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Japon – Jizo, Protecteur des Enfants disparus

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JIZO, PROTECTEUR DES ENFANTS DISPARUS [[Traduit de l’Anglais par Hélène LE, pour www.buddhachannel.tv ]]


02/03/2008



Tokyo, Japon – L’une des images récurrentes les plus attachantes du Japon, que l’on trouvera aussi bien sur le sol d’un temple, que sur les routes nationales et dans les cimetières, est celle de Jizo, ce moine sculpté dans la pierre, au visage d’enfant.



JapanJizo-s.jpgOrdonnées… Des rangées de statuettes dressées sur une base en lotus et l’un des nombreux sanctuaires. (Photo: Maria Visconti)



Parfois, il n’a qu’un bâton, mais le plus souvent, il porte un bébé dans ses bras, tandis que deux autres grimpent sur ses robes. Dans les cimetières, Jizo préside habituellement au groupe des poupées mizuko qui portent des chapeaux crochetés sur leurs crânes chauve de pierre.



On trouve également de multiples images du Jizo de pierre en files indiennes comme pour une chorale, sous des bannes de protection, coiffés des omniprésents bonnets ou bavoirs de bébé selon les saisons. Ces vêtements sont toujours immaculés, car changés avec précaution par des volontaires qui les lavent et les repassent périodiquement.



Debout sur un lotus – symbolisant l’être libéré du cycle karmique – exhibant un troisième œil et des oreilles allongées, Jizo pourrait aisément être confondu avec l’image du Seigneur Bouddha lui-même. Mais Jizo appartient à une armée « d’êtres illuminés » appelés Bodhisattvas. Dans la tradition bouddhiste, ils se refusent à prendre place au Nirvana tant qu’ils n’auront pas aidé tous les autres à atteindre le salut.



On lui attribue cette mention : « Je ne deviendrai pas Bouddha avant que les enfers soient vidés ». Bien qu’ils aient gagné le droit de mettre un terme à leur cycle infini de souffrance, ces « saints » (comme on pourrait les appeler) reste derrière, tendant la main aux personnes dans le besoin.



Jizo est l’une des figures les plus aimées et vénérées au Japon, car il s’est imposé la tâche explicite d’aider l’âme des enfants décédés. Dans la tradition japonaise, l’âme des enfants est considérée comme ayant un besoin particulier, puisqu’ils n’ont pas vécu assez longtemps pour accumuler le mérite de traverser le fleuve mythique de Sanzu jusqu’aux cieux, et ont involontairement causé du chagrin à leurs parents (par leur mort prématurée).



Jizo vient en aide à l’âme de ces enfants en les cachant dans les manches de ses robes, les protégeant ainsi des démons prédateurs et les guidant jusqu’au salut, bien à l’abri de l’obligation de déplacer des pierres sur la rive du fleuve, en guise de pénitence.



Chaque pierre sculptée en poupée mizuko et placée aux pieds de Jizo représente un enfant mort avant ses parents – y compris les mort-nés, les fausses couches et les avortés. Les traits enfantins de Jizo sont sensés emprunter ceux des enfants qu’il protège.



La tradition qui consiste à « habiller » les personnages de Jizo trouve ses origines dans un geste cathartique des parents affligés qui prévoient des vêtements, dans un effort symbolique pour protéger leur enfant du froid. Cette tradition est relativement récente, et on pense qu’elle a débuté dans les années 80. Elle est associée par nombre de sociologues à un mouvement ascendant de la courbe des avortements, et aux sentiments corrélatifs de culpabilité et de tristesse éprouvés par les femmes concernées.



Les avortements sont habituellement tenus secrets (ou confinés dans le cercle familial) dans la plupart des cultures, et les rituels de mizuko mettent à disposition un lieu dédié à l’action physique destiné à neutraliser tout sentiment engendré d’inquiétude et d’auto-récrimination.


Les jouets sont parfois aussi placés dans des sanctuaires contenant uniquement les poupées mizuko sculptées, non seulement par les parents endeuillés, mais aussi comme un acte de gratitude venu de ceux dont les enfants se sont rétablis d’une maladie grave.



Quand Jizo ne porte pas d’enfant, on le voit tenant un joyau porte-bonheur dans sa main gauche et un bâton avec six anneaux dans sa main droite appelé shakujo. Le bâton a des antécédents en Chine où les prêtres bouddhistes les entrechoquaient en marchant afin de prévenir les petites créatures (les insectes par exemple) du risque d’être piétinés.



Le tintement du bâton sert aussi à alerter le fidèle de la présence d’un moine mendiant qui a besoin de l’aumône. Durant les cérémonies religieuses, l’abbé d’un temple frappait aussi le sol trois fois à l’aide du bâton pour chasser l’ignorance. Les six anneaux représentent les différents royaumes de l’être : celui des humains, des animaux, l’enfer, celui des fantômes affamés, des dieux et dieux jaloux – un amalgame des cultures variées que le Bouddhisme a connu en s’étendant de l’Inde au Japon.



Le shakujo survit dans d’autres sphères moins compassionelles : des romans chinois d’arts martiaux – dans lesquels les moines guerriers du temple Shaolin utilisent le bâton comme une arme – au personnages populaires du monde du manga et de l’anime où le bâton est utilisé pour jeter des sorts ou faire de la magie.



Des voyageurs font aussi de Jizo leur protecteur qui les aide à affronter les périls du passage. C’est pourquoi les routes nationales calmes du Japon sont jonchées de sanctuaires sur le bord des routes.



Les pompiers, aussi, se placent sous sa protection car ils considèrent que leur métier s’apparente à une bataille contre les flammes de l’enfer, pour sauver et guider les victimes vers la sécurité.



La prochaine fois que vous vous rendrez au Japon, tachez de trouver les sanctuaires de Jizo, placez vous sous sa protection et surtout, ayez une pensée pour toutes les âmes qu’il protège.



Par Maria Visconti (Sydney Morning Herald)



Source : www.BuddhistChannel.tv




STONE SOULS – Japanese Jizo




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