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La communauté bouddhique et ses crises

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A la mort du Bouddha s’est naturellement posée la question de la pureté doctrinale du bouddhisme et de la fidélité à l’enseignement du maître. On posera alors le problème de la succession du Bouddha.

Bouddha et Devadatta

On attribue à Devadatta, le cousin du Bouddha, l’origine du premier schisme qu’a connu le bouddhisme. Le Bouddha ne s’est jamais bien entendu avec ce cousin qui lui vouait une jalousie extrême. Devadatta fit tout pour créer un schisme, mais en vain.

Bouddha et Ananda

Ananda, le disciple préféré du Bouddha tant ses mérites étaient grands et sa conduite remarquable, pensait lui aussi au problème de la continuité de la sangha, mais, à la différence de Devadatta, dans un but désintéressé. Ananda demanda alors au Bouddha de laisser des instructions à la communauté et de désigner un successeur.

Ainsi fut la réponse du Bouddha :
« Qu’attend de moi la communauté, ô Ananda ?
N’ayant jamais voulu la diriger ni la soumettre à mes enseignements, je n’ai point d’instructions à lui laisser.
Je touche à ma fin.
Après ma mort soyez à vous-mêmes votre propre île, votre propre refuge ;
n’ayez point d’autre refuge. »

En bref, le Bouddha ne voulait laisser que la Loi, le dharma – la vérité qui gouverne toute chose et tout être, de l’intérieur. Il resterait alors à chacun à découvrir cette vérité, à faire sienne l’expérience de l’Eveil que le Bouddha lui-même avait faite. Mais cette attitude du Bouddha ne pouvait manquer d’aller à l’encontre de la faiblesse humaine, et allait immanquablement créer une situation propre à multiplier les schismes. C’est pourquoi la communauté, après la mort du Bouddha, s’est quand même attachée à préserver toute la pureté de la loi laissée par le Maître.

Le souci de préserver une continuité doctrinale

De la mort du Bouddha à la date du premier concile qui a abouti à une première scission du bouddhisme en plusieurs écoles (vers 340 avant notre ère), on parle généralement de « bouddhisme primitif » pour qualifier un bouddhisme qui serait le plus authentiquement proche de l’enseignement du Bouddha. Disposant de peu de textes nous permettant de définir ce bouddhisme primitif, nous devons étudier la formation du premier canon bouddhique. A l’origine, les écrits bouddhiques ont été rédigés par des disciples du Bouddha qui avaient recueilli les propos du maître dans ce qui leur semblait d’essentiel.

Ensuite, des maîtres se sont contentés de puiser dans cette source de pensées pour établir leur propre système, ne conservant que ce qu’il leur apparaissait comme indispensable et rejetant des éléments jugés secondaires. C’est ainsi qu’est né le bouddhisme des sectes. Il s’agit d’un bouddhisme aux spéculations métaphysiques arides, qui bien souvent a fini par obscurcir le message originel du Bouddha, qui n’a jamais organisé la totalité de don enseignement de manière systématique.

Ajouté à cela que le Maître dispensait un enseignement purement oral et l’on comprendra alors les difficultés à établir un canon cohérent. Et c’est dans les « dits » et « faits » du Bouddha qu’il faut chercher l’origine du canon bouddhique.

En dépit de la rédaction de sources écrites près de deux siècles après l’apparition du bouddhisme des sectes, il est néanmoins possible de se faire une idée de la doctrine originelle tant certains éléments sont communs à toutes les écoles. Après avoir aperçu ce qu’était la doctrine bouddhique dans sa forme primitive, il faut maintenant voir comment cette doctrine était vécue au sein de la communauté bouddhique primitive, et comment avec le temps, cette doctrine et l’idéal qu’elle offrait à l’homme se sont obscurcis, du moins selon certains, derrière un véritable écran de spéculations arides, ce qui a créé une situation favorable au développement d’une forme nouvelle du bouddhisme, le Mahâyâna ou Grand Véhicule.


Source : le blog Namu Amida Butsu

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