Pour maître Thich Nhat Hanh, la fraternité de Jésus et de Bouddha est une évidence lumineuse. Il en fait l’expérience quotidienne avec le regard et la lucidité de la pleine conscience : » Nous pouvons dire que lorsqu’un bouddhiste rencontre un chrétien, le Bouddha rencontre Jésus. De plus, Bouddha et Jésus doivent se rencontrer à chaque instant en nous. Dans notre pratique quotidienne, nous avons besoin de toucher l’esprit du Bouddha et l’esprit de Jésus pour qu’ils se manifestent. Nous avons besoin de leurs énergies pour pouvoir embrasser notre peur, notre désespoir et notre anxiété.
Un livre, composé de six enseignements donnés par maître Thich Nhat Hanh lors de célébrations de Noël, nous engage à redécouvrir la source de l’expérience spirituelle dans Bouddha et Jésus sont des frères aux éditions du Relié. Maître Thich Nhat Hanh sait non seulement parler aux bouddhistes et aux chrétiens un langage dans lequel ils se reconnaîtront, mais il leur montre une voie de fraternité féconde et authentique, qui est un chemin de vie. Car, dans la réalité de la pleine conscience, Jésus n’est pas forcément chrétien, ni Bouddha bouddhiste. Au contraire.
Les notions que nous avons de Jésus et de Bouddha sont peut-être bien les obstacles qui nous empêchent de nous relier à eux et de les laisser vivre à l’intérieur de nous. Un maître zen déclare avec un ton provocateur, propre à ce type d’enseignements qui bousculent les idées reçues et le prêt-à-croire : “Chers amis, savez-vous que chaque fois que je prononce le mot Bouddha, je dois aller aux toilettes me rincer la bouche au moins trois fois ?” Maître Thich Nhat Hanh commente : “Avez-vous une notion de Bouddha ? Si tel est le cas, prenez garde !” Car les leçons de l’histoire montrent qu’on tue, on massacre, on détruit au nom de la foi en Bouddha ou en Jésus, au nom de l’amour de Bouddha et de Jésus.
Mais une telle foi, un tel amour, capables de donner la mort, ne sont que des notions, des concepts fabriqués par le mental qui n’est pas en prise avec la réalité. Tout l’enseignement de maître Thich Nhat Hanh est de nous rappeler qu’en embrassant la vérité intime de la foi nous entrons sur la voie de l’union, corps et esprit réunis dans l’énergie de l’amour.
Lire les évangiles ?
Il est rare que des non-chrétiens aient lu les Évangiles.
Les bouddhistes comme les autres, quand ils parlent de Jésus, sont souvent réductionnistes : ils ne connaissent pas. Mais voilà qu’un livre est paru, signé par le Dalaï-Lama, “coaché” par Laurence Freeman : ce bénédictin américain, rompu aux spiritualités orientales, dirige à Londres l’Association mondiale de méditation chrétienne.
Chaque année, ils invitent une personnalité à s’entretenir pendant une semaine… après avoir effectué une vraie préparation. Le résultat est rapporté dans Le Dalaï-Lama parle de Jésus, chez Brépols (et en poche). Enfin une parole vraiment intéressante d’un bouddhiste sur le christianisme. Enfin des chrétiens qui osent parler du Christ sans le réduire à une éthique. Parce que dire qu’on est pour la compassion, contre la violence, etc., c’est sympa, mais ça ne fait rien avancer.
– Par: Par Nguyen Huu Khoalt et Sanafraj Bey
Source: Nouvelles Clés
Lectures conseillées :
Dalaï-Lama, Le Dalaï-Lama parle de Jésus, Editions J’ai Lu, 2000
Thich Nhat Hanh, Bouddha et Jésus sont des frères, Ed. Le Relié,2001
Thich Nhat Hanh, Bouddha vivant, Christ vivant, Collection : Voyageurs immobiles
Liogier Raphael, Jésus, Bouddha d’Occident, Ed. Calmann-Lévy,1999