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Le Tourisme vu par Amnesty International

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LE TOURISME ÉTHIQUE, D’ABORD UNE RENCONTRE AVEC L’AUTRE


Fraicheur de l'enfant
Fraicheur de l’enfant


Avant de partir, ne vaut-il pas mieux s’interroger
sur ses attentes personnelles en matière de voyages ?

De plus en plus, les voyageurs rechignent à se laisser enfermer dans des « ghettos à touristes », où ils ont peu d’occasions d’entrer véritablement en contact avec les populations des pays où ils séjournent. Des formules garantissant le caractère « authentique » de leurs vacances se développent donc. Parallèlement, des agences et associations touristiques insistent sur l’aspect « éthique » de leur démarche, basée sur le respect des habitants et de l’environnement des sites visités. Mais, avant de partir, ne vaut-il pas mieux s’interroger sur ses attentes personnelles en matière de voyages ?

TOURISME OU CONSOMMATION NUISIBLE ?

Le tourisme de masse et le développement des transports aériens permettent aux voyageurs occidentaux de se retrouver en quelques heures à des milliers de kilomètres de chez eux. Sur une plage ensoleillée d’Afrique ou d’Asie, devant des paysages à couper le souffle, ou dans un village d’Amérique latine dont la population possède des mœurs « tellement typiques ». Au fait, s’agit-il vraiment de tourisme… ou plutôt d’une forme de consommation qui, de surcroît, serait nuisible aux communautés autochtones ?

L’association caritative britannique « Tearfund » résume bien la situation : « Le tourisme a un double impact. D’un point de vue positif, il peut générer de l’emploi et apporter des fonds susceptibles de contribuer au développement et à l’industrie locale (…) Néanmoins, un des principaux problèmes est que les bénéfices du tourisme ne profitent pas souvent aux populations locales. (…) Ainsi, les emplois créés peuvent se révéler à la fois mal payés et précaires ». [1] Selon l’organisation « Tourism Concern », qui défend outre-Manche l’idée d’un tourisme éthique et équitable [2], les séjours « tout compris » sont fréquemment critiqués par les populations locales. « En Gambie, une étude menée auprès des habitants dépendant de l’industrie touristique a montré que ceux-ci sont opposés à 99 % aux formules « tout compris », car les restaurants, bars, guides et chauffeurs de taxi locaux perdent leur clientèle au profit des grands complexes de séjour contrôlés par des sociétés étrangères », peut-on lire sur son site Internet. Quant aux traditions culturelles des régions touristiques du Sud, elles sont tout simplement « commercialisées », comme le souligne « Tourism Concern »


MOTIVATIONS A ANALYSER

Qu’il s’agisse du respect des populations locales, de l’environnement ou des droits humains dans les pays visités, le voyageur se voulant « responsable » a tout intérêt à définir ses motivations avant de partir à l’autre bout du monde. Anne Amblès, co-animatrice du site Internet indépendant d’information et de débat « tourisme-durable.net » [3] suggère de se poser quelques questions fondamentales : « Qu’est-ce que je cherche dans le voyage ? Voir des lieux reconnus comme touristiques ? (…) M’enrichir sur le plan humain et culturel ? (…) Me sentir riche chez plus pauvres que moi ? (…) Être responsable et respectueux là où je passe mes vacances ? ».

Mais aussi : « Dois-je collectionner les destinations et rester peu de temps dans chaque pays visité afin d’allonger la liste ? À qui profite cette mode ? ».

Bref, il n’existe aucune réponse toute faite. Une seule certitude cependant : la vigilance est de mise, car l’étiquette « éthique » [4] doit correspondre à une réalité de terrain, et ne pas se résumer à un simple argument de vente. « Il ne faut pas hésiter à questionner les voyagistes, qu’ils soient « alternatifs » ou non », insiste Anne Amblès. Ainsi, « pour les villages d’accueil, il est toujours intéressant de savoir combien de groupes sont hébergés dans ces structures chaque année, comment ces structures sont gérées et par qui. Si c’est la communauté (locale) qui les gère, le rôle des femmes est capital ».
« Demandez aux Tour opérateurs s’ils ont signé une charte écrite concernant les bénéfices retirés de l’activité touristique par les populations locales », conseille pour sa part Justin Francis, de l’organisation britannique « Responsible travel », qui propose différentes sortes de vacances « responsables » [5]. « Essayez aussi de savoir s’ils font appel à des travailleurs, des produits et des services disponibles sur place. Enfin, interrogez-les sur les possibilités de formation et les salaires dont bénéficie leur personnel », ajoute-t-il.


DANGEREUX DE PARLER AUX TOURISTES ?

Quant à la question du respect des droits humains, elle doit également être abordée avec nuances. Anne Amblès avance quelques pistes de réflexion sur « l’impact politique » que peut avoir la présence de touristes dans des États faisant peu de cas de ces droits. Elle recommande notamment de se renseigner sur ce que « disent les militants des droits humains » du ou des pays où on envisage de se rendre. « La majorité des Tunisiens demande de ne pas boycotter leur pays, pour qu’ils ne soient pas isolés, et pour éviter un chômage massif », fait-elle observer.

« Les positions divergent, mais en tout cas, la question mérite d’être prise en compte. La Birmanie est un exemple d’appel au boycott ». Il est surtout intéressant de savoir si, dans les pays que l’on compte visiter, « les déplacements des touristes sont limités, et si les habitants doivent craindre de parler à des étrangers ». Enfin, une fois arrivés à destination, les « voyageurs responsables » éviteront de se comporter comme s’ils étaient en pays conquis. « Responsible travel » les invite à utiliser l’eau avec parcimonie (c’est un bien précieux), à demander la permission avant de prendre une photo, à privilégier les hébergements dans des familles ou des structures villageoises, ou encore à ne pas oublier que les notions du temps peuvent, dans le sud, être très différentes du rythme occidental. « Voyager avec le respect de l’autre vous vaudra le respect de celui-ci. Et de cette manière, vous en apprendrez beaucoup plus sur la culture locale et les lieux que vous visitez », conclut Justin Francis.


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