17.08.2010
Soucieux de l’impact écologique de son développement, le premier émetteur de gaz à effet de serre dans le monde, vise ses sites les plus vétustes. Une option brutale pour les ouvriers concernés.
D’ici à la fin septembre, pas moins de 2 087 sites de production industrielle jugés vétustes vont devoir fermer. C’est ce qu’a annoncé, dimanche, le ministère chinois de l’Industrie et des technologies de l’information. « Cette mesure n’est pas surprenante, note Ma Jun, directeur de l’Institut des affaires publiques et environnementales. La Chine prend conscience du coût économique, social et environnemental de sa croissance effrénée. »
Alors que les autorités de la province de l’Anhui, proche de Shanghai, ont suspendu, hier, pour un mois, la fourniture d’électricité à plus de 500 usines, l’enjeu majeur pour le pays est de limiter sa dépendance énergétique vis-à-vis de l’étranger, notamment en pétrole, dont plus de 50 % de sa consommation est importée.
« Une main de fer »
En 2006, le gouvernement s’était engagé à augmenter l’efficacité de son industrie en réduisant la consommation d’énergie par unité de produit intérieur brut (PIB) de 20 % en cinq ans par rapport à 2005. En mai, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, avait promis d’agir cet été avec « une main de fer » pour atteindre ce chiffre.
« On ne va pas être très loin des 20 %… grâce à la crise, estime Zhou Xizhou, directeur associé à l’IHS CERA Cambridge Energy Associates, à Pékin. Quand les objectifs ont été fixés, en 2006, personne au monde n’avait prévu la crise de 2008. Pékin doit certes négocier avec les autorités locales et les directeurs d’usine, mais il est plus facile de justifier des fermetures d’usines obsolètes. D’ici à deux mois, tous les sites mentionnés auront fermé. »
En fait, les gens n’ont pas le choix. Les ouvriers ? Pas leur mot à dire. Beaucoup sont déjà touchés car, en réalité, quelques usines ciblées ont fermé depuis un moment. Ainsi, Jin Yupei, 52 ans, était ouvrier depuis trente ans à l’usine de ciment de Yanshan, située près de Pékin et mise hors service en 2008, juste avant les Jeux olympiques. Depuis, il perçoit une indemnité de 800 yuans (91 €).
« Je suis trop vieux pour être envoyé autre part, trop jeune pour être retraité. Je ne peux même pas exercer une autre activité. Alors, on me paie à ne rien faire, lâche-t-il, mi-figue, mi-raisin. Avant, je gagnais 1 200 yuans (137 €). Mes supérieurs traînent à me donner l’augmentation promise depuis des mois. »
Avec toutes ces fermetures, les conséquences sur l’emploi sont bien réelles, mais encore difficiles à évaluer. Néanmoins, les ouvriers comme Jin Yupei ont raison de s’inquiéter, car l’industrie chinoise consomme 75 % de la consommation totale d’électricité du pays et ce chiffre va décroître fortement dans le futur. « La croissance chinoise est encore trop dépendante de l’industrie lourde, analyse Ma Jun. L’économie doit se ‘tertiariser’. Une nécessité tant économique qu’écologique. »
Source: Ouest France