Images de Bouddha
Lorsque le royaume de Anuradhapura devint bouddhiste, au IIIe s. av. J.-C., la capitale se para de constructions destinées à la vie quotidienne et spirituelle des communautés de moines, ainsi que d’édifices reliquaires monumentaux, les dagoba. Il n’existait en revanche aucune image de Bouddha en ce temps-là : le Maître avait bien trop insisté sur l’importance primordiale de son enseignement au détriment de sa personne, pour qu’on songe même à le représenter. Ce n’est que bien plus tard, au IIIe s. de notre ère, et très progressivement que furent créées les premières images de Bouddha offertes à la vénération des fidèles.
LES GÉANTS DE PIERRE
Aux VIIe-IXe s., les sculpteurs taillèrent des images géantes dans des falaises naturelles, qui constituent aujourd’hui un patrimoine d’exception du Sri Lanka. Celle de Avukana a été surnommée ainsi, le « Mangeur de Soleil », car elle fait face au levant. Debout sur une fleur de lotus retournée, un Bouddha de 13 m de haut retient son manteau d’une main et enseigne de l’autre. Non loin de là, celui de Sasseruwa, tout aussi haut, est resté inachevé. Ces sites sont peu éloignés de l’ancienne capitale de Anuradhapura.
Au sud-est, autre grand foyer du Sri Lanka antique, s’élèvent aussi des statues géantes de cette période. À Maligawila, deux colosses taillés dans un calcaire cristallin sont cachés au milieu des arbres immenses d’une forêt majestueuse, enserrée de lianes et qu’habitent des bandes de singes. L’un d’eux, sculpté avec beaucoup de soin malgré sa taille, est un Bouddha de 10 m de haut dans l’attitude, familière à Ceylan, de l’abhaya mudra, sa main gauche ramenant sur l’épaule un pan de la robe. L’autre est un bodhisattva, un saint du bouddhisme du Grand Véhicule ou Mahayana, reconnaissable à l’effigie de Bouddha assis dans son chignon. En dépit de ses dimensions, voilà une statue pleine de grâce qui, des deux mains, esquisse le geste de l’argumentation (vitarka mudra), tandis qu’une fleur de lotus s’épanouit sur une de ses épaules. Sur une falaise du vallon de Dowa est une autre statue géante de près de 8 m, qui jamais ne fut achevée. Enfin, Buduruvegala, le Rocher de Bouddha, est un épaulement granitique esquissant la silhouette d’un éléphant couché. Autour d’un Bouddha debout de 15 mètres, en tous points semblables au colosse inachevé de Dowa, deux groupes de personnages ont été taillés dans la pierre. Tous sont coiffés de tiares et arborent d’innombrables parures selon la convention fixée par le bouddhisme du Mahayana pour camper les bodhisattvas
TRÉSORS CACHES DES TEMPLES
Le grand atelier des peintres du Sri Lanka a donné le meilleur de lui-même en réalisant deux ensembles célèbres que l’Unesco a inscrit au Patrimoine de l’Humanité : les portraits des Demoiselles de Sigiriya et les grands cycles de légendes bouddhiques du temple d’or de Dambulla. Mais le pays abrite encore d’innombrables chefs-d’œuvre de la peinture murale à découvrir.
Au fil des âges, toutes ces œuvres ont partagé la même inspiration, puisant dans la légende dorée du bouddhisme qui, outre le récit de la vie de Bouddha et ceux de ses centaines de vies antérieures, est un fabuleux recueil de fables et de contes. Les artistes ont campé ces histoires avec un grand luxe de détails, formant de véritables bandes dessinées murales. Le chatoiement de leurs couleurs est d’autant plus frappant que, souvent, ces trésors picturaux sont cachés à l’intérieur d’un temple d’apparence modeste ou d’une grotte perdue dans la montagne.
Seules les formes architecturales et l’ampleur des constructions monastiques ont évolué dans le temps. Dans l’enceinte des pansala d’aujourd’hui, on retrouve toujours le même dispositif décliné dans une architecture sobre de bâtiments chaulés et couverts de tuiles roses. La vie monastique s’organise autour des résidences, des salles de prédication et du chapitre (poyage ou « salle des cérémonies du jour de poya ») et de la bibliothèque. Au cœur du monastère s’élèvent les édifices sacrés : un enclos pour l’arbre Bo et un monument reliquaire (dagoba), accompagné d’une chapelle abritant des effigies de Bouddha.
UN CHATOIEMENT DE PEINTURES MURALES
Les petits temples sont nombreux à émailler la campagne autour de Kandy, comme le Vijayasundarama Viharaya, aux portes de la ville, dont le plafond à caissons forme un magnifique parterre de fleurs ornementales ou le sanctuaire de Degaldoruwa, glissé sous un bloc de granit posé en équilibre.
Fondé sur un surplomb que domine une falaise, le temple d’Argent (Ridi Vihara) est orné de peintures d’une grande finesse, auxquelles se mêle la note insolite d’un ensemble de carreaux de Delft du XVIIe s. figurant des contes populaires hollandais et des scènes de la vie du Christ.
À proximité du cordon des plages qui court sur le littoral sud, à quelques kilomètres seulement à l’intérieur des terres, subsistent des joyaux méconnus de la peinture sri lankaise. Fondée dans les années 1840, en pleine période coloniale, le monastère Purvarama de Kataluva, fut orné de peintures autour de 1880. Les récits s’y déroulent comme autant de scènes de théâtre où balcons et portes jouent le rôle de décor et les éventails et lampes à huile celui d’accessoires. Au milieu du XIXe s., le monastère de Telwatta fut orné de portraits de demoiselles, moins célèbres que celles de Sigiriya mais tout aussi gracieuses. Non loin de la belle plage de Tangalle, les temples rupestres de la colline de Mulgirigala sont un « Dambulla méridional ».
Non loin de Colombo, les chapelles de Kelaniya sont peintes de grands tableaux où des personnages, au traitement à la fois réaliste et suave, évoluent dans des paysages d’inspiration chinoise. Célèbres dans tout le pays, les peintures de Kelaniya ont été exécutées entre 1932 et 1946 par le grand artiste Solias Mendis.
PANDUWAS NUWARA est une Polonnaruwa miniature, avec ses douves, son palais et ses monastères. Gardé par une couple de lions, le magnifique porche de la citadelle de YAPAHUWA embrasse la plaine environnante. AVUKANA, « le Mangeur de Soleil », est un Bouddha haut de 13 mètres, taillé à même la roche. D’autres colosses de pierre ont été taillés dans le sud de l’île sur la falaise de BUDURUVEGALA ou dans la forêt de MALIGAWILA. Inspiré des temples du sud de l’Inde, le Gedige de NALANDA est un modèle unique au Sri Lanka. Le monastère Purvarama de KATALUVA et les temples rupestres de la colline de MULGIRIGALA comptent parmi les merveilles de la peinture bouddhique. Dans la péninsule de JAFFNA, les traditions hindoues du sud de l’Inde s’illustrent à travers de nombreux temples, cohabitant avec les églises léguées par les Portugais, puis les Hollandais.
Source : www.srilanka.fr