffit pas, il ne s’agit là que de l’entraînement de base. Parmi tous ces gens qui ont déjà pratiqué ainsi, combien d’entre eux ont-ils pour autant obtenu l’illumination ? Bien peu, sans doute, car la maîtrise de l’esprit est très difficile. Toujours selon Maître Dôgen, il n’est pas nécessaire de brûler de l’encens, de se prosterner, se confesser, de chanter des sûtras…, il faut juste s’asseoir et laisser tomber le corps et l’esprit. Dans l’école Soto, on a un peu abandonné cette pratique shikantaza « juste s’asseoir ». Peut-être l’école Rinzai pratique-t-elle zazen plus assidûment.

Quand on lit les livres de Maître Dôgen, notamment le Zuimonki[11] ou le Hôkyoki, on constate que son maître[12] était un maître très dur. Lorsque des moines s’endormaient pendant le zazen (les périodes de sommeil étaient très courtes), le maître utilisait non seulement le kyôsaku mais également sa pantoufle pour les frapper. Lorsque le responsable des moines disait au Maître : « Parce que nous dormons très peu, beaucoup de moines s’endorment en zazen. Ne pourriez-vous pas nous accorder un peu plus de repos ? Notre zazen serait meilleur », le maître répondait : « Non, absolument pas, car nous sommes paresseux de nature et le fait de dormir plus longtemps ne fera que nuire au zazen ». Et il ajoutait : « Je vieillis, mes forces décroissent, je n’ai plus la force de vous frapper convenablement et c’est pourquoi les moines ne deviennent pas de bons moines. » Parfois il disait : « Je vous frappe, et j’en suis désolé, mais c’est mon devoir, je dois le faire. Je vieillis et je vais bientôt me retirer. Il est nécessaire que je vous batte afin que vous deveniez de bons moines ou des futurs maîtres. C’est pour cela que je vous frappe, et pourtant cet acte m’effraie moi-même. » A cette époque, les moines pratiquaient zazen de deux heures du matin jusqu’à vingt-deux heures, ils ne dormaient que quatre heures, et comme il n’y avait pas de kin-hin[13] lorsqu’ils étaient trop fatigués, ils se levaient, allaient à l’extérieur pour se délasser et revenaient dans la salle de méditation.

Un jour, Maître Nyojô dit à Maître Dôgen, son disciple : « Vous restez assis jour et nuit, vous êtes vraiment très bon ; lorsque vous verrez un nuage pourpre descendre sur vous, et que vous sentirez un parfum délicieux, ce sera le signe que le moment est arrivé. Je vous en prie, continuez à pratiquer ainsi. »

Lorsque Maître Nyojô disait : « Je suis désolé de vous frapper ainsi, mais c’est nécessaire pour vous éveiller », certains moines se mettaient à pleurer, preuve que cet acte de frapper n’était pas une manifestation de violence ou d’agressivité, mais un acte d’amour profond. D’ailleurs beaucoup de moines, ayant compris cela, souhaitaient recevoir plus souvent le kyôsaku. Cette pratique qui existait dans l’école Soto a pratiquement disparu de nos jours. Maître Sawaki[14] pratiquait plus ou moins de la même manière, particulièrement dans ce monastère situé dans la montagne, où il était entouré de bêtes sauvages. A cette époque, il pratiquait de façon très rigoureuse, de deux heures à vingt-deux heures. C’est probablement l’époque où Maître Deshimaru a pratiqué avec lui en temps que laïc. Bien que certains laïcs devenus des moines n’aient pas eu, contrairement aux disciples, de contact personnel avec Maître Sawaki, leur vie a été totalement transformée par l’influence de Maître Sawaki, et par la suite, ils se sont voués entièrement à la pratique de zazen. Ceux qui ont participé ensemble avec un maître comme Maître Sawaki n’oublient jamais cette expérience et lorsqu’ils se rencontrent, même des années après, ils se reconnaissent comme ceux qui ont franchi ensemble « la porte du dragon ». Il y a trois ou quatre ans s’est tenue aux Etats-Unis une sesshin spéciale organisée par le maître du temple de San Francisco, à laquelle j’ai participé avec d’autres maîtres de l’école Soto, parmi lesquels Maezumi Rôshi. Lors d’un teishô[15], un maître a dit : « Je n’ai jamais pratiqué avec Maître Sawaki mais la lecture de ses livres a transformé ma vie à tel point que je me considère comme l’un de ses disciples. »

