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Parabole Soufie — Le luth céleste

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Un Maître soufi avait un fils de cœur qui excellait dans ses pratiques spirituelles. Un jour cependant, son disciple lui fit part d’une lassitude qui l’envahissait parfois devant le peu de progrès qu’il observait en lui-même.

Son Maître réfléchit, montra de sa main un point invisible dans le lointain, et lui dit :

« Pars là-bas pour le village qui est au-delà de la forêt et du désert. Lorsque tu le trouveras, cherche en son centre trois échoppes. Lorsque tu les trouveras, il te sera révélé le secret que ton cœur cherche. Et souviens toi que si l’homme détruit par l’antagonisme des forces, Dieu construit dans l’harmonie des contraires.»

Le disciple remercia son Maître, le salua et partit sans attendre.

Il traversa la forêt, ne s’arrêtant que pour boire quelques gouttes de rosée sur les feuilles des arbres, et se reposer quand ses jambes ne le portaient plus. Il traversa le désert, ne s’arrêtant que lorsque le feu des dunes et du soleil surpassait l’ardeur de son cœur, ou lorsque les griffes des tempêtes de sable lui voilaient l’étoile qu’il suivait.

Il finit, à bout de force et consumé d’espérance, par arriver dans le village situé au-delà de la forêt et du désert, et il chercha en son centre les trois échoppes. Lorsqu’il trouva la première, il vit que c’était là la boutique d’un étrange menuisier, dans laquelle semblait traîner un amoncellement de morceaux de bois de toutes formes. Déconcerté, il sortit, et se mit en quête de la seconde. Lorsqu’il en poussa la porte, il découvrit à l’intérieur une multitude de bobines de fils de fer empilées les unes sur les autres. De plus en plus confus, il poursuivit ses recherches, pour ne trouver finalement dans la troisième échoppe que divers morceaux de métal disparates et éparpillés sur un sol poussiéreux.

Anéanti et hébété par ces trouvailles qui ne ressemblaient en rien à un trésor que son coeur pouvait chercher, il se laissa tomber sous un arbre, sur la place du village.

Le soleil termina sa course par delà l’horizon, la nuit s’épaissit peu à peu, et le silence envahit le village. Le disciple était toujours là, immobile.

C’est alors que doucement, une mélodie envahit l’espace, une mélodie qui semblait vibrer avec le scintillement des étoiles, soupirer avec les bruissement des feuilles dans les arbres, et épouser le silence de la pureté de ses notes.

Il ouvrit les yeux sous l’effet de l’indicible extase qui l’emplissait, et découvrit un luth qui jouait seul sous la douce lueur de la lune. Il s’aperçut que l’instrument était composé de morceaux de bois, de fils de fer, et de morceaux de métal qu’il avait vu dans les échoppes, et il connut l’éveil.


D’après un conte soufi et un adage gnostique

Sophie Alvarez pour www.buddhachannel.tv




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