Lancé voilà une trentaine d’années au Japon pour relancer les arts martiaux auprès des jeunes, le Sport Chanbara, allie tradition et modernité. Il commence à se développer un peu partout dans le monde.
Le bruit des armes
D’un coup sec, le général en chef a déployé l’éventail portant l’emblème de son clan et levé haut son bras. C’est le signal de l’assaut. “Mae, ajime!”: en avant! Il dégaine son long sabre courbe, lance sa monture et dévale la colline au galop vers le clan ennemi suivi, dans une immense clameur, par ses milliers de “bushi” (guerriers) et de “samouraïs” (fidèles chevaliers).
Les combattants en arrivent rapidement au corps à corps. Les lames s’entrechoquent, les lanciers à pied suivent sur les côtés et des volées de flèches couvrent leur progression. Le vacarme est indescriptible: chocs des aciers et bois des armes, cris des combattants, hennissements des chevaux, tambours, sons de conques. C’est le “chanbara”, onomatopée décrivant, en langue japonaise, le vacarme de la mêlée.
Naissance d’un nouveau sport
C’est avec ces images en tête que Tanabe Tetsundo, enseignant de Kendo (combat au sabre avec des armes à structure de bois et bambou) et également moniteur de self-defense dans la police, a mis au point , au début des années 70 ce qu’il dénomma le “Sport Chanbara”. Un sport dépouillé de son aspect combat de rue, c’est à dire sans atémis, ni coups de pieds, de poings et projections, pratiqué avec des sabres courts et longs fabriqués avec une tige en PVC recouverte par une protection de mousse et une housse de toile. Les adversaires, également protégés par un casque léger et des gants, s’affrontent alors en duel en portant sans retenue des frappes réelles, mais sans risques, avec des techniques fondamentales et très mobiles d’attaques, de parades, d’esquives et de contre-attaques.
Respect des autres et de soi-même
Comme dans tout art martial comme le kendo et le iaïdo (voies du sabre), l’apprentissage est progressif dans le respect des autres, de soi-même et du Dojo. Cela parait simple mais en réalité, le moindre détail compte : position des mains, des pieds, du corps et concentration d’esprit. La frappe doit être rapide comme l’éclair mais à bon escient. Il s’agit de vaincre un adversaire, mais surtout soi même et son propre égo.
L’objectif de M. Tetsundo était double : relancer les arts martiaux au Japon auprès des jeunes japonais en leur proposant un sport de combat ludique, attrayant et peu coûteux tout en maintenant “l’esprit” de ces arts martiaux de nature à attirer aussi les moins jeunes. Dans un premier temps, les petits et les grands se défoulent sans complexes, puis peu à peu, les techniques s’affinent et les combattants retrouvent progressivement des techniques de duel ancestrales et des situation de combat réelles, ou la sanction était la victoire …ou la mort.
Des dizaines de milliers de pratiquants
Ce souhait a été largement comblé. Au Japon, environ 200.000 pratiquants à partir de trois/cinq ans jusqu’à l’âge adulte “jouent” maintenant au samouraïs à l’école, dans les salles de sport et dans les dojos. Ils sont chaque année plus nombreux. Une fédération nationale et internationale a été créée et ce sport a essaimé dans plusieurs pays étrangers. Des compétitions régionales, nationales et internationales se déroulent chaque année. Les Japonais y sont rois, bien sûr, mais ils sont maintenant fortement talonnés sinon devancés par des équipes nationales fortes en Corée, en Russie, en Italie et en France (où l’on compte environ 1.200 pratiquants réguliers).
La France à l’honneur
L’équipe nationale française a pour sa part forcé le respect des Japonais en atteignant des sommets depuis deux ans dans les compétitions internationales avec plusieurs médailles d’or, d’argent et de bronze en individuels et en équipes. L’année dernière, à Yokohama, c’est un jeune français de 21 ans, Alain Girot, qui a remporté le titre envié de champion du monde toutes catégories (sabre court, sabre long, lance et poignard…).
L’équipe de France est maintenant très enviée par les autres équipes nationales qui voudraient bien savoir comment se déroule précisément son entraînement dont on sait qu’il est très rigoureux. A tel point que la France commence à faire référence en Chanbara, même vis à vis du Japon, berceau des arts martiaux avec la Chine.
“Le Chanbara est une passion où j’éprouve la satifaction de progresser et d’évoluer sur la voie des valeurs martiales et morales attachées à ce sport”, souligne Alain Girot. “Cela est important”, ajoute-t-il, “car une trop forte diffusion du Chanbara est à double tranchant, dans la mesure où, comme dans de nombreuses autres activités, elle risquerait de s’opérer au détriment de la qualité”.
Pour plus de renseignements, vous pouvez aller sur le site de l’Association Sportive de l’Etang la Ville ou sur le site de l’Union Sportive de Maisons-Laffitte.
Pierre Suchet pour www.buddhachannel.tv