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Thé en silence à la japonaise

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19.02.2011

Le silence règne dans la salle, tandis que Kachiko Hanano sert à chacun des participants un bol de thé mancha, le meilleur que fournit le camellia sinensis, l’arbre qui produit le thé. Nous sommes en pleine cérémonie japonaise du thé, un événement organisé par l’espace Vinam, dans le Vieux-Montréal, qui se spécialise généralement en dégustations de vins et d’alcool. Ici, chaque objet a sa place, chaque geste compte.

Kachiko Hanano a étudié durant 14 ans la cérémonie du thé auprès de plusieurs maîtres de l'école Urasénké.
Kachiko Hanano a étudié durant 14 ans la cérémonie du thé auprès de plusieurs maîtres de l’école Urasénké.

Originaire de Kanazawa, au Japon, Kachiko Hanano a étudié durant 14 ans la cérémonie du thé auprès de plusieurs maîtres de l’école Urasénké, qui était dirigée par le grand maître Sén Söshitsu, quinzième descendant du fondateur de la cérémonie, Sén Rikyû. Pendant cette formation, elle s’est entraînée à une pratique méditative et à une attention absolue au moment présent et aux participants à la cérémonie. Les trois écoles principales de cérémonie du thé au Japon sont Urasénké et Omotésénké et Mushakôji-sénké.

L’arbuste du thé est en fait un héritage de la Chine. Après l’avoir apporté au Japon, des prêtres zen ont utilisé ses feuilles en médecine et comme stimulant pour la méditation. Plus tard, ce sont les Hollandais qui auraient répandu l’usage du thé en Europe, après avoir rencontré des jonques chinoises dans le port d’Amoy. Le mot «thé» vient d’ailleurs du dialecte chinois T’e.

C’est au XIIIe siècle que la boisson du thé serait entrée au Japon en provenance de la Chine, en même temps que le bouddhisme. Mais c’est seulement trois siècles plus tard, alors que les échanges amicaux entre les deux pays sont compromis, que le moine japonais Eïsai va étudier le bouddhisme en Chine et revient au pays avec un arbuste de thé. Il fonde à ce moment la secte bouddhiste japonaise Rinzai-Shuu.

À partir de là se développe au Japon la coutume de boire du thé au cours de rituels religieux dans les monastères, mais aussi pour les vertus médicinales de la boisson et pour le simple plaisir. Durant les siècles suivants, alors que le Japon connaît plusieurs guerres, la consommation de thé se lie avec la philosophie zen. Shukô développe d’abord la philosophie du Wabi Cha qui lui est associée et dont le nom signifie «raffinement sobre et calme et qui met en valeur la simplicité et le naturalisme».

Plus tard, Jôhô suit les principes de Shukô et rend la cérémonie, et la philosophie qui l’accompagne, plus accessible et plus compréhensible au peuple.

Mais c’est à Sén Rikyû que l’on doit la cérémonie japonaise du thé que l’on connaît aujourd’hui et qui l’incorpore à la vie quotidienne. Il concrétise les principes du Cha Dô, qui signifie le chemin du thé, le Wa, qui veut dire l’harmonie, le Keï, le respect, le Seï, la pureté, le Jaku, la tranquillité d’esprit, et enfin le concept du Ichi Go Ichi É, qui signifie littéralement «un thé, une rencontre».

Chaque rencontre est en effet une occasion unique qui ne se reproduira plus. Il faut en goûter chaque instant, comme on croque dans les pâtisseries japonaises sucrées pour mieux apprécier la douce amertume du thé.

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– Une séance de cérémonie du thé avec Kachiko Hanano se tient aujourd’hui à l’espace Vinam, à Montréal. 514 995-1955.


Caroline Montpetit

Source : www.ledevoir.com

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