Gustave Moreau considère que la peinture « miroir des beautés physiques réfléchit également les grands élans de l’âme, de l’esprit, du coeur et de l’imagination et répond à ces besoins divins de l’être humain de tous les temps. Un jour viendra où l’on comprendra l’éloquence de cet art muet« .
Ce peintre, graveur et dessinateur français, épris de mystique et de symbolisme, nait à Paris le 6 Avril 1826.
Il étudie dans le sillage de Delacroix et en 1848, il se lie d’amitié avec Chasseriau.Son oeuvre est influencée par celui-ci, admiré pour son « élégance poétique et son goùt de l’arabesque« . Il fait de nombreux voyages en Italie où les artistes de la Renaissance deviennent pour lui source de référence picturalle. Il copie les oeuvres du Titien, s’inspire de Léonard de Vinci et de l’harmonie puissante de Michel-Ange. Il s’enthousiasme pour le Carpaccio, Mantegna, et Le Pérugin. Les canons maniéristes, le style florentin, les motifs exotiques et orientaux feront partie intégrante de son oeuvre.
Il revient en France et conquiert un large public de critiques d’art et d’intellectuels après l’exposition de tableaux tels que « Oedipe et le sphinx »(1864), « Le jeune homme et la mort », « La jeune fille thrace portant la tête d’Orphée »(1865). Il participe aussi à l’Exposition Universelle de 1878. En 1884, sa mère meurt et le choc violent qu’il ressent le plonge entièrement et exclusivement dans la réalisation de son oeuvre.
En 1888, il devient membre de l’Académie des Beaux-Arts, et y est nommé professeur en 1892. Il compte parmi ses élèves Matisse et Rouault. Il est apprécié pour « son rayonnement humain, son sens des dons et de la liberté d’autrui ».
L’oeuvre de Gustave Moreau est unique et originale car il ne cherche pas à recréer la nature. L’observation des modèles vivants l’ennuie. Il s’adresse avant tout à l’esprit. Son ambition est de créer une oeuvre où l’âme peut trouver « toutes les aspirations de rêve, de tendresse, d’amour, d’enthousiasme et d’élévation religieuse vers les sphères supérieures, tout y étant haut, puissant, moral, bienfaisant, tout y étant joie d’imagination, de caprice et d’envolées lointaines aux pays sacrés, inconnus, mystérieux« . Il veut s’abstraire du réel et du vécu car si Gustave Moreau n’est pas pratiquant, il est en revanche profondément religieux.
Si ses oeuvres chrétiennes sont assez austères, les tableaux représentant des scènes mythologiques portent aux fantasmagories. Car, passionné par la Bible et le Coran, fasciné par les mythologies grecques, egyptiennes et orientales, il a réussi à les unir et les mélanger pour en faire une évocation féerique à signification universelle.
Sa vie d’artiste a été dominée par une quête intellectuelle et mystique de la légende et du divin. Il s’est sans cesse heurté à l’impossibilité d’exprimer pleinement ses impressions et ses visions. Même s’il a su en reproduire le côté fantastique à travers un travail de coloriste exceptionnel. Toutes ses couleurs sont travaillées pour obtenir des tons rares, des bleus et des rouges éclatants, des ors roux ou patinés. La pâte est lisse, les glacis cristallins.
Les oeuvres de Gustave Moreau ont séduit et inspiré poêtes, écrivains et esthètes de son époque; Ils y virent « le reflet d’une pensée idéaliste, d’une personnalité exaltée ».
Il meurt le 18 Avril 1898 et lègue à la ville de Paris son atelier situé dans un hôtel particulier dans le 9ème arrondissement.
L’ensemble des oeuvres restées dans l’atelier et faisant elles aussi partie de l’héritage se compose de quelques 850 peinures ou cartons, 350 aquarelles et plus de 13000 dessins et calques. Le musée Moreau a ouvert en 1903.
Bien que reconnu à son époque, on peut déceler chez Gustave Moreau une certaine amertume quant à la compréhension de son art. Ou est-ce son insatisfaction permanente qui lui fit dire:« Quand ce peuple pourra penser et rêver on lui donnera l’art qui fait penser et rêver. A quoi bon cette lutte niaise du poête contre cette inertie et ce sauvage amour de la grossière réalité qui forment le fond de la nature de ce peuple de comptables? ».
BUDDHACHANNEL- Série ART ET SPIRItUALITE
Laetitia Adeline pour www.buddhachannel.tv