Lorsque survient cette expérience du non-ego, de vacuité, il est très important de la transmettre. Cet état que l’on nomme « le soi sans le soi » est celui de la mort de l’ego, de la mort spirituelle. Dire qu’une personne est la réincarnation du Bouddha Maitreya, par exemple, c’est s’exprimer du point de vue de l’ego. En fait, lorsqu’on entre dans cet état de vacuité et qu’à partir de cette vacuité on revient sur terre, cette réincarnation est la réincarnation de « rien », du vide absolu. Le Bouddha Śâkyamuni, Bodhidharma… se sont réincarnés des milliers et des milliers de fois, dans ce sens de réincarnation de la vacuité, ce qui signifie aussi que le Bouddha Śâkyamuni et le Bouddha Maitreya pratiquent en ce moment avec nous. On dit que le Bouddha Śâkyamuni et le Bouddha Maitreya sont les serviteurs de l’autre. Mais qui est cet « autre » ? Cet « autre » est la vacuité. Le Bouddha Śâkyamuni et le Bouddha Maitreya viennent de cet « autre », cette vacuité, dont ils sont les serviteurs. Le véritable Soi est vacuité. Il nous faut comprendre cela et ne pas faire d’erreurs.

Sur toutes les images du texte de Kakuan, nous remarquons non seulement que la vacuité est représentée par un cercle, mais que ce cercle est présent sur chacune des 10 images, bien qu’à l’intérieur les scènes soient très diverses. Cette vacuité est constamment présente, sur ces images et en nous-mêmes, quelles que soient les circonstances, quels que soient nos plaisirs ou notre souffrance, que nous pratiquions ou que nous cherchions le bœuf. En comprenant cela, nous pouvons changer le karma de notre passé. Au cours de votre recherche, il y a des moments où vous êtes confus, vous traversez des périodes éprouvantes bien que tout en vous-même ne soit que parfaite vacuité. Si vous comprenez cela, dans votre recherche du bœuf, toutes vos questions, tous vos doutes se transformeront et vous pourrez alors accepter ce qui se passe dans le monde sans en être affecté, car il n’y aura plus de dualité ; il n’y aura plus de notion de bien et de mal, vous verrez le monde comme étant parfait. Cependant, cela ne suffit pas, car nous avons besoin de la sagesse pour évoluer dans ce monde matériel.
Comme le dit le commentaire de l’image 1 : « Le taureau n’a jamais été égaré. Quel besoin y a-t-il de le rechercher ? » En fait, tout vient du « moi » ; à la demande du « moi », on part à la recherche du « moi ». C’est ce qu’on appelle « l’éveil de la nature de bouddha ». Bien que nul ne sache comment ça se produit, je suis sûr d’une chose : si vous êtes ici, aujourd’hui, c’est que par le passé vous avez déjà pratiqué zazen et que vous êtes revenus pour continuer à pratiquer.

J’ai dit que l’image 8, « la vacuité absolue » est particulièrement importante. Mais, si l’on reste à ce niveau sans accéder à l’expérience des images 9 et 10, tout cet entraînement n’aura servi à rien. Le bouddhisme n’est pas facile à comprendre, à tel point que des philosophes ou des représentants d’autres religions le considèrent parfois comme une forme de nihilisme. Etudier le bouddhisme d’un point de vue théorique n’est pas suffisant. Le moment de l’expérience réelle de la vacuité est suivi immédiatement de la renaissance, du retour à l’origine. Le stade que l’on appelle « la grande mort » est suivi de « la grande renaissance ».

