17.02.2009
LOUBÈS-BERNAC. Aux confins du Pays de Duras, un centre bouddhiste vietnamien accueille des retraites et enseigne le zen
(Photo Guy brunetaud)
Fondé en 1982 par le vénérable moine Thich Nhat Hanh, le village des pruniers ou « plum village » (en vietnamien) accueille des retraites toute l’année. Laïques ou non, venus du monde entier, ils viennent se ressourcer dans ce lieu de quatre hameaux sis aux confins du Pays de Duras, à la jonction du Lot-et-Garonne, de la Dordogne et de la Gironde. La douceur des paysages vallonnés, le sourire des moniales et moines, la lenteur des gestes maîtrisés transportent le visiteur dans une bulle où la notion du temps semble avoir disparu.
Retraite méditation
Jeudi, 9 heures. Moines, nonnes et retraitants (environ une centaine) se rendent à la salle de méditation. Chaussures quittées à l’entrée du temple, chacun s’installe à sa guise. Le frère Phap Lû attend le silence avant d’entamer son intervention axée sur la méditation de santé. Au coup de gong, on se prosterne, on retient son souffle, puis on inspire et expire. Bonnet sur la tête, moines et moniales dans leur tunique fermée sur le devant pour les novices, sur le côté pour les moines ordonnés, entonnent les chants rituels. Aussitôt, le frère évoque la pluie, symbole de renouveau pour les plantes et la terre.
Il sensibilise l’auditoire au froid qu’il convient d’apprivoiser afin de rester en harmonie avec la nature et de développer la concentration. De temps à autre, le gong retentit. Le moine se tait, tout se fige. Les disciples, comme suspendus en vol, ne bougent plus d’un cil. Une façon pour eux de se recentrer. La conversation reprend. Phap Lû indique que l’on doit être heureux à tout moment et quelque soit son état, grâce à la relaxation et le sourire afin de recouvrer la paix et la confiance en soi.
Le frère évoque ensuite des préceptes permettant de préserver les trois énergies : shen, le cerveau (préserver le système nerveux, chasser l’anxiété, l’inquiétude); qi, : la respiration; jing, l’énergie de renouvellement. Puis, il achève son exposé et chaque retraitant s’incline en joignant les mains. S’incliner c’est reconnaître ce qui est beau en l’autre. La philosophie bouddhiste possède aussi une connotation écologique.
La cérémonie du thé
Onze heures, le son de la cloche retentit. C’est le départ pour une marche méditative de deux heures. Chacun à son rythme. Pratiquer la méditation marchée, c’est un peu flâner, sans avoir de but précis. Au retour, pique-nique collectif. À l’issue du repas végétalien pris en silence, chacun est sollicité pour effectuer rangement, nettoyage et préparation du repas suivant.
15 h 30, la cloche annonce derechef la cérémonie du thé. La salle de méditation se remplit. En plein centre trône un parterre de fleurs illuminé par des bougies. Les retraitants s’assoient en demi-cercle. Chacun s’est servi de fruits secs et d’une tasse de thé. La cérémonie commence par des chants à la gloire des fleurs, des plantes, des arbres et de la terre. Trois sons de cloches annoncent la dégustation, toujours dans le silence.
Le frère Tri’Thang, invite ses hôtes à exprimer leurs sentiments sur leur séjour au village et à échanger leurs expériences. Puis, des disciples enchaînent sketches, chants, poèmes qu’ils ont composés dans la semaine. Après chaque intervention la joie, l’harmonie et le bonheur s’expriment soit en s’inclinant, soit en agitant les mains au-dessus de la tête. Comme un ballet de miniatures orientales. L’heure du dîner survient très vite. Nouvelle méditation et récitation des soutras ponctuent cette fin de journée. Le silence enveloppe alors le village. Les retraitants rejoignent leurs chambres.
Le bouddhisme zen vietnamien : art de vivre, philosophie, façon de se ressourcer ? À chacun de méditer.
Par Guy Brunetaud
Source : www.sudouest.com
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