Lors d’une sesshin précédente, j’ai dit que l’univers entier ne nous cachait rien. Une personne va dire : Il y a tellement de choses différentes dans ce monde ! C’est merveilleux, c’est une manifestation de la gloire de Dieu ; une autre personne dira : Pour moi, le merveilleux c’est que toutes ces choses sont « Une », c’est la présence de Dieu. Dieu, ou la nature de bouddha, c’est le Soi. A partir de la vacuité la fleur s’ouvre.

Revenons sur l’image 9, « Atteindre la source ». En observant tous les phénomènes, vous commencez à lire les sûtras et ainsi s’accomplit cette rencontre avec vous-même, au sein de la nature ; vous n’êtes plus séparé de la nature, vous êtes la nature et de ce fait, vous êtes conscient qu’il faut prendre soin d’elle. Vous devez, non seulement prendre soin de la nature, mais de tous les êtres, sans discrimination. C’est : être avec l’autre, c’est : soi-même qui rencontre un autre soi-même, c’est également : le soi qui rencontre le grand Soi, et ainsi le Dharma se transmet éternellement. C’est le secret de l’anâtman (le non-soi), de la réincarnation du non-ego. Mais, comment le non-ego peut-il se réincarner ? Si quelqu’un me demande : « Est-ce que dans le bouddhisme, la réincarnation existe ? », je réponds : « Oui et non, c’est une question de point de vue. » Tout est vacuité et tous les phénomènes sont interdépendants et conditionnés. D’un autre côté, lorsque vous entrez dans la vacuité, vous pouvez revenir sur terre maintes et maintes fois, en toute liberté, vous pouvez choisir vos parents, choisir le moment et le lieu de votre naissance pour continuer à aider les autres. Si vous croyez en la réincarnation, vous avez le choix entre refaire le même genre d’expérience ou changer totalement de vie. Si vous souhaitez retrouver le même genre de vie, c’est que cette vie fut très heureuse. Il y a énormément de choses à réaliser et très peu de temps pour le faire, c’est la raison pour laquelle il faut revenir de nombreuses fois, et c’est pourquoi nous disons que la vie de bouddha est éternelle.

Nous n’avons pas le temps faire des commentaires approfondis sur ces images, particulièrement celles de 2 à 7, et j’en suis désolé, mais comme je l’ai déjà souligné, je vous en prie, lisez les commentaires et interprétez-les vous-mêmes.

Merci de votre attention.

Fin de la sesshin.

FM/ ST – vu par Maître Tokuda.

[6] : Maître Taisen Deshimaru (1915-1982), venu à Paris en 1967, a ouvert de nombreux centres zen en France et en Europe. en 1980, il a fondé le Temple de la Gendronnière.

[7] : Chapitre du Shôbôgenzô, de Maître Dôgen. Traduit en français par : 1) Bernard Faure in Dôgen, La vision immédiate – Editions Le Mail, 1987 ; 2) Yoko Orimo in Maître Dôgen, La vraie Loi, trésor de l’Œil, Textes choisis du Shôbôgenzô – Editions du Seuil / Inédit Sagesses, 2004.

[8] : Traduction : Eric Rommeluère.

[9] : Une communauté.

[10] : Kyôsaku. Littér. « bâton d’éveil ». Bâton aplati de 75 cm à un mètre de long dont on se sert pour frapper sur les épaules ou le dos des « méditants assis » dans un monastère zen pour les encourager ou les stimuler au cours des périodes de Zazen. (Cf. Dictionnaire de la sagesse orientale).

[11] : Traduit en français par Kengan D. Robert : Enseignements du maître zen Dogen – Editions Sully.

[12] : Maître Nyojô (1163-1228).

[13] : Kin-hin. Exercice du zen qui consiste à marcher. On le pratique dans les monastères entre les périodes de méditation assise (Zazen). (Cf. Dictionnaire de la sagesse orientale.)

[14] : Maître Kôdô Sawaki (1880-1965), surnommé « Kôdô sans demeure », car il refusait de s’installer dans un temple.

[15] : Teishô. Enseignement d’un maître zen durant les sesshin.